Sénateur du Nord depuis 2011, le communiste Eric Bocquet annonce démissionner de son mandat. Une décision « mûrement réfléchie », assure l’élu. « Le Sénat est une belle maison », salue Eric Bocquet, qui revient sur ses travaux contre la fraude et l’évasion fiscale.
Trump – Mueller : le bras de fer sans fin ?
Par Marie Oestreich
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Cela fait maintenant deux ans que Washington est le théâtre d’un jeu d’échecs grandeur nature, qui oppose la Justice américaine et le président Donald Trump sur la question de la collusion entre le Kremlin et l’équipe du président actuel lors des élections de 2016.
Robert Mueller, un procureur spécial « républicain, mais patriote »
Celui qui a la lourde tâche de déterminer si oui ou non il y a eu collusion entre des responsables russes et l’équipe de campagne du milliardaire, c’est Robert Mueller. Cet ancien directeur du FBI de 74 ans. Nommé en mai 2017 pour rechercher « tout lien et/ou coordination entre le gouvernement russe et des individus associés à la campagne de Donald Trump » en tant que procureur spécial, l’homme a la réputation d’être silencieux, mais méthodique et efficace. Avec une seule intervention publique depuis le jour de sa nomination, il ne cesse de nous montrer qu’il ne perd pas de temps. Aujourd’hui, d’après Jacques Charmelot, coréalisateur du documentaire « La bataille de Washington, Trump face à la justice », on ne sait même pas « si le fils de Trump sera inquiété » car « Mueller est extrêmement discret », on le saura seulement « le jour où il sera mis en examen ». Républicain mais « patriote » pour Anne Deysine, juriste spécialiste des questions américaines, cela ne l’empêche pas de s’opposer au président. Toujours impassible, pas même un tweet contre les nombreuses accusations de Donald Trump à propos de la « chasse aux sorcières » qu’il mènerait contre son clan. Si l’enquête fait peur à Trump, c’est sûrement parce qu’elle ressemble à « une enquête contre un chef mafieux » comme le décrit le coréalisateur du film. Sa stratégie, pour Anne Deysine, c’est de s’intéresser aux liens « d’affaires » entre Trump et Poutine avant les élections, afin d’inculper « via des délits financiers » les membres de son équipe. Pour la juriste, « Il essaie de coincer un certain nombre de protagonistes sur des délits financiers, de la fraude fiscale, ou du blanchiment d’argent », pour créer un effet d’escalier, et les amener à plaider coupable. Une fois mis en tort, il est beaucoup plus aisé de faire pression sur ces individus pour qu’ils collaborent avec la justice à propos de l’affaire russe.
« Une enquête qui ressemble à une enquête contre un chef mafieux. »
Que s’est-il passé dans la Trump Tower ?
Ce que Robert Mueller cherche à prouver, c’est que Donald Trump était au courant de l’ingérence Russe dans les élections de 2018. Moment qui focalise toutes les attentions et clef de voûte de cette affaire : une réunion dans les bureaux de la Trump Tower le 9 juin 2016 à 16 heures. Une rencontre entre le clan Trump, avec à sa tête le fils de Donald Trump, et de hauts fonctionnaires russes, accompagnés de leur avocate. La question qui demeure : Donald trump était-il au courant de cette entrevue ? La lumière mérite d’être faite, car si le fils Trump a mis au courant son père de « sa rencontre avec des Russes qui avaient des choses intéressantes sur Hillary Clinton, ipso facto, Trump père est complice d’une réunion considérée comme criminelle par la loi fédérale. ». Il s’agit aujourd’hui de savoir si le milliardaire et futur président était au courant de cette entrevue. L’objectif : savoir si oui ou non, comme s’interroge Jacques Charmelot, « Trump Junior a appelé son papa avant de rencontrer les Russes. ».
Au-delà de l’enquête judiciaire, les services de renseignement américains s'intéressent aussi à cette affaire, pour des raisons peut-être encore plus inquiétantes. Le mois dernier, le New York Times révélait l’ouverture d’un dossier en 2017 par le FBI, pour déterminer si le président américain était un « agent russe » qui travaillerait pour le compte de Moscou. Cela paraît fou, mais pour Jacques Charmelot, « le feuilleton va se poursuivre ». On n’est donc pas au bout de nos surprises. Mais si l’issue de cette affaire reste incertaine, quelles perspectives peut-on envisager en vue des élections de 2020 ?
Destitution : fantasme ou réelle possibilité ?
La question qui résonne dans tous les esprits est de savoir si Donald Trump pourra se présenter aux élections de 2020. Pour Laurence Nardon, responsable du programme Amérique du Nord de l’Ifri, c’est « l’attitude des Républicains, et de l’establishment » qui sera décisive. « Les Républicains vont-ils lâcher Trump ? », c’est la question déterminante. Trump peut-il être destitué ? C’est très certainement le rapport que délivrera Robert Mueller à l’issue de l’enquête qui déterminera si une procédure d’impeachment sera ouverte.
Pour la chercheuse à l’IFRI, si ce rapport est suffisamment « terrible », alors on basculerait d’une « procédure juridique à une procédure politique », qui permettrait à la chambre des représentants, à majorité démocrate depuis novembre, de mettre en accusation Donald Trump.
On pourrait basculer « d'une procédure juridique à une procédure politique d'impeachment »
Mais la procédure ne s’arrête pas là, et le dossier doit ensuite passer entre les mains du Sénat. Une destitution peu probable, car le Sénat doit la voter aux 2/3, or les opposants de Trump n’y sont pas majoritaires. Par contre, on peut aussi imaginer le scénario d’un retournement de certains Républicains contre Trump. Le « gros tiers conservateur » du parti républicain « qui n’aime pas Trump » parce qu’il est « trop vulgaire et trop brutal » et qui pourtant continue de le soutenir, tiendra-t-il éternellement ? C’est la question que se pose Laurence Nardon. Voilà donc le tableau : une destitution qui n’est pas à l’ordre du jour, une enquête qui a au final « à peine commencé » pour Jacques Charmelot et la publication du rapport de Mueller qui reste lointaine et incertaine. Dans ce contexte, jusqu’à quand l’enquête va-t-elle se prolonger ? Au-delà de 2020 ? Pas impossible pour le réalisateur, sauf si les Républicains renoncent à une candidature Trump et trouvent un autre candidat. Une affaire à suivre.
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