Approuvé le 16 mai par le gouvernement dans un arrêté, le projet de nouvelle tarification de l’Assurance maladie, qui doit entrer en vigueur le 1er octobre, a entraîné une mobilisation massive des taxis partout en France, depuis le début de la semaine. La hausse des coûts de transports de patients est régulièrement pointée du doigt par Bercy comme une piste d’économies. Les dépenses ont grimpé de 9 % entre 2022 et 2023, pour atteindre en 2024, 6,7 milliards d’euros remboursés par l’Assurance maladie. La moitié concerne les taxis.
La majorité du chiffre d’affaires de nombreux chauffeurs
L’objectif de cette nouvelle tarification est donc de contrôler la croissance des dépenses de transport sanitaire, qui ont atteint un niveau historique de 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (avec un bond de 45 % depuis 2019). Ces trajets vers les hôpitaux ou cabinets médicaux représentent la majorité du chiffre d’affaires de nombreux chauffeurs, surtout dans les petites villes. Selon la Fédération nationale du taxi (FNDT), 85 % des taxis font du transport conventionné de malades. La nouvelle tarification propose un modèle unique sur le territoire pour le transport des malades par les chauffeurs de taxis conventionnés. Au premier octobre, les taxis seront rémunérés sur la base d’un forfait de prise en charge de 13 euros (avec une majoration pour les départs et arrivées dans les grandes agglomérations) et d’une tarification kilométrique alignée sur le tarif fixé dans chaque département.
« Optimisation des coûts »
« La nouvelle tarification sera favorable aux taxis conventionnés dans deux tiers des départements, notamment ruraux », a assuré Marguerite Cazeneuve, n°2 de l’Assurance Maladie, en présentant la réforme la semaine dernière. Dans le tiers restant, la Cnam veut notamment éviter que les taxis fassent du transport à vide, coûteux, via une coordination avec les hôpitaux pour grouper des patients sur des trajets proches. Le secteur du taxi se dit prêt à discuter, notamment du transport partagé et de « l’optimisation des coûts ». Mais il demande le gel du projet actuel. La FNDT estime que la révision des tarifs met « en difficulté financière le secteur et fait peser le poids de la désorganisation de l’administration sur des entreprises qui ne pourront plus assumer leur service auprès des patients ».
De nombreux taxis manifestent aussi contre la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), coordonnés par des plateformes comme Uber ou Bolt.
Les taxis ont obtenu une réunion samedi au ministère des Transports en présence du Premier ministre, après une quatrième journée de mobilisation. François Bayrou « ouvrira » cette réunion. Jeudi, 1 700 taxis se sont mobilisés dans l’Hexagone dont 960 à Paris, selon la préfecture. « On ne va pas faire machine arrière. Il s’agit de faire entre 100 et 150 millions d’économies sur 6,3 milliards. Donc, c’est 2% d’économies qui seront faites sur l’efficacité, pas sur le service aux malades », a prévenu, vendredi, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas