La Verriere: Gabriel Attal Visits An Elementary School Construction Site

Travaux d’intérêt éducatif, responsabilisation des parents : les réponses d’Attal aux émeutes

Création de “travaux d’intérêt éducatif”, “responsabilisation des parents” : Lors de sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal a martelé la nécessité d’un “réarmement civique” de la jeunesse française, en réponse aux émeutes qui ont traversé la France l’été dernier. Ces annonces semblent dessiner les contours de mesures législatives sur la justice des mineurs. Des annonces saluées à droite et critiquées à gauche au Sénat.
Lucille Gadler

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Le 27 juin 2023, Nahel, un adolescent de 17 ans, été tué par un policier, provoquant l’embrasement de la jeunesse française. “24 000 feux sur la voie publique, 12 000 véhicules incendiés, 2 500 bâtiments incendiés ou dégradés dont 168 écoles et 105 mairies : la France a connu, du 27 juin au 4 juillet 2023, des violences et des dégradations d’une ampleur jusqu’ici inégalée” avait relevé la mission d’information sur les émeutes, lancée au Sénat en juillet dernier. En écho à ces événements, Gabriel Attal a annoncé plusieurs mesures ayant la poursuite d’un seul et même objectif : celui du “réarmement civique de la jeunesse”. Quelles sont-elles ?

 

Création de “travaux d’intérêt éducatif” pour les mineurs de moins de 16 ans

 

“Réussir le réarmement civique, c’est au cœur des priorités de mon gouvernement” a lancé d’office Gabriel Attal.  “Nous devons faire respecter l’autorité partout. Ce respect s’apprend à l’école, mais aussi dans les familles. Parmi les émeutiers, il y en avait de très jeunes, pour qui la violence semble un moyen de tromper l’ennui”. Pour le premier ministre, c’est la prise de sanction tardive qui est au cœur du problème : “Je ne me résoudrais pas à ce que l’on préfère attendre plutôt que de donner une lourde peine alors que souvent, c’est très tôt qu’il faut agir”. Pour se faire, le gouvernement souhaite créer des peines de “travaux d’intérêt éducatif”, l’équivalent des “travaux d’intérêt général”, dont la sanction sera prononcée “plus facilement” : “Tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies. Tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter !”  a résumé le premier ministre.

“Globalement j’y suis favorable” commente Isabelle Florennes, sénatrice centriste des Hauts-de-Seine et membre de la mission d’information sur les émeutes survenues l’été dernier, lancée par la commission des lois. ”J’ai travaillé sur la modification de la loi sur ce sujet, et ces annonces vont dans le bon sens. La réponse doit être rapide et la prise en charge des jeunes délinquants, directe.”

A contrario, Rémi Cardon, sénateur socialiste de la Somme s’interroge “qu’est-ce qu’il y a d’éducatif dans ces propos ? On n’est pas dans un projet éducatif, on est sur un projet répressif, voire militaire ! Je suis choqué, comment peut-on être aussi jeune et tenir des propos pareils ?  Gabriel Attal est certes jeune, mais il pense comme un vieux ! “. “Je le vois à plus petite échelle, y a des choses qui se font déjà avec des médiateurs, des structures socio-éducatives, qui arrivent à capter des jeunes avec une approche progressive, sans passer nécessairement par la sanction. Il me semblait qu’on était en 2023, pas dans les années 60.” continue le jeune sénateur socialiste.

 

Responsabiliser “davantage les parents” des jeunes auteurs de violences et de dégradations

 

“Nous responsabiliserons aussi davantage les parents” a poursuivi Gabriel Attal. C’est dans le cadre d’un futur projet de loi pour la justice des mineurs que le premier ministre a annoncé que le gouvernement soutiendra “la mise en place de travaux d’intérêt général pour les parents de jeunes délinquants qui se sont totalement et volontairement soustraits à leurs obligations et responsabilités parentales”. Néanmoins, pour le premier ministre “hors de question d’accabler certaines familles”. “Lorsque l’on est une mère seule, avec plusieurs enfants, dans un quartier, nous pouvons être totalement dépassés et nous ne sommes pas toujours responsable de la dérive de ses enfants. Nous devons les aider.” Pour se faire, il sera désormais proposé aux parents de placer leur enfant en internat, dont l’accès sera facilité, y compris financièrement. “ Nous lui offriront, un cadre, un enseignement, une chance.”

“On le sait bien qu’il y a un problème dans les familles, il faut donc trouver des peines alternatives. Et il faut une responsabilisation des familles, c’est indispensable. Ces travaux d’intérêt général imposés aux familles peuvent être une solution.” acquiesce la sénatrice centriste Isabelle Florennes. “J’attends de voir comment ces peines seront articulées sur le terrain, notamment avec les collectivités territoriales. Mais je ne doute pas de la volonté politique du premier ministre de mettre ces actions en place “

 

Réarmement civique : “On veut mettre les jeunes au pas, ils sont à deux doigts de ressortir les slogans de 68 “ soit jeune et tais-toi !””

“Nous allons doubler la présence policière d’ici à 2030 dans les rues” a également annoncé Gabriel Attal. “Nous allons mener des actions coordonnées de tous les services de l’Etat, force de l’ordre, éducation et service sociaux dans certains quartiers : c’est le sens des forces d’action républicaine”. Cette “action républicaine” qui sera déployée dès la fin du mois de février dans 3 premiers territoires (Maubeuge, Valence et Besançon) a également annoncé le chef du gouvernement.

Autre mesure présentée, celle de la généralisation du service national universel à la rentrée 2026 : “Notre réarmement civique c’est renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse. C’est permettre à tous les jeunes de France de faire nation. C’est le rôle même du service national universel.”

“Ces mesures sont ciblées sur les moins de 16 ans, le gouvernement ne doit pas oublier de se mettre en conformité avec la Cour Européenne des Droits de l’Hommes“ commente le sénateur Rémi Cardon, “je vais bien évidemment rester vigilant. Je crains le pire. Rien qu’en observant le champ lexical qui tourne autour du répressif, on voit le virage à droite du gouvernement. J’entends beaucoup de choses répressives : on veut mettre les jeunes au pas, ils sont à deux doigts de ressortir les slogans de 68 “ soit jeune et tais-toi ! ‘’ s’offusque pour conclure le jeune sénateur de la Somme.

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