L'opposition de droite est "dans la pure instrumentalisation politique" de la tuerie à la préfecture de police lorsqu'elle demande une commission d'enquête à l'Assemblée nationale, a critiqué lundi Gilles Le Gendre, le patron des députés LREM.
"Je n'ai pas à être d'accord ou pas d'accord" avec Christian Jacob, président du groupe LR à l'Assemblée, qui demande la mise en place d'une telle commission, puisque "c'est un droit" et "je le respecte", a déclaré M. Le Gendre sur LCI.
Mais "je dis juste que ça ne servira pas à grand chose pour une raison très simple que Christian Jacob sait comme moi: maintenant l'ensemble des faits qui se sont produits jeudi sont couverts par l'enquête judiciaire et le parlement n'a pas le droit d'y intervenir", a-t-il souligné.
"Nous sommes dans la pure instrumentalisation politique, (...) ça n'est pas ça qu'attendent les Français".
Il a également accusé le député Guillaume Larrivé, qui a réclamé la démission du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, d'instrumentaliser l'attaque survenue jeudi, en notant que M. Larrivé est "un des candidats à la présidence de LR".
M. Le Gendre a en outre défendu le ministre sous le feu des critiques, en remarquant que dans de telles fonctions il sera sous pression "jour et nuit de la première heure à la dernière heure de son mandat donc il n'y a rien de nouveau sous le soleil".
"Je crois qu'il fait bien son travail", a abondé le ministre des Relations avec le Parlement Marc Fesneau sur Francinfo, estimant qu'on "vit quand même dans un monde curieux où la pression collective est de parler immédiatement".
"Quand on parle immédiatement, on vous dit : +mais oui, mais vous avez dit des choses+, mais factuellement c'était ce que savait Christophe Castaner, et quand vous parlez avec un peu de délai, en disant : +j'attends des analyses+, immédiatement la suspicion s'organise en disant: +vous essayez de cacher des choses+", a-t-il argumenté, en faisant référence à l'incendie de l'usine chimique Lubrizol à Rouen.
Christophe Castaner a admis des "failles" dans le suivi de l'assaillant, qui a poignardé à mort jeudi quatre fonctionnaires avant d'être abattu, et avait montré des signes de "radicalisation" en 2015. Cette tuerie est révélatrice d'un "dysfonctionnement d'État" mais pas d'un "scandale d'État" comme l'affirme l'opposition, a-t-il estimé lundi matin.
Christian Jacob a indiqué samedi qu'il demanderait "mardi en conférence des présidents la mise en place d'une commission d'enquête sur l'affaire de la préfecture de police", précisant que son groupe était prêt à utiliser son "droit de tirage" annuel qui lui permet d'inscrire une demande de commission d'enquête à l'ordre du jour de l'Assemblée.