UE: coup d’accélérateur à un projet pour mieux taxer les géants de l’internet

UE: coup d’accélérateur à un projet pour mieux taxer les géants de l’internet

Le projet emmené par la France de mieux taxer les géants de l'internet, s'est accéléré samedi lors d'une réunion des ministres...
Public Sénat

Par Céline LE PRIOUX

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le projet emmené par la France de mieux taxer les géants de l'internet, s'est accéléré samedi lors d'une réunion des ministres des Finances de l'UE à Tallinn, malgré la résistance de certains, l'Irlande en tête.

Google, Apple, Facebook et Amazon --communément désignés par l'acronyme GAFA-- sont régulièrement accusés de faire de l'optimisation fiscale grâce à des montages financiers qui minimisent leurs impôts. A l'époque du numérique, "le système de taxation actuel ne peut plus s'appliquer et c'est pourquoi nous devons trouver une autre solution", a souligné le ministre estonien des Finances, Toomas Toniste, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'UE.

Les 28 ministres des Finances de l'UE se sont entendus samedi pour avancer rapidement et arriver à une approche commune lors d'une réunion en décembre. A la suite de quoi, la commission européenne serait chargée de concocter une proposition législative en 2018.

A l'origine de ce nouvel élan, une initiative pilotée par la France et soutenue par trois autres grands pays européens, Allemagne, Italie, Espagne.

Leur idée: avoir une taxe appliquée sur le chiffre d'affaires généré dans chaque pays européen par les géants du net, comme Google ou Facebook.

Actuellement, c'est le bénéfice qui sert de référence à l'impôt sur les sociétés payé par les entreprises. Et nombre de multinationales du net concentrent leurs bénéfices dans des filiales domiciliées dans des pays à faible taux d'imposition, comme l'Irlande, même si elles génèrent presque tout leur chiffre d'affaires dans d'autres pays de l'UE.

"Nous sommes désormais une dizaine d’États membres à soutenir cette proposition", a déclaré M. Le Maire, après la réunion de Tallinn. Il s'agit de l'Allemagne, l'Autriche, la Bulgarie, la France, la Grèce, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Roumanie et la Slovénie.

Mais pour toutes les réformes concernant la fiscalité en Europe, les 28 États membres doivent se prononcer à l'unanimité, ce qui rend les changements très difficiles.

Selon M. Le Maire, huit d'entre eux seraient "plus réservés et un Etat ouvertement hostile, l'Irlande".

Plusieurs ministres de petits États membres ont en effet exprimé des réserves, souhaitant que le problème soit traité au niveau international, au sein du G20 ou par l'OCDE.

Ainsi le ministre danois des Finances, Kristian Jensen, a déclaré "être toujours sceptique en ce qui concerne de nouveaux impôts".

Son homologue luxembourgeois, Pierre Gramegna, a manifesté des réserves sur la méthode de taxation prenant en compte le chiffre d'affaires: "Il faut examiner cela, ce n'est pas clair si cela peut vraiment fonctionner".

Le ministre irlandais, Paschal Donohue, s'est fait discret devant les journalistes. Mais M. Le Maire a déclaré "avoir eu une longue discussion" avec lui et "comprendre ses difficultés".

"J'ai une approche ouverte, la plus ouverte possible" a-t-il dit, soulignant que l'Irlande avait "fondé tout son modèle economique sur un niveau de fiscalité très faible" et qu'elle allait en plus être frappée par le Brexit, ce qui affecterait son commerce avec la Grande-Bretagne.

Les chefs d’États et de gouvernement de l'UE doivent à nouveau se pencher sur la question de la taxation lors d'un sommet à Tallinn, le 29 septembre, consacré aux questions de l'économie numérique.

"J'attends que le sommet européen nous dise vers où on va. Nous, nous allons mettre toutes les options sur la table. Après la (direction) qui nous sera donnée par les chefs d'Etat et de gouvernement ou par les ministres, nous avancerons, nous ferons une proposition, et il faut aller très vite", a dit le Commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

Le Français a toutefois mis en garde: "Si on ne réussissait pas (à avancer ensemble), il ne faudrait pas envisager des taxations nationales, parce qu'à ce moment-là on créerait des paradis numériques pour les uns, un enfer administratif pour les autres".

Dans la même thématique

UE: coup d’accélérateur à un projet pour mieux taxer les géants de l’internet
3min

Politique

Déclaration de politique générale : « Si Monsieur Bayrou annonce des choses inacceptables pour le RN, on peut censurer directement », déclare Jean-Philippe Tanguy 

Invité de la matinale de Public Sénat, Jean-Philippe Tanguy évoque les enjeux de la déclaration de politique générale de François Bayrou aujourd’hui à 15 heures. Le parti de Marine Le Pen ne compte pas censurer systématiquement le gouvernement, mais rappelle tout de même plusieurs lignes rouges, notamment sur la fiscalité ou la réduction du déficit public.

Le

Paris : Meeting between the new prime minister and political party
6min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : les socialistes « attendent de voir si la pièce va tomber du bon côté »

Le sort de la réforme des retraites est désormais entre les mains de François Bayrou. Après une semaine de négociations, les socialistes continuent de réclamer le gel du décalage de l’âge légal de départ avant de s’engager sur un accord de non-censure du gouvernement, mais la droite refuse d’en entendre parler. Les discussions avec le PS et l’exécutif pourraient se poursuivre mardi.

Le