Une victoire à Notre-Dame-des-Landes mais des dossiers toujours en chantier sur l'énergie ou les transports: la première année de Nicolas Hulot...
Un an de Hulot et toujours des attentes
Une victoire à Notre-Dame-des-Landes mais des dossiers toujours en chantier sur l'énergie ou les transports: la première année de Nicolas Hulot...
Par Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Une victoire à Notre-Dame-des-Landes mais des dossiers toujours en chantier sur l'énergie ou les transports: la première année de Nicolas Hulot au gouvernement a souvent déçu les défenseurs de l'environnement qui continuent malgré tout de parier sur lui.
Transition énergétique, nouveaux modèles pour l'agriculture et les transports: celui qui a été pendant des années le porte-drapeau de l'écologie prône une "mutation profonde" de la société dans un monde menacé par le changement climatique. Mais après un an, pour certains le compte n'y est pas.
"C'est une année utile, mais encore insuffisante pour cranter les changements irréversibles dont parle lui-même Nicolas Hulot", commente Pascal Canfin, directeur général du WWF, l'appelant à "concrétiser" ses ambitions.
Pour lui, peu de décisions qui "engagent le gouvernement à court terme à changer de logique" ont été prises, hormis l'abandon de Notre-Dame-des-Landes, une victoire pour le ministre.
A son crédit également, la sortie annoncée du glyphosate en trois ans, malgré l'opposition du monde agricole qui doute de la possibilité de développer des alternatives à l'herbicide d'ici là.
En revanche, les ONG dénoncent le manque d'ambition du plan sur la qualité de l'air, de celui sur la rénovation énergétique des bâtiments, et surtout de la feuille de route énergétique en cours d'élaboration.
Au coeur des critiques, l'annonce en novembre, par le ministre en personne, du report à après 2025 de l'objectif de baisse à 50% de la part du nucléaire dans la production d'électricité. "EDF a totalement repris la main sur le ministère", dénonce l'eurodéputé EELV Yannick Jadot.
"Il y avait une immense promesse avec Nicolas Hulot, mais finalement, malheureusement comme d'habitude, l'ambition s'arrête aux discours et surtout là où commence l'intérêt des lobbies", poursuit-il.
- "Comme le messie" -
Le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, debout au sommet d'une éolienne, à Juillé, dans la Sarthe, le 8 janvier 2018
POOL/AFP
Comme pour ses prédécesseurs, "c'est une bataille permanente, mais il est trop tôt pour le juger", tempère Pascal Canfin, appelant à attendre la fin des discussions sur la feuille de route énergétique et sur les lois mobilité et alimentation pour dresser un bilan.
En octobre, le ministre, qui a régulièrement démenti des rumeurs de démission, s'était lui-même donné "un an" pour juger de son utilité au gouvernement. Et "le bilan, il le fera, mais plutôt d'ici l'été quand il aura les cartes en main", explique l'un de ses proches, le député LREM Matthieu Orphelin, assurant qu'il "est lucide sur les avancées et les reculs".
"Tant que je suis en situation de créer les conditions irréversibles de la transition écologique, je reste", insistait il y a quelques jours l'intéressé.
Celui qui assure que ce poste sera "son ultime expérience politique" ne semble pas avoir été affecté politiquement par un article très critique révélant qu'il avait fait l'objet en 2008 d'une plainte pour viol - qu'il a nié -, classée sans suite pour cause de prescription.
Mais a-t-il du poids au sein du gouvernement ? "Les marges de manœuvre des ministres de l'Ecologie au sein de gouvernements qui ne le sont pas sont toujours limitées", estime l'ancienne ministre de l'Environnement Delphine Batho dans Le Monde.
Il a du poids "mais il n'en joue pas" pour l'instant, commente Simon Persico, professeur à Sciences-Po Grenoble, qui note que sur la transition agricole ou les énergies renouvelables, "on reste dans des trajectoires similaires à ce qui se passait avant".
Mais même si son "capital politique s'est érodé", tout comme sa cote de popularité, depuis qu'il a dit oui à Emmanuel Macron, le ministre "sait combien il vaut". "Quand il voudra taper du poing sur la table, il vaudra cher", poursuit Simon Persico.
En attendant, les défenseurs de l'environnement patientent, persuadés que personne ne pourrait faire mieux que lui.
"Nicolas Hulot, c'est Godot. Les gens l'attendent un peu comme le messie, en ne lui en voulant jamais de son inaction et en espérant qu'il fera mieux la prochaine fois", résume le chercheur.
Le Sénat devrait, sans surprise, retoquer la suspension de la réforme des retraites, comme promis par la majorité de la droite et du centre. « On ne peut pas rejeter sur les futures générations tout le fardeau », justifie Bruno Retailleau.
Comme annoncé, le Sénat a rétabli en séance publique le gel des pensions et des prestations sociales prévue dans la version initiale du projet de loi de la Sécurité sociale, avant d’être supprimé à l’Assemblée nationale, au grand dam de la gauche. Les sénateurs ont, toutefois, assoupli ce gel en préservant les bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et les pensions de retraite inférieures à 1 400 euros brut.
15 jours après le vote des députés sur la suspension jusqu’au 1er janvier 2028 de la réforme des retraites de 2023, la majorité sénatoriale a rejeté cette mesure au terme de débats très animés avec la gauche.
Porté par la ministre déléguée chargée de l’Egalité femmes-hommes, un projet de loi-cadre sur les violences faites aux femmes et aux enfants a été remis hier à Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu. Parmi les 53 mesures, Aurore Bergé prône un casier judiciaire vierge pour tout professionnel travaillant avec des mineurs, et met l’accent sur un meilleur encadrement du dépôt de plaintes.