Tunnel Lyon-Turin : « Le calendrier de 2030 est tendu, mais on essaie de le tenir »
La commission de l’aménagement du territoire du Sénat a auditionné Hubert du Mesnil, président de la société Tunnel euralpin Lyon-Turin, pour faire le point sur ce projet européen qui a près de 30 ans.

Tunnel Lyon-Turin : « Le calendrier de 2030 est tendu, mais on essaie de le tenir »

La commission de l’aménagement du territoire du Sénat a auditionné Hubert du Mesnil, président de la société Tunnel euralpin Lyon-Turin, pour faire le point sur ce projet européen qui a près de 30 ans.
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C’est un projet qui date de 1994. Il est censé voir le jour en 2030, mais les retards semblent difficiles à éviter. La commission du développement durable et de l’aménagement du territoire du Sénat a auditionné ce mercredi Hubert du Mesnil, président de la société Tunnel euralpin Lyon-Turin (TELT), sur l’état d’avancée du projet Lyon-Turin.

Financé à 40 % par l’Europe, 35 % par l’Italie et 25 % par la France, « c’est l’un des mégas projets européens d’infrastructure de transport », souligne Jean-François Longeot, sénateur du groupe centriste et président de la commission. Sur les 57 kilomètres de longueur du tunnel, une dizaine de kilomètres du tunnel de base ont déjà été creusés.

De quoi permettre de supplanter à terme la ligne historique du tunnel ferroviaire du Fréjus, qui date de 1871 et qui n’est que « monotube ». Sur cette ligne de montage, les trains ne dépassent pas les 30 ou 40 km/h. Le futur tunnel permettra lui aux trains voyageurs de rouler à 220 km/h et à 120 km/h pour le fret. L'idée est de mettre les camions sur les trains et de réduire ainsi la pollution. L’objectif de report modal est d’atteindre 50 % de train, contre seulement 8 % du trafic qui passe sur le train aujourd’hui contre plus de 90 % sur la route. Quant au temps de trajet, le Paris-Lyon-Turin gagnera deux heures.

Mise en service en 2032 ?

Mais beaucoup de questions se posent sur le calendrier et le coût. La ministre des Transports italienne a affirmé que la mise en service en 2032 semble « plus raisonnable », souligne Jean-François Longeot. Quant à la Cour des comptes européenne, elle a estimé en juin que le chantier avait un important retard, « qu’elle chiffre à une quinzaine d’années »… Quant au coût, qui est de 8,3 milliards d’euros, la Cour des comptes a pointé un « important dérapage, avec une augmentation qui atteindrait 85 % », note le sénateur du Doubs.

Malgré ces alertes, Hubert du Mesnil s’en tient pour le moment à ce qui est prévu. « L’objectif fixé par l’Europe, l’Italie et la France, c’est 2030. Il a été dit qu’on n’y arriverait pas. Moi je ne sais pas si on arrivera ou pas. On essaie de tenir ce calendrier. Le calendrier est tendu. On est en train de prendre un peu de retard, car la crise sanitaire crée des difficultés, mais elle ne bloque pas le chantier » répond Hubert du Mesnil. « La ministre italienne a dit qu’il se pourrait qu’on dépasse 2032. Pour le moment, nous restons sur 2030. […] Notre devoir, c’est de faire tout ce qu’on peut » pour tenir l’objectif, ajoute-t-il. Lors de la négociation, l’année prochaine, du nouveau contrat de financement sur les années qui viennent, « on rediscutera alors le calendrier. Faut-il garder 2030 ou décaler de deux années ? Je laisse les responsables de l’Europe, de l’Italie et de la France décider ».

« On fait tout ce qu’on peut pour maintenir les coûts »

Même prudence sur le coût. « Le projet est estimé à 8,3 milliards d’euros depuis que nous l’avons lancé. Il n’a pas changé d’estimation depuis que nous l’avons lancé » dit le responsable. « Est-ce qu’on tiendra jusqu’au bout ? Je ne fais pas de pronostic. On fait tout ce qu’on peut pour maintenir ce chiffre. Il n’est pas juste de dire que ce projet a flambé », estime Hubert de Mesnil.

Reste une incertitude sur les voies d’accès, côté Italie et France, qui sont des projets à part entière. Si les choses sont réglées côté Italie, la France traîne des pieds. La France a d’abord dit « on voit après pour les accès, quand le tunnel sera fini », mais le pays « a évolué », avec « la possibilité d’avoir un programme phasé d’aménagement plus rapide », souligne le président de TELT. Mais l’Europe, qui tient au projet, pousse la France à avancer sur les voies d’accès, dont un retard serait préjudiciable pour le tunnel. Comme le rappelle Hubert du Mesnil, « c’est une volonté européenne qui est durable, qui date depuis 30 ans ».

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