Face à l’attaque de l’Ukraine par la Russie, les Occidentaux se limitent pour l’instant aux sanctions économiques et financières. Mais auront-elles un effet sur la Russie ? Selon l’avocat Olivier Dorgans, spécialiste des sanctions économiques et membre du cabinet Ashurst, rien n’est moins sûr.
« Ce qui est intéressant, c’est que la Russie se prépare »
Mardi, les ministres des Affaires européennes de l’Union européenne ont acté un nouveau train de sanctions à l’égard de la Russie. « On est sur une application immédiate, car on est sur des mesures de gel des avoirs. Cela impose principalement aux entreprises, qui peuvent avoir des liens commerciaux avec des sociétés russes détenues par ces personnes sanctionnées, à prendre des mesures immédiatement », souligne Olivier Dorgans.
Mais Moscou a anticipé. « Ce qui est intéressant, c’est que la Russie se prépare. En 2014, la Russie avait été un peu prise de court (lors des sanctions prises suite à la crise en Crimée, ndlr). Ça fait 8 ans que ces sanctions existent. […] La Russie a rapatrié ses capitaux, elle a imposé à ses banques de sortir leurs avoirs détenus par des banques étrangères et de les ramener dans le territoire russe, la Russie s’est tournée aussi vers la Chine sur le plan énergétique », souligne ce spécialiste des sanctions économiques, qui ajoute que « d’une certaine manière, les sanctions, même si elles sont d’application immédiate et imposent un peu de travail pour les entreprises qui sont actives en Russie, n’auront pas forcément d’effet immédiatement ».
« Les impacts sont importants pour les entreprises françaises »
En revanche, ces sanctions pourraient avoir un impact sur certaines entreprises françaises, bien que les exportations depuis la France vers la Russie représentent moins de 1 % des exportations (7 milliards d’euros) et environ 2 % des importations (10 milliards d’euros).
« Sur l’impact pour les entreprises françaises, oui les impacts sont importants. Car même si les importations et exportations sont des chiffres relativement faibles, il y a eu des investissements considérables faits par des acteurs français en Russie, même s’ils ont été mis en pause en 2014 », souligne Olivier Dorgans, évoquant « l’exploitation de pétrole et de gaz de schiste en Russie ».