L’affaire de la tribune contre « le délitement » de la France signée par d’anciens militaires, dont une vingtaine de généraux, dans Valeurs actuelles le 21 avril continue d’enflammer le débat politique. Nicolas Bay, député européen du Rassemblement national, s’en est pris dans la matinale de Public Sénat au chef d’État-major des armées François Lecointre. Ce dernier a évoqué dans Le Parisien la mise à la retraite d’office pour les généraux en deuxième section signataires. « Lui-même s’affranchit dans la même interview de son devoir de réserve – il le fait sans doute sur instruction de l’Elysée. Il critique ouvertement, je cite, les femmes et les hommes politiques qui aujourd’hui instrumentalisent l’armée. Il fait de la politique, M. Lecointre ? »
Le militaire avait déploré la tournure prise par la politisation de l’affaire. « Cela me navre, c’est beaucoup de bruit pour rien. Les femmes et hommes politiques, qui prennent le risque d’instrumentaliser les armées pour en faire un objet de polémique, ne rendent pas service à la République. » « Le général Lecointre ferait mieux d’écouter les militaires, d’écouter les militaires de terrain qui s’inquiètent légitimement de la situation du pays », a ajouté le parlementaire du Rassemblement national.
Nicolas Bay dénonce une « malhonnêteté intellectuelle » du Premier ministre
Le rappel à l’ordre au gouvernement ne passe pas non plus au Rassemblement national. « C’est totalement mensonger, Jean Castex dit n’importe quoi », s’est insurgé le député européen Nicolas Bay (RN), ce 29 avril dans la matinale de Public Sénat. « Il y a une malhonnêteté intellectuelle de la part du Premier ministre et un manque de lucidité totale », a-t-il enchaîné.
Le soutien exprimé par la présidente du Rassemblement nationale Marine Le Pen, qui a invité les signataires de ce texte à la rejoindre, a été fermement condamné au gouvernement. « Ce pourrait donc être une affaire insignifiante s’il n’y avait pas une récupération politique, je le dis, tout à fait inacceptable », a réagi mercredi le Premier ministre, à l’issue du Conseil des ministres. Et d’ajouter : « Comment des gens - et Mme Le Pen en particulier - qui aspirent à exercer les responsabilités de l’État, peuvent-ils cautionner une initiative qui n’exclut pas de se retourner contre l’État républicain ? »
Selon Nicolas Bay, les militaires de la tribune, qui « ont conscience de ce que peut être le chaos dans un pays », « disent simplement que l’armée risque d’être appelée par les pouvoirs publics – c’est de ça dont il s’agit – si jamais on a une situation de désordre total. »
Le groupe d’anciens officiers s’était alarmé du « risque de guerre civile » dans le pays, dénonçant notamment « l’islamisme et les hordes de banlieue » ou encore les violences contre les Gilets Jaunes. « Si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national », avaient-ils prévenu. Avant d’ajouter : « Sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation ». Hasard ou pas du calendrier, le texte avait été publié soixante ans, jour pour jour, après la tentative de putsch des généraux qui protestaient contre la politique de de Gaulle en Algérie.