Ukraine : « La Russie a déjà perdu cette guerre », estime l’historien Jean-François Colosimo
L’historien Jean-François Colosimo était l’invité de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat ce vendredi matin. Selon ce spécialiste du monde orthodoxe, l’invasion russe de l’Ukraine a rebattu les équilibres géopolitiques, à rebours de la stratégie de déstabilisation initialement imaginée par le Kremlin.

Ukraine : « La Russie a déjà perdu cette guerre », estime l’historien Jean-François Colosimo

L’historien Jean-François Colosimo était l’invité de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat ce vendredi matin. Selon ce spécialiste du monde orthodoxe, l’invasion russe de l’Ukraine a rebattu les équilibres géopolitiques, à rebours de la stratégie de déstabilisation initialement imaginée par le Kremlin.
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Le Quai d’Orsay a annoncé l’envoi de cent générateurs électriques en Ukraine. Ils sont destinés à aider les Ukrainiens à passer l’hiver qui arrive, alors que les frappes répétées de la Russie sur les infrastructures civiles menacent une grande partie du pays de black-out. « Vladimir Poutine cherche à déstabiliser l’arrière, parce qu’il est en difficulté sur le front. Mais il n’y a pas de plus grande matrice pour unir une nation qu’une invasion. Les Ukrainiens sont tous réunis derrière l’idée qu’il faut débarrasser le monde de Poutine », note l’historien Jean-François Colosimo, auteur de La crucifixion de l’Ukraine chez Albin Michel. Invité de la matinale de Public Sénat vendredi 25 novembre, ce spécialiste du monde orthodoxe, ancien président du Centre national du livre, estime que les conséquences géopolitiques de l’invasion russe de l’Ukraine scellent la défaite idéologique du Kremlin et soldent ses visées impérialistes.

« Cette invasion apparait à terme comme forcément perdante, car c’est la grande loi des guerres du XXe siècle ; une armée d’occupation, qui ne sait plus ce qu’elle fait là, loin de chez elle, finit toujours par être battue par un peuple qui résiste », relève notre invité pour qui « la Russie a déjà perdue cette guerre. » « Vladimir Poutine a abouti exactement à l’inverse de ce qu’il cherchait », poursuit Jean-François Colosimo. « L’Ukraine existe de manière solidaire, unie comme une nation forte, ce qu’elle n’était pas avant la guerre. Volodymyr Zelensky apparaissait comme un président un peu falot, un acteur devenu homme politique par hasard, et aujourd’hui il apparait comme Churchill. »

« Le résultat est totalement inverse à tout ce qu’il a projeté »

Sur la scène internationale, l’Occident affiche désormais une unité qui semble transcender les crises et les différents des dernières années. « On disait l’Otan en coma dépassé, et aujourd’hui l’Otan recrute un pays comme la Finlande, alors que la finlandisation était synonyme de neutralité maximale à l’égard de Moscou », pointe Jean-François Colosimo. « Les Américains sont de retour en Europe alors qu’ils avaient un grand rendez-vous dans le Pacifique (dans un contexte de fortes rivalités avec la Chine, ndlr). On les voit déployer une sorte de nouveau plan Marshall. Et puis, l’Allemagne réarme, ce qui n’est pas une petite nouvelle. L’interdit de 1945 est levé », ajoute-t-il.

« Puisque l’on a beaucoup de complotistes en France, la bonne question à leur poser c’est : ne pensent-ils pas que Vladimir Poutine est un agent de la CIA ? », ironise l’historien. « Le résultat est totalement inverse à tout ce qu’il a projeté. » Malgré tout, Jean-François Colosimo se montre plutôt sceptique sur l’hypothèse d’une résolution rapide du conflit. « La perte de la Russie peut s’étirer dans le temps, causer un nombre de morts et de souffrances dont Vladimir Poutine n’a cure », soupire-t-il.

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