La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Troupes russes à la frontière avec l’Ukraine : « Je suis comme Saint Thomas… il faut que les inflexions soient vérifiées », répond Le Drian
Par Romain David
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À quel jeu se livre Vladimir Poutine ? Après plusieurs mois d’une escalade ininterrompue des tensions entre la Russie et les Occidentaux autour du déploiement de forces armées à la frontière ukrainienne, voilà que Moscou annonce mardi 15 février un retrait de troupes. Auditionné ce mercredi par la Commission sénatoriale des Affaires étrangers, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, n’a pas dissimulé sa perplexité. D’autant que les discussions diplomatiques entre la Russie d’un côté, les Européens et les Américains de l’autre, piétinent toujours. « Il y a des inflexions annoncées, mais moi je suis un peu comme Saint Thomas… il faut que les inflexions soient vérifiées. On prend ça pour un signe, mais je ne suis pas de ceux qui pensent que la paix est arrivée par ces inflexions », a déclaré le chef de la diplomatie française.
Mise en scène ou véritable désescalade ?
« Lundi, dans une forme de mise en scène, le président Poutine reçoit mon collègue Lavrov [Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, ndlr], et à la sortie, il fait savoir qu’il y a encore de la place pour la diplomatie. Quelques heures après, le ministre de la Défense fait un signe en disant que les manœuvres vont s’arrêter. Mardi, on nous annonce un premier retrait d’éléments militaires. Aujourd’hui, on nous annonce la même chose en Crimée », énumère Jean-Yves Le Drian. « C’est mieux que rien », note-t-il, mais quel crédit accorder à ces annonces successives et soudaines ? « S’agit-il d’une rotation ou d’un retrait ? Ayant été moi-même ministre de la Défense, je connais la différence entre une rotation et un retrait… À vérifier », résume ce responsable gouvernemental.
Deux visions opposées de la sécurité en Europe
Pour l’heure, les discussions entamées avec le Kremlin tournent autour de trois sujets : une désescalade militaire sur la frontière ukrainienne, le règlement du conflit dans le Donbass, cette région de l’est du pays ou Kiev fait face à des séparatistes pro-russes, et surtout « la mise en place d’un nouvel ordre de garantie de stabilité en Europe », énumère le locataire du Quai d’Orsay. « La manière dont la Russie voit la sécurité [du continent], est une manière de revenir à la logique de blocs, avant l’accord de 1997 entre l’OTAN et l’UE », observe encore Jean-Yves Le Drian. Une situation qui n’est pas acceptable pour les Européens.
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« Je le redis : nous constatons que toutes les conditions sont réunies pour une opération d’intervention massive des forces russes sur l’Ukraine », indique encore le ministre. « Est-ce que le président Poutine a décidé de la faire ? Non, Pas à cet instant », ajoute-t-il. À ses yeux, la Russie est dans un moment de redéfinition du rôle qu’elle entend se donner à l’international. « La responsabilité du président Poutine est de savoir s’il veut que la Russie soit une puissance de déséquilibre, sur la longue durée, ou s’il veut qu’elle soit acteur d’un ordre de sécurité et de stabilité en Europe. C’est ça son choix, en ce moment. »
« Le paquet des sanctions est significatif »
Dans l’hypothèse d’une action contre l’Ukraine, l’Union européenne et les États-Unis pourraient adopter une série de sanctions inédites contre le géant russe. « Le paquet des sanctions est significatif. Nous sommes prêts, c’est à la fois technique, financier et économique. Ce sont des sanctions d‘une autre ampleur que celles qui ont pu être mises en œuvre dans le passé », glisse Jean-Yves Le Drian, en réponse à une question du sénateur centriste Jacques Le Nay, sans toutefois entrer plus en avant dans leur contenu. L’avertissement est donc lancé : « Toute atteinte nouvelle à la souveraineté et à l’intégrité de l’Ukraine entraînerait des conséquences massives pour la Russie. »