Transports : en commission, les sénateurs font passer le préavis de grève de 48 à 72 heures
Au cours de l’examen de la loi d’orientation sur les mobilités, la commission de l’aménagement du territoire du Sénat a adopté un amendement déposé par des sénateurs LR relevant le délai de préavis dans les entreprises de transport.

Transports : en commission, les sénateurs font passer le préavis de grève de 48 à 72 heures

Au cours de l’examen de la loi d’orientation sur les mobilités, la commission de l’aménagement du territoire du Sénat a adopté un amendement déposé par des sénateurs LR relevant le délai de préavis dans les entreprises de transport.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Gouvernance, programmation financière, développement des alternatives à la voiture : la loi sur les mobilités (LOM), adoptée en commission de l’aménagement du territoire au Sénat, aborde de nombreux aspects dans le domaine des transports. Le 6 mars, les sénateurs ont adopté 240 amendements pour redonner, selon eux, toute l’ambition nécessaire au texte (relire notre article).

Parmi les nouveaux articles, on en relève un qui concerne les conflits sociaux. Trois amendements identiques, déposés et soutenus par des sénateurs et sénatrices LR (Roger Karoutchi, Sophie Primas ou encore Philippe Pemezec), modifiant les conditions d’entrée en grève, ont été adoptés.

Depuis la loi « sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs », adoptée en 2007, certains agents de compagnies de transports de service public (comme la SNCF ou la RATP) ont l’obligation de se déclarer grévistes au minimum 48 heures avant l’épisode. L’amendement défendu par les parlementaires de droite propose d’aller plus loin, en portant le délai à 72 heures.

« Ce délai de 48 heures est trop court pour permettre une organisation optimum du service en cas de perturbation », ont expliqué les sénateurs. Un nouveau délai de 72 heures permettra, selon eux, de « mieux organiser le service en cas de grève ».

« Qu’il y ait une journée de plus, il n’y aura aucune incidence », affirme un syndicaliste

Mais l’initiative peut-elle porter ses fruits et améliorer le sort des usagers en cas de conflit social ? Interrogé par Public Sénat, un responsable syndical se montre critique sur l’efficacité de cet amendement, qui devra être validé dans l'hémicycle à partir du 19 mars, puis être repris par l’Assemblée nationale, pour être inscrit dans le Code des transports. « C’est un faux problème, c’est de l’habillage », réagit Bruno Poncet, secrétaire fédéral à Sud-Rail. « C’est déjà très réglementé. Les gens se rendront très vite compte qu’en fait cela n’améliorera pas les choses. »

« Qu’il y ait une journée de plus, il n’y aura aucune incidence », affirme-t-il. « L’entreprise a des plans de service de circulation. Avant même que les gens se déclarent grévistes, et même avant 48 heures, le plan est déjà sorti », explique-t-il. Ces différents plans, d’intensités différentes (S0, S1, etc.) prévoient différents scénarios de dessertes et de trains affectés. Bruno Poncet est catégorique. « Si la SNCF se rend compte qu’il y a moins de grévistes, elle ne va pas mettre plus de trains. »

Le syndicaliste ajoute que la loi est souvent mal comprise. « Vous devez l’information aux usagers, pas forcément réquisitionner les cheminots. » En clair, si la SNCF annonce que 12 trains vont rouler, « elle doit le garantir, elle doit les faire rouler », précise-t-il.

Potentiellement explosif – en apparence – l’amendement n’a en tout cas pas l’air d’inquiéter le représentant de Sud-Rail (troisième syndicat représentatif à la SNCF). « On s’inquiète déjà de ce que vont devenir la SNCF et le service public », répond-il, neuf mois après la promulgation du « nouveau pacte ferroviaire ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Transports : en commission, les sénateurs font passer le préavis de grève de 48 à 72 heures
3min

Politique

Héritage des Jeux : « En 6 ans, on a pu faire ce qu’on aurait dû faire en 30, 35 ans » affirme le sénateur de Seine-Saint-Denis Adel Ziane

Une croisière sur le canal Saint-Denis, des visites des sites olympiques de Paris 2024… Et si les Jeux avaient transformé l’image de la Seine-Saint-Denis au point de rendre ce département plus touristique ? Un an après les JOP, quel est le résultat ? La Seine-Saint Denis a-t-elle changé de visage ? Oui, déclare le sénateur du département Adel Ziane, dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Transports : en commission, les sénateurs font passer le préavis de grève de 48 à 72 heures
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Transports : en commission, les sénateurs font passer le préavis de grève de 48 à 72 heures
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le