À peine ses premiers pas dans l’hémicycle entamé, en tant que ministre de la Transition écologique et solidaire, qu'Élisabeth Borne était interpellée dans l’hémicycle via un rappel au règlement du sénateur communiste Pascal Savoldelli. « Vous avez récemment promis le maintien de la ligne de fret Perpignan-Rungis mais au lieu de trouver une solution pérenne pour favoriser le transport de marchandises par le rail, la seule solution qui serait trouvée à ce jour, c’est de faire circuler le train des primeurs à vide. C’est ahurissant. En plus d’être économiquement absurde, cette opération est écologiquement irresponsable ».
En effet, le train de primeurs qui relie Perpignan au marché de Rungis quotidiennement, fait l'objet d'une polémique depuis mai. La SNCF s'est engagée à prolonger cette ligne de wagons frigorifiques jusqu'à la fin de l'année, « échéance au-delà de laquelle les wagons seraient hors d'usage ». Mais les clients, qui transportent essentiellement des primeurs venus d'Espagne et du Maroc, ont préféré anticiper l’obsolescence des wagons et privilégient désormais les transports routiers. « Très clairement, ce train roulera la semaine prochaine et il roulera aussi longtemps qu'il y aura des marchandises à transporter », avait déclaré Élisabeth Borne dans une interview au quotidien Midi Libre, mardi. Conséquence : depuis le début de la semaine, le train roule bien. Mais il roule à vide.
Le sénateur socialiste, Martial Bourquin a profité de la présentation de son amendement visant « à porter la part de fret ferroviaire et fluvial pour le transport terrestre de marchandises à hauteur de 40 % à l’horizon 2050 » pour, lui aussi, interpeller la ministre. « Vous avez le devoir de faire que ce train refonctionne normalement (…) et qu’il n’y ait pas ces 25 000 camions supplémentaires qui viennent gêner les autoroutes et les routes ».
Martial Bourquin interpelle Elisabeth Borne sur le train Perpignan-Rungis
« Je peux vous assurer que je ne me satisfais pas de cette situation » a répondu Élisabeth Borne. « Je regrette d’avoir été mis devant le fait accompli. Parce que peut-être que tout le monde était au courant de l’état des wagons… Mais vous voyez, la ministre des Transports n’avait pas été alertée sur l’état de ces wagons. Je ne me résous pas à ce que les marchandises passent sur la route. Vous nous reprochez de faire rouler un train vide. Qu’est-ce que vous nous auriez dit si ce train s’était arrêté ? En tant que ministre, il n'est pas dans mes prérogatives, ou dans mes pouvoirs, d'amener des marchandises dans ce train », a-t-elle ajouté, rappelant qu'une réunion se tenait ce mercredi à Perpignan sur ce dossier.