Ukraine : « Il y a toujours un risque de troisième guerre mondiale », alerte Christian Cambon
Invité lundi de notre matinale, Christian Cambon, le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, a fait le point sur la guerre en Ukraine. Selon ce spécialiste des relations internationales, deux mois après le début du conflit, le risque d’escalade avec les pays de l’OTAN n’est toujours pas écarté.

Ukraine : « Il y a toujours un risque de troisième guerre mondiale », alerte Christian Cambon

Invité lundi de notre matinale, Christian Cambon, le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, a fait le point sur la guerre en Ukraine. Selon ce spécialiste des relations internationales, deux mois après le début du conflit, le risque d’escalade avec les pays de l’OTAN n’est toujours pas écarté.
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Journée de célébration pour la Russie, qui commémore ce lundi 9 mai la défaite nazie de 1945. Lors d’une allocution très attendue, et prononcée depuis la place Rouge à Moscou, Vladimir Poutine est revenu sur le conflit ukrainien. « Une menace absolument inacceptable se constituait, directement à nos frontières », a voulu justifier le maître du Kremlin, évoquant, une « riposte préventive » contre un pays qu’il accuse régulièrement de néonazisme. Mais deux mois après son déclenchement, le conflit continue de s’enliser. « Rien n’indique que la voie de la paix est en route. Les négociations sont quasiment au point mort, aucune médiation ne débouche et les nouvelles sont chaque jour de pire en pire », a commenté au micro de « Bonjour chez vous », sur Public Sénat, Christian Cambon, le président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées au Sénat. « Soixante morts dans les bombardements d’une école. Est-ce qu’il y avait des nazis dans une école d’enfants ? Tout cela laisse pantois », soupire l’élu, en référence à la destruction d’un établissement scolaire dans la région de Louhansk.

L’isolement de Vladimir Poutine

« Je m’adresse à nos forces armées : vous vous battez pour la patrie, pour son avenir », a martelé Vladimir Poutine ce lundi. Il semble toutefois que le président russe ait dû revoir ses ambitions militaires à la baisse, face à la résistance ukrainienne, mais aussi face aux nombreux problèmes logistiques rencontrés par les forces russes sur le terrain. « Il ne pourra pas envahir la totalité du pays comme le voulait son plan initial. Il pensait qu’en trois jours, cela allait être un voyage triomphal sous les acclamations du peuple ukrainien. Il n’en est rien », relève Christian Cambon. « Vladimir Poutine a été très mal renseigné, nous pensons, du reste, qu’il y a des purges très intenses au sein de l’armée russe. Il punit avec sévérité ceux-là mêmes qui l’ont induit en erreur. Il est seul, physiquement. Selon les renseignements que l’on a, personne ne le voit, il ne parle à personne », indique notre invité.

Alors que les diplomaties et les services de renseignements européens ont longtemps refusé de croire à la possibilité d’une invasion de l’Ukraine par la Russie, Christian Cambon avoue redouter les décisions « erratiques » du dirigeant russe. « Selon le syndrome du chien enragé dans l’impasse, qui ne voyant aucune solution se retourne et vous mord, rien n’exclut l’utilisation d’armes encore plus dangereuses. Je pense à l’utilisation d’armes tactiques, nucléaires, qui peuvent faire beaucoup de morts. Ce serait un changement complet de situation », développe ce spécialiste des relations internationales. « Il y a toujours un risque de troisième guerre mondiale, avec un enchaînement d’incidents, un missile qui tombe à côté, sur un pays de l’Otan. La Pologne n’est pas loin, la Roumanie non plus », observe-t-il.

Livraisons d’armes à l’Ukraine

La France fait partie des pays qui livrent des armes lourdes à Kiev. Mais suivant la stratégie d’Emmanuel Macron, qui veut à tout prix maintenir le contact avec Vladimir Poutine, Paris, comme les autres membres de l’OTAN d’ailleurs, se refuse à intervenir directement sur le terrain et à devenir cobelligérant. « La montée en puissance de l’Ukraine est nécessaire à partir du moment où les Russes attaquent ce pays de manière effroyable. Il ne faut pas se limiter aux déclarations de solidarité et manifester notre engagement. L’Ukraine a fait savoir par différents canaux tous les besoins qui étaient les siens. Il me semble normal que l’occident apporte son aide », martèle Christian Cambon.

Selon des déclarations d’Emmanuel Macron à Ouest France, la France aurait notamment fourni à l’Ukraine des missiles anti-char Milan et des canons CAESAR. « On livre des armes, il n’y a aucun soldat français, ni occidental qui se trouve sur le territoire ukrainien. Nous en avons la certitude », assure Christian Cambon. « Les livraisons d’armes se font dans le cadre d’échanges classiques entre un certain nombre de pays. Nos armes aboutissent à des hubs qui se situent dans les pays voisins, c’est là que les forces ukrainiennes viennent en prendre livraison. »

« L’Ukraine a fait des efforts militaires considérables, mais ne s’attendait peut-être pas à la violence d’un tel conflit », poursuit le sénateur. Et d’ajouter : « On aurait raconté cette histoire il y a quelque mois, personne n’y aurait cru ! »

Partager cet article

Dans la même thématique

Vote de confiance : LR toujours en réflexion sur l’après 8 septembre
4min

Politique

Vote de confiance : LR toujours en réflexion sur l’après 8 septembre

Un bureau politique des Républicains s’est réuni ce 27 août sous l’égide de Bruno Retailleau. Le parti maintient la position édictée par son président, à savoir le refus de la chute du gouvernement, mais temporise toujours sur l’attitude à adopter en cas de changement d’équipe à Matignon.

Le

Paris: French Pm Press conference
10min

Politique

Arrière-pensées pour 2027 ou alerte sur la dette : que vise vraiment François Bayrou avec le vote de confiance ?

L’annonce surprise par François Bayrou d’un vote de confiance à l’issue quasi impossible interroge. Certains, comme le sénateur LR Max Brisson, y voient « un coup théâtral » pour assurer sa sortie et une éventuelle candidature à la présidentielle. « Spéculation », balaie d’un revers de main un proche du premier ministre, pour qui « ce n’est aujourd’hui pas d’actualité ».

Le

SIPA_01036602_000013
5min

Politique

Paris : les dessous du deal entre Dati et Barnier

Il ne devrait pas y avoir de guerre des droites à Paris, en tout cas pas pour le moment. La commission nationale d’investiture de LR s’apprête à soutenir officiellement la candidature de Rachida Dati aux municipales à Paris en mars prochain. En échange, la ministre de la Culture laisserait le champ libre à Michel Barnier, investi par le parti à la législative partielle dans la 2e circonscription de Paris.

Le