Ukraine : « Si c’est vrai qu’on a envoyé des armes antichars, je veux savoir pourquoi », s’agace Jean-Luc Mélenchon
Le candidat de l’Union populaire a tenu ce mercredi 9 mars une conférence de presse sur les conséquences de la guerre en Ukraine en France. Jean-Luc Mélenchon se désole de l’opacité autour des questions miliaires et de l’absence d’un dialogue sur les décisions prises par l’exécutif. Et demande un débat hebdomadaire au Parlement sur la crise.

Ukraine : « Si c’est vrai qu’on a envoyé des armes antichars, je veux savoir pourquoi », s’agace Jean-Luc Mélenchon

Le candidat de l’Union populaire a tenu ce mercredi 9 mars une conférence de presse sur les conséquences de la guerre en Ukraine en France. Jean-Luc Mélenchon se désole de l’opacité autour des questions miliaires et de l’absence d’un dialogue sur les décisions prises par l’exécutif. Et demande un débat hebdomadaire au Parlement sur la crise.
Public Sénat

Par Louis Dubar

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« Je ne suis pas d’accord pour que le dialogue soit basé sur des fuites de presse et notre capacité à interpeller la presse. Nous devons continuer à interpeller le gouvernement, à le mettre en cause, à demander la raison des décisions », demande Jean-Luc Mélenchon. Le candidat se désole de l’opacité autour des questions de défense et des informations concernant l’évolution de la situation militaire en Ukraine : « c’est le conseil de défense qui décide. A l’Assemblée nationale, il n’y a plus de session et au Sénat, il n’y a plus de questions d’actualité. Il n’y a plus aucun endroit où la conduite des affaires militaires et sociales du pays peut être discutée ou interpellée. » Jean-Luc Mélenchon dénonce l’attitude du président de la République, « il y a un homme qui a les pleins pouvoirs le temps que la présidentielle se termine. […] Les questions qui concernent la défense nationale, ça se discute»

L’exécutif avait invité le 28 février les candidats à la présidentielle à Matignon pour les informer de la situation en Ukraine. Les candidats présents avaient salué l’initiative et qualifié la réunion « d’utile. » En déplacement à La Réunion, Jean-Luc Mélenchon n’avait pas pu participer à la rencontre. « Ce n’est pas une mauvaise idée mais je me méfie de ce genre de réunion qui est un substitut à l’organisation d’une séance plénière à l’Assemblée nationale. […] Il n’y a pas eu d’informations stratégiques communiquées ce jour-là comme celles données en commission. » Interrogé sur les modalités de ce débat souhaité par le candidat de l’Union Populaire, Jean-Luc Mélenchon rappelle que l’Assemblée nationale n’a été pour le moment « ni dissoute, ni dispersée. » Le député des Bouches-du-Rhône préconise une séance hebdomadaire, « un moment d’échange » sur l’évolution de la situation militaire entre la représentation nationale et le gouvernement. « Si c’est vrai qu’on a envoyé des armes antichars, je veux savoir pourquoi. »

Invité de la matinale de Franceinfo ce mercredi 9 mars, Alexis Corbière est soupçonné d’avoir brisé le secret-défense en révélant la nature exacte des équipements français livrés à l’Ukraine.  « Il y en a très peu. Vous parlez des armes françaises, franchement c’est des gilets pare-balles et quelques missiles antichars », avait-il avancé. Le candidat à la présidentielle a réagi à la controverse. « Non seulement, on ne peut pas parler, mais quand par hasard quelqu’un utilise une information qui est dans la presse, on lui dit toi, tu n’as pas le droit de le dire car tu es membre de la commission Défense nationale et des Forces armées », s’agace Jean-Luc Mélenchon qui dénonce « un terrorisme intellectuel qui vise à clouer toute réflexion. »

Sanctions économiques

Le député des Bouches-du-Rhône s’en est pris au gouvernement sur les sanctions adoptées à l’encontre de la Russie, des mesures inefficaces selon lui. Il estime par ailleurs que la population russe sera la première à payer les conséquences de ces mesures. « Tout cela est absurde, tout le monde sait que ce système n’a aucune chance d’aboutir. Est-ce que les sanctions économiques ont fait céder Cuba, l’Iran ou le Venezuela ? Pourquoi, il n’y a pas eu de sanctions à l’égard de l’Arabie saoudite quand ils ont envahi le Yémen ? » Le candidat soutient la méthode présentée par Thomas Piketty, des sanctions centrées sur les oligarques et non sur les citoyens Russes. L’économiste préconisait le 12 février, dans le journal Le Monde, la mise en place d’un « cadastre financier international » permettant de conserver la trace de qui possède quoi. Jean-Luc Mélenchon se désole de la lenteur de la confiscation des avoirs des oligarques russes en France : « si on veut trouver les yachts russes, ça prend une heure. Il suffit de passer des coups de fil aux unions départementales CGT. »

Le troisième homme dans les sondages

En hausse dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon occupe dans les dernières études d’opinion la troisième place dans la course à la présidentielle. Le dernier sondage Opinion 2022 réalisé par l’Institut Elabe place le député Insoumis à 13 % d’intentions de vote. « Je ne souhaite pas fanfaronner maintenant, beaucoup de choses se jouent à la fin », commente le candidat qui reconnaît un changement majeur avec un déplacement « du centre de gravité à des sujets qui font réfléchir, parler et décider les Français. » Jean-Luc Mélenchon entrevoit une qualification pour le second tour et se félicite de ce retournement de situation, « je suis à la veille d’un deuxième tour possible. » Le candidat d’extrême gauche affirme qu’il est le seul à porter des thématiques sociales au cœur du débat politique, « si vous ne m’y mettez pas, vous aurez au second tour deux personnes qui ont l’intention d’allonger la durée de temps de travail, dans la semaine et dans la journée. »

Jean-Luc Mélenchon a également profité de la conférence de presse pour répondre aux critiques provenant de sa famille politique élargie, « depuis le début je dis que l’Union Populaire c’est le moyen de faire l’union par la base alors que les appareils ne la permettent pas. » Interrogé sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon sur France Inter ce mercredi 9 mars, l’ancien président de la République, François Hollande avait rejeté l’idée d’un vote utile autour de la candidature du député des Bouches-des-Rhône, « à un moment, il faut avoir un président utile, pas simplement un vote utile. »

 

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