La tribune de généraux à la retraite dénonçant « le délitement qui frappe notre patrie » continue de faire réagir. A gauche du moins. Suite à la publication de cette tribune dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles, le groupe écologiste du Sénat a décidé de faire un signalement au Procureur de la République de Paris, Rémi Heitz, pour porter à sa connaissance « l’existence de faits constituant une infraction », au nom de l’article 40 du code procédure pénale (voir la lettre ci-dessous pour le détail des infractions).
Dans leur lettre, les douze sénateurs du groupe présidé par Guillaume Gontard dénoncent une tribune « qui appelle, à demi-mot, à une prise de pouvoir des militaires en France. C’est un appel à l’insurrection militaire que nous prenons comme une menace grave pour notre République ».
« Menaces contre la forme républicaine de l’Etat »
« Ce texte utilise le vocabulaire de l’extrême droite et profère ouvertement des menaces contre la forme républicaine de l’Etat », souligne les signataires, alors que Marine Le Pen a soutenu la tribune des généraux. Tribune qui « témoigne d’une dangereuse politisation d’une partie de nos armées », selon les sénateurs écologistes. Les sénateurs ajoutent : « Nous considérons que cette déclaration est d’une extrême gravité et ne peut rester impunie. C’est la première fois depuis le putsch des généraux d’Alger en 1961, que des généraux appellent à un soulèvement de cet ordre ».
Le groupe Ecologie, solidarité et territoires s’étonne de « l’absence de réaction officielle du président de la République, du premier ministre ou du garde des Sceaux », qu’il juge « incompréhensible, surtout quand certains autres ministres tentent de minimiser les faits, pourtant délictueux ». La ministre des Armées, Florence Parly, a réagi en dénonçant le texte et rappelant que des « sanctions sont prévues » pour les militaires qui enfreignent leur droit de réserve.
« Compte tenu de la gravité des faits et de l’absence de réponse juridique de l’exécutif, nous nous sentons obligés de saisir la justice », concluent Guillaume Gontard et ses collègues du groupe, dont une bonne partie sont membres d’EELV.
Interrogé ce mercredi après le Conseil des ministres, le premier ministre Jean Castex a finalement réagi. Il a condamné « avec la plus grande fermeté » la tribune, qui est « contraire à tous nos principes républicains », ainsi que sa « récupération politique tout à fait inacceptable » de la part de Marine Le Pen.