Un an d’Édouard Philippe à Matignon: les sénateurs seront-ils de la fête ?
Il y a un an, Édouard Philippe, encore inconnu du grand public, était nommé Premier ministre. Le locataire de Matignon compte bien célébrer cet anniversaire avec des proches ce mardi. Au Sénat, de nombreux élus ne souffleront pas la bougie ce soir.

Un an d’Édouard Philippe à Matignon: les sénateurs seront-ils de la fête ?

Il y a un an, Édouard Philippe, encore inconnu du grand public, était nommé Premier ministre. Le locataire de Matignon compte bien célébrer cet anniversaire avec des proches ce mardi. Au Sénat, de nombreux élus ne souffleront pas la bougie ce soir.
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« Je suis un homme de droite ». Le 15 mai 2017, c’est par cette phrase qu’Édouard Philippe se présentait lors de la passation de pouvoir avec Bernard Cazeneuve. Un an plus tard, dans un entretien au Monde, le Premier ministre semble plus frileux à réaffirmer ce clivage digne d’un ancien monde. « La recomposition est encore en cours et les Européennes vont continuer à la traduire » veut-il croire. À quelques heures d’une fête donnée pour l’anniversaire de la nomination d'Édouard Philippe  à Matignon, les sénateurs, eux aussi, lui présentent leurs vœux.

« Je crois qu’il a choisi sa carrière plutôt que ses convictions »

Si Jean-François Copé se félicitait récemment du début de quinquennat d’Emmanuel Macron  « un  président de droite qu’on n’attendait pas », au groupe LR du Sénat, on n’utilise pas la même grille d’analyse pour le Premier ministre. Nul n’est prophète en son ancien parti, semble dire Sophie Primas, présidente de la commission des affaires économiques du Sénat.

« Édouard Philippe je ne l’ai jamais véritablement côtoyé aux LR parce qu’il était toujours distant vis-à-vis de la direction. Je l’ai trouvé extrêmement distant pendant les primaires et au moment de se rallier à François Fillon. J’ai le souvenir de réunions où il était au bout de la table, très en arrière, disant physiquement ce que les mots ne disaient pas (…) Je crois qu’il a choisi sa carrière plutôt que ses convictions » tacle la sénatrice.

Un an d'Edouard Philippe à Matignon: « il a choisi sa carrière plutôt que ses convictions » estime Sophie Primas
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« C’est un Premier ministre très Jacobin »

Voilà pour l’homme. Quant à ses débuts à Matignon ? Ce n’est pas non plus au groupe LR qu’il faut chercher ses supporters. « C’est un Premier ministre atypique, beaucoup dans la communication. Beaucoup de paroles, peu d’actes. On retient qu’il est très coercitif » estime le sénateur Alain Houpert qui ne digère toujours pas la prochaine limitation de vitesse à 80kmh sur les routes secondaires. « Un projet très métropolitain et anti rural (…) C’est un Premier ministre très Jacobin».

« Un an pour les premiers de cordée »

Quelques mètres plus loin, les socialistes ne tressent pas non plus, loin de là, des louanges à Édouard Philippe. « Je pense que c’est un an d’inégalités. Un an où on s’est occupé des premiers de cordée et pas beaucoup du monde du travail (…) Édouard Philippe a été pris pour ce job parce que c’était ses valeurs » résume le sénateur Martial Bourquin. 

Toujours dans son entretien au Monde, Édouard Philippe indique «  être là pour faire du Macron, pas du Juppé ». Une affirmation que lui accorde volontiers, le sénateur socialiste de Saône-et-Loire, Jérôme Durain. « Il incarne d’une certaine manière la trahison Macron qui proposait ni droite ni gauche pour finalement se retrouver avec une nouvelle droite qui est arrivée au pouvoir (…) cette année passée ne me parait pas utile pour la France ».

Le groupe PS du Sénat a longtemps été divisé sur la position à tenir vis-à-vis d’Emmanuel Macron, après un an de quinquennat, il en est toujours ainsi. « J’aimerais voir quelques signaux en faveur de la politique sociale » demande la sénatrice Françoise Cartron qui qualifie « d’erreur » la baisse des APL et « de mesure de gauche » la suppression partielle de la taxe d’habitation. À l’approche des Européennes, l’ancienne vice-présidente du Sénat, se dit même potentiellement « Macron compatible ». « Je verrai le programme, l’engagement, la force pour les porter et je ferai mon choix » prévient-elle.

« La première fois que je l’ai rencontré, j’étais un peu impressionné »

François Patriat, président du groupe LAREM du Sénat, est invité à la fête d’anniversaire de première année à Matignon d’Édouard Philippe. « C’est mon chouchou ». Pourtant, il y a encore un an, le sénateur de Côte d’Or ne le connaissait pas. « La première fois que je l’ai rencontré, j’étais un peu impressionné par ce personnage. Il est grand. Il en impose. Très vite, il a su donner de la chaleur humaine à nos échanges ». François Patriat est surtout impressionné  par la bonne marche du couple exécutif qui selon lui « de mémoire de la Vème République n’a jamais aussi bien fonctionné, grâce à une confiance mutuelle et un engagement commun ». Le patron du groupe En Marche use de nombreux adjectifs qualificatifs pour présenter Édouard Philippe : « volontaire, loyal, courageux, déterminé, élégant…. »  De quoi annoncer une belle fête si ce n’est un bon quinquennat.

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Edouard Philippe: un an à Matignon
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