Transition écologique : le Sénat pointe les changements de pied du gouvernement

Transition écologique : le Sénat pointe les changements de pied du gouvernement

À l’issue du conseil de défense écologique, Élisabeth Borne a annoncé une série de mesures en vue d’une « politique écologique massive et concrète ». De quoi interpeller les sénateurs qui gardent en mémoire la position du gouvernement lorsqu’il s’agit de voter des mesures en faveur de la transition écologique.
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Avec un conseil de défense écologique, suivi d’un déplacement au Mont-blanc sur le thème du réchauffement climatique et de la biodiversité alpine, Emmanuel Macron semble vouloir reprendre un rôle qu’il apprécie : celui de « maître des horloges ».

Après les retraites, l’écologie

Mardi soir, devant les députés de la majorité, le chef de l’État l’a d’ailleurs assuré : « Je vous le dis. À la fin du quinquennat, après les retraites, c’est le régalien et l’écologie ».

Désireux de clore au plus vite la séquence de la réforme des retraites dont la contestation s’est déplacée de la rue au Parlement, Emmanuel Macron va se donner un peu d’air en se rendant ce soir et demain à Chamonix pour annoncer des mesures de protection du massif du Mont-Blanc et de son écosystème.

Dans une interview donnée au quotidien régional, le Dauphiné Libéré, Emmanuel Macron a confirmé ce qu’il annonçait lors de ses vœux de la Saint Sylvestre : « Déployer un nouveau modèle écologique ».

À l’issue de ce quatrième conseil de défense écologique, Élisabeth Borne a quant à elle annoncé une série de mesures en vue d’une « politique écologique massive et concrète ».

« De la politique spectacle, du marketing écolo » soupire le sénateur LR, Jean-François Husson qui note dans un premier temps que derrière « la promenade du chef de l’État dans les territoires », « la transition écologique se fait à moyens constants ».

Mesures « de résilience »

En ce qui concerne les mesures « de résilience » qui consistent à adapter la société française au réchauffement climatique (inondations et recul du trait de côte), le gouvernement annonce qu’il « relocalisera » les logements menacés par l'érosion maritime, soit entre 5.000 et 50.000 habitations estimées d'ici 2100. Neuf sites, dont Marseille, Dax, Saint-Etienne et Saint-Nazaire, vont être accompagnés par des équipes d'architectes, d'urbanistes, d'ingénieurs pour concevoir des réaménagements.

Enfin, Élisabeth Borne a indiqué vouloir garantir les capacités du fonds Barnier (fond de prévention des risques naturels).

Quand le gouvernement s’opposait au déplafonnement du fonds Barnier

Il y a trois semaines pourtant, le Sénat votait à l’unanimité la proposition de loi sur l’indemnisation des victimes des catastrophes naturelles, de la sénatrice socialiste, Nicole Bonnefoy. Le texte prévoit, entre autres, de supprimer le plafonnement, fixé à 138 millions d’euros, du « fonds Barnier ». Un fonds crédité de 207 millions d’euros grâce à une taxe sur les assurances. La sénatrice avait dénoncé « le dévoiement annuel de l’ordre de 60 millions de l’argent des assurés au profit du budget de l’État ».

Dans l’hémicycle, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances s’était opposée à ce déplafonnement, renvoyant le débat à la prochaine loi de finances. « On s’est fait envoyer bouler par la ministre au sujet du déplafonnement du fonds Barnier. Ce gouvernement travaille en silo. Il n’y a aucun travail de fond, aucune vision, aucune politique interministérielle sur la transition écologique. Aujourd’hui le gouvernement annonce des mesures et dans le même temps une convention citoyenne sur le climat prépare des propositions qui pourraient aboutir à un référendum, c’est pitoyable. On se demande à quoi sert le Parlement » s’agace Jean-François Husson.

Extension des aires protégées à 30 % du territoire

Parmi les autres mesures annoncées par Élisabeth Borne, on retient aussi l'extension des aires protégées à 30 % du territoire. Là encore, un sénateur s’interroge sur l’éventuel changement de pied de l’exécutif. « On s’est battu lors de l’examen du dernier budget pour maintenir le nombre de postes des personnels des parcs nationaux » rappelle Guillaume Gontard, sénateur écologiste de l’Isère, pour qui cette série d’annonces « est un coup de com’ pour parler d’autres choses que des retraites ».

Les agents publics vont montrer l’exemple

Dans la transition écologique, c’est d’abord aux agents de l’État de montrer l’exemple. « Cela va de l'installation de 500 bornes de recharge électrique d'ici fin 2021 à la réduction d'utilisation de l'avion pour les déplacements professionnels, en passant par l'interdiction de l'achat de chaudières au fioul » a détaillé Élisabeth Borne. Dans les 20 mesures « obligatoires » désormais imposées aux agents publics, figurent également la généralisation de parcs de stationnement de vélos et celle du « forfait mobilité » de 200 euros pour les agents se déplaçant à bicyclette ou covoiturage. « Lors de l’examen de la loi LOM, nous avons plaidé pour que le forfait mobilité soit obligatoire. Le gouvernement a refusé et à préférer laisser le libre choix aux entreprises. Je trouve quand même normal que l’État montre l’exemple » pointe Guillaume Gontard.

Selon un sondage Elabe-Veolia pour la Tribune, 85% des Français souhaitent que l’écologie occupe une place importante aux élections municipales. Une enquête qui ne semble pas avoir échappé à l’exécutif.

 

 

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