Un parti "unifié, apaisé, libéré", son président Jean-Christophe Lagarde seul candidat et largement réélu, une volonté de peser "en partenaire libre" de la majorité et un discours résolument fédéraliste au plan européen: les centristes de l’UDI ont tenu leur congrès samedi à Paris.
Seul candidat, M. Lagarde a été réélu (90,4%) pour trois ans à la tête de la formation centriste qu’il dirige depuis 2014. "Je remercie les 9% qui ont voté blanc, ça fait un peu moins africain ou soviétique", a-t-il ironisé à la tribune.
L’UDI, née en 2012 sous la présidence de Jean-Louis Borloo, qui a fait une brève apparition au congrès samedi, a connu des défections avec le départ des Radicaux valoisiens, partis se réunifier avec le Parti radical de gauche, ainsi que des Centristes d’Hervé Morin. "On est obligé d’écrire à l’émission +Perdu de vue+ ou +Alerte enlèvement+ puisqu’ils ont disparu des écrans politiques", raille Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat.
Le parti -une cinquantaine de parlementaires, des centaines d’élus locaux et quelque 15.000 adhérents- a apuré ses dettes, selon son président. Il organisera le 23 juin un Conseil national sur l’Europe, grand chantier de l’année à venir, et annonce une université d’été.
Le nouveau logo présenté samedi annonce la couleur: "réunir le centre et la droite de progrès". Car le parti centriste, dont les députés siègent avec les ex-LR d’Agir, a mis fin à l’alliance automatique avec Les Républicains.
S’il ne s’interdit pas de soutenir des candidats LR qui "partagent (leurs) idées", comme Jean-Pierre Door dans le Loiret, M. Lagarde dénonce une droite "en train de se renier sous l’impulsion de Laurent Wauquiez" dans une "dérive vers l’extrême droite dont elle adopte les mots, les thématiques".
L'UDI a d’ailleurs nommé un nouveau délégué général en la personne d’Éric Schahl, ancien membre de la direction des Républicains et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy.
- "25%" de députés à la proportionnelle -
Désormais "unifié, apaisé et libéré", le parti centriste veut mettre au défi la majorité d’être "la première sous la Ve République à accepter de travailler avec des partenaires libres". Au début du quinquennat, "ils parlaient du nouveau monde mais avaient les pratiques de l’ancien". Mais "ils sont en train d’évoluer", assure M. Lagarde.
"On n’est pas dans une logique d’alliance supplétive mais dans une volonté de partenariat. On a plein de choses à dire sur les territoires car on est riche de cette implantation territoriale et de tout ce qu’elle apprend", abonde la sénatrice Valérie Létard, nouvelle présidente du Conseil national du parti, alors que l'implantation du parti majoritaire d'Emmanuel Macron est plutôt laborieuse.
Dans son discours, M. Lagarde a distribué quelques avertissements au chef de l’État, qui ne réussira que si "le premier de cordée aide le dernier". Son opposition à la hausse de la CSG et à la limitation uniforme de la vitesse sur les routes nationales à 80 km/h figuraient parmi les passages les plus applaudis.
Le député de Seine-Saint-Denis a également planté le décor sur la révision constitutionnelle dont "le débat est mal parti". L’UDI souhaiterait une réduction d’un quart et non d’un tiers du nombre de parlementaires et s’oppose au non-cumul dans le temps pour les maires.
Surtout, si la dose de proportionnelle à l’Assemblée n’était que de 10%, "ce serait se moquer du monde et nous ne participerons pas à l’ensemble du bloc constitutionnel qui nous est proposé", avertit M. Lagarde, qui ambitionne un scrutin uninominal majoritaire à un tour avec 25% de proportionnelle.
Sur l’Europe, l’UDI veut "assumer son identité fédéraliste". "Si c’est possible, avec d’autres. Si c’est nécessaire, nous l’assumerons seuls", a dit M. Lagarde, alors que circule l'hypothèse d'une liste unifiée avec les Marcheurs et le MoDem de François Bayrou.