Ukraine : « On n’en est pas à la guerre mondiale, mais le potentiel existe », s’inquiète Jean-Pierre Raffarin

Ukraine : « On n’en est pas à la guerre mondiale, mais le potentiel existe », s’inquiète Jean-Pierre Raffarin

Invité de notre matinale, Jean-Pierre Raffarin est revenu sur les tensions actuelles dans les relations internationales. Au-delà de la guerre en Ukraine, l’ancien premier ministre estime que la situation à Taïwan pourrait mettre le feu aux poudres.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Cette guerre est faite pour durer. » Un an maintenant après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier, Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre et auteur de Ne sortons pas de l’Histoire (Ed. Michel Lafon), ne voit pas le conflit se conclure de sitôt. « Pour Poutine, l’interlocuteur, c’est Biden, alors que c’est Zelensky qui mène actuellement cette guerre. C’est une difficulté qu’il va falloir résoudre. » D’autant plus qu’au-delà de l’Ukraine, les tensions géopolitiques se multiplient, notamment dans « l’escalade » entre la Chine et les Etats-Unis : « On est dans une situation extrêmement dangereuse, parce qu’il y a deux compétitions simultanées : la compétition Etats-Unis / Russie qui est extrêmement vive et meurtrière en Ukraine, et celle entre la Chine et les Etats-Unis. Cela fait 50 ans que je fais de la politique, je n’ai jamais vu le monde aussi dangereux, une étincelle peut conduire au drame. On n’en est pas à la guerre mondiale, mais le potentiel existe. »

« La Chine c’est sans doute le seul pays qui peut avoir une influence sur Poutine »

Entre les deux plus grandes puissances mondiales, Jean-Pierre Raffarin estime que c’est le « piège de Thucydide » qui peut se refermer sur la scène internationale, où les Etats-Unis pourraient rentrer en guerre avec une Chine qui menace leur domination dans la géopolitique mondiale. Mais d’après l’ancien Premier ministre, fin connaisseur de la Chine, ce n’est pas vers l’Ukraine qu’il faut regarder pour chercher « l’étincelle » : « Les Chinois semblent gênés par cette guerre, ils n’aiment pas être isolés. Ils mettent des barrières quant à l’usage du nucléaire. C’est pour ça qu’il faut être très prudent. Je ne crois pas que les Chinois entrer stratégiquement dans cette guerre avec la Russie. »

Pour autant, la Chine a un rôle à jouer dans le conflit ukrainien, explique Jean-Pierre Raffarin : « La Chine c’est sans doute le seul pays qui peut avoir une influence sur Poutine : pour le moment ils ont dit non à l’usage du nucléaire et maintenant ils peuvent leur dire de se mettre autour de la table. Ce sont les seuls que Poutine peut écouter. »

« Sur Taïwan, les Chinois ont un projet de guerre »

C’est plus à l’est que la Chine risque de franchir le Rubicon, d’après lui : « Sur Taïwan, les Chinois ont un projet de guerre. Pour eux, l’unité c’est très important. Quand vous demandez à un Chinois quel est l’homme politique qui a le plus failli dans l’Histoire, il vous répond Gorbatchev, qui a laissé l’empire russe se disloquer. » Ainsi, c’est par rapport à Taïwan que la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine est montée d’un cran : « On est passé de la guerre commerciale à la course militaire, avec l’affaire Taïwan, qui est difficile. Les Chinois sont prêts à aller à la bataille sur le sujet. »

Dans la même thématique

PARIS : Manifestation du 1er Mai
3min

Politique

1er mai : quels sont les principaux rassemblements prévus en France ?

Comme chaque année, la journée internationale des droits des travailleurs sera marquée par de nombreux défilés à travers la France. Malgré un agenda social chargé, les deux principaux syndicats, la CGT et la CFDT ne défileront pas ensemble lors des traditionnelles manifestations du 1er mai.

Le

Ukraine : « On n’en est pas à la guerre mondiale, mais le potentiel existe », s’inquiète Jean-Pierre Raffarin
6min

Politique

Scandale des eaux en bouteille : « Le dispositif global interministériel a sous-estimé la profondeur de cette affaire », estime l’ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne

Auditionné par la commission d’enquête sénatoriale, Aurélien Rousseau est revenu sur sa connaissance du scandale de Nestlé Waters et l’implication des pouvoirs publics. S’il reconnaît avoir pris la décision autorisant la filtration en dessous de 0,8 micron, l’ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne écarte tout conflit d’intérêts.

Le

Ukraine : « On n’en est pas à la guerre mondiale, mais le potentiel existe », s’inquiète Jean-Pierre Raffarin
4min

Politique

Laïcité dans le Sport : la ministre, Marie Barsacq assure que « le gouvernement dans son ensemble » soutient la proposition de loi du Sénat

Interrogée par les sénateurs sur sa position au sujet de proposition de loi LR visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives et dans les piscines municipales, la ministre des Sports, Marie Barsacq a indiqué que « le gouvernement dans son ensemble soutenait » le texte. Le mois dernier, elle avait affirmé « que le port du voile n’était pas de l’entrisme ».

Le