Jean-Luc Mélenchon se définit comme "un indépendantiste français", dans un entretien aux Échos consacré à l'avenir de l'Union européenne, et compte "capitaliser positivement" sur les discours anti-européens y compris tenus par l'extrême-droite.
"Le mot +souverainisme+ nous aurait convenu s'il n'avait pas été utilisé dans un sens nationaliste qui ne convient pas à notre façon de voir. Si je suis souverainiste, c'est au sens de la souveraineté du peuple. Je suis plutôt un indépendantiste français", explique le leader de La France insoumise.
"Dans les années 1990, je militais pour un vrai fédéralisme. J'appelais à une constituante européenne. Mais j'ai réalisé en 2005 (référendum sur la constitution européenne, NDLR) que cette voie était impossible. A présent nous voici plus proches du modèle du Saint-Empire romain germanique que de la marche vers la république universelle à laquelle je rêvais", ajoute-t-il.
"De plus, la France roule à contresens. En quoi serions-nous plus proches des pays Baltes que nous ne le sommes des pays francophones de la Méditerranées comme l'Algérie, le Maroc ou la Tunisie ?", demande M. Mélenchon.
Assurant que sa "ligne, ce n'est pas le Frexit", le président du groupe LFI à l'Assemblée nationale se dit convaincu de pouvoir trouver des partenaires au sein de l'Europe pour notamment "sortir des traités, notamment les deux derniers budgétaires qui sont les pire et passer à autre chose".
"C'est comme pour la dissuasion nucléaire: le principe même fait que vous n'avez pas besoin d'alliés. Moi, j'ai un bouton qui s'appelle +plan B+. Si, comme Emmanuel Macron, vous n'avez pas de dissuasion, vous n'avez pas de plan A qui tienne. La menace ne vaut que si elle existe? Avec moi elle existe", argumente-t-il.
D'ailleurs, poursuit le député, quand le président français annonce une sortie du glyphosate dans 3 ans, "il me donne raison: il est sur le tapis roulant qui mène au plan B sans savoir comment le gérer".
"La France doit redevenir un acteur et pas seulement un +bon élève+", insiste le responsable politique, répétant: "on ne peut pas faire l'Europe sans la France, j'adjure qu'on le comprenne, notre nation, sous toutes ses formes est en danger, si on ne réagit pas, l'Europe explosera!"
Interrogé sur la possibilité de "travailler sur l'Europe avec des gens de l'autre rive", M. Mélenchon estime que le Front national comme les nationalistes, si leur ligne politique n'a "rien à voir" avec la sienne, "rament pour moi d'une certaine manière en contribuant à la construction d'un champ culturel où nos mots d'ordre - l'Europe ne protège pas les Français mais les menace - sont en train de devenir dominants".
"Il faut capitaliser positivement cette colère qui peut être dangereuse", a-t-il ajouté.