Responsables politiques de gauche et de droite ont mis en garde jeudi sur le choix d'Emmanuel Macron de proposer Thierry Breton comme commissaire européen, qui pose selon eux la question des conflits d'intérêts et d'un possible blocage au Parlement européen.
Pour l'eurodéputé EELV Yannick Jadot, "ça va être difficile, encore une fois". "Thierry Breton est président d'Atos, c'est une société du numérique qui touche des subventions européennes, qui est un des leaders européens sur les supercalculateurs, encore une fois avec des subventions européennes, et dans son portefeuille, qu'est-ce qu'on a ? Le numérique. Donc on va avoir un souci de conflit d'intérêts", a-t-il prédit sur BFMTV et RMC,
Ministre de l'Economie de 2005 à 2007, Thierry Breton est proposé pour un large portefeuille incluant politique industrielle, marché intérieur, numérique, défense et espace.
Atos a annoncé jeudi qu'il serait remplacé à la direction générale du groupe à partir du 1er novembre par l'actuel directeur général délégué Elie Girard. Il restera le président du conseil d'administration jusqu'à sa confirmation au poste de commissaire européen par le Parlement européen.
Thierry Breton sera auditionné dans les prochaines semaines par la commission parlementaire des Affaires juridiques.
Les eurodéputés avaient rejeté le 10 octobre la candidature de Sylvie Goulard, premier choix de la France.
"Un patron du CAC 40, dont l'entreprise reçoit des millions de subventions européennes ! Niveau prévention des conflits d'intérêt, c'est pas encore ça !", a réagi sur Twitter l'eurodéputée LFI Manon Aubry.
A droite également, d'où Thierry Breton est pourtant issu, la question est posée. Julien Aubert, député Les Républicains (LR), a considéré sur RFI qu'"à une semaine de la mise à feu, il faut faire attention parce que Thierry Breton, qui est quelqu'un de grande expérience, a dirigé une entreprise et les règles européennes en matières de conflits d'intérêts sont extrêmement strictes".
Eric Woerth, président LR de la Commission des Finances de l'Assemblée nationale, a estimé sur LCI que l'audition par les eurodéputés, "on a compris que c'était compliqué, mais tant mieux. Quand un parlement est compétent pour dire oui ou non à une nomination, il doit exercer ce rôle".
L'Elysée a voulu désamorcer la question en assurant que "M. Breton a toujours fait preuve de rigueur pour éviter tout conflit d'intérêt" lorsqu'il était ministre en se déportant sur les dossiers pouvant le concerner.