La France à la barre. Lors d’une conférence de presse à l’Elysée, jeudi 9 décembre, le chef de l’État a détaillé les axes politiques de la présidence française du Conseil européen, qui débutera le 1er janvier 2022 pour six mois. Il a notamment consacré un long moment à décrire le modèle européen de croissance qu’il souhaitait impulser à l’occasion de cette présidence. Avec la crise sanitaire, les règles budgétaires européennes ont été mises « entre parenthèses », a rappelé Emmanuel Macron. « Nous devrons revenir à des règles qui seules permettent la convergence de nos économies », a-t-il expliqué, balayant l’hypothèse d’un retour au cadre fixé par les accords de Maastricht au début des années 1990. « Nous ne pouvons pas faire comme si rien ne s’était passé », a-t-il expliqué.
Interrogé sur le maintien de la sacro-sainte règle des 3 %, selon laquelle le déficit annuel public d’un État ne peut pas dépasser 3 % de son PIB, et qui a été mise à mal pendant la crise du covid-19, en raison des fonds déboursés pour maintenir à flot les économies à l’arrêt, le chef de l’État a estimé qu’il fallait « repenser le cadre budgétaire » de l’Europe. « La question, ça n’est pas pour ou contre les 3 %. Cette question est dépassée », a balayé le président de la République. Avant de nuancer : « Il faut des règles budgétaires pour rester sérieux, sinon il n’y a plus de confiance. »
« Il faut des règles de convergence financière. La question c’est : comment articuler le sérieux budgétaire et la convergence des Européens avec une ambition indispensable pour nous tous », a encore déclaré Emmanuel Macron, qui recevra vendredi à l’Elysée le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, l’occasion « d’une discussion stratégique » sur ces règles budgétaires européennes. « Il nous faut sortir de nos vieux tabous et de nos vieux fétiches », a encore répété Emmanuel Macron.
Quatre axes pour redéfinir la croissance européenne
La France accueillera à Paris, les 10 et 11 mars, un sommet des 27 chefs d’État et de gouvernement européens autour de la redéfinition d’un modèle de croissance, a annoncé le président français. Cette rencontre sera articulée autour de quatre axes :
> La capacité à produire au lendemain de la crise du covid-19,
> Concilier développement économique et ambitions climatiques,
> Faire de l’Europe une puissance numérique,
> Proposer aux travailleurs des emplois de qualité, mieux rémunérés.
Un environnement favorable au développement des entreprises innovantes
« Nous nous sommes fixé un cadre ambitieux (la neutralité carbone en 2050 et une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, ndlr). Cela ne suppose pas de produire moins et de consommer moins, mais d’innover », a insisté Emmanuel Macron qui souhaite donner la priorité aux investissements « dans le numérique et l’écologique ».
Il entend notamment débloquer des fonds européens de financement des startups et des acteurs les plus innovants du numérique en mobilisant les investisseurs institutionnels. « Cela nous permettra d’aller plus vite, mais aussi de défendre la souveraineté de nos acteurs », c’est-à-dire d’éviter que ces entreprises n’aillent chercher des fonds en dehors du continent, a plaidé Emmanuel Macron,
Il a également évoqué une série de « filières industrielles fortes pour structurer le monde de 2030 », dans lesquelles l’Europe devra imposer sa marque : l’hydrogène, le domaine spatial, le cloud, les semi-conducteurs, la défense, les batteries, la santé, ou encore les industries culturelles et créatives.
Lutter contre le dumping social
Sur le volet social, Emmanuel Macron a rappelé la vocation de l’UE à définir « des préférences collectives et des équilibres sociaux ». « Si notre Europe ne protège pas mieux les plus faibles, si elle laisse prospérer le dumping social, alors apparaît un marché sans règle où les classes moyennes et populaires ne s’y retrouvent plus. C’est cette Europe-là qui a nourri le Brexit, ne nous y trompons pas ! », a-t-il averti. « Nous devons avoir, partout en Europe, une obsession : créer des emplois et lutter contre le chômage de masse », a encore martelé Emmanuel Macron.