Un budget à 5,3% de déficit : « Houston, we have a problem ! », alerte Roland Lescure devant le Sénat

À ce stade, les textes budgétaires, tels qu’ils ont été remaniés par les deux chambres du Parlement, accusent un écart de 11,4 milliards d’euros avec la trajectoire initialement présentée par le gouvernement, et établissent le déficit à 5,3% du PIB. Un seuil « qui ne passe pas » a averti le ministre de l’Economie devant le Sénat, à quelques jours d’une commission mixte paritaire qui doit permettre aux sénateurs et aux députés d’accorder leurs violons sur le projet de loi de finances pour 2026.
Romain David

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Le ministre de l’Economie appelle les sénateurs à revoir l’addition. « Houston, we have a problem ! », a réagi Roland Lescure, à l’issue du vote du projet de loi de finances pour 2026 par le Sénat, ce lundi 15 décembre. « Quand on fait les comptes des deux projets de loi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et le projet de loi de finances pour 2026, on a déficit des administrations publiques qui est aujourd’hui à 5,3 % du PIB », a-t-il relevé, un seuil « inacceptable », selon lui.

L’adoption du prochain budget par le Sénat, alors que celui-ci a été rejeté fin novembre par les députés, a permis après des mois de tractations entre les différentes forces politiques et le gouvernement, d’établir un premier chiffrage sur les perspectives budgétaires de l’année à venir. En l’occurrence, celles-ci sont bien loin de la trajectoire initialement tracée par l’exécutif. « Il faut que l’on trouve un moyen de sortir de cette ornière […] Je suis persuadé qu’on peut le faire, mais on va avoir besoin des efforts de tout le monde. » « Le budget de l’Etat, tel qu’il est entré ici, c’était un peu moins de 5 % du PIB », a souligné Roland Lescure, rappelant aux sénateurs que la Commission européenne avait émis un avis positif sur la copie initialement présenté par le gouvernement.

« 5,3 % du PIB, ça ne passe pas ! »

Le locataire de Bercy a pointé du doigt les compromis trouvés avec la gauche à l’Assemblée nationale, mais aussi ceux élaborés pendant les discussions publiques au Sénat. « Ils se sont traduits par une dégradation. Personne, ici, n’a la vertu de l’austérité budgétaire », a-t-il relevé. La dégradation des comptes s’élèverait ainsi à 11,4 milliards d’euros par rapport au projet de budget initial, avec une dépense supplémentaire de 6,3 milliards d’euros sur le budget de la Sécurité sociale, conséquence du compromis trouvé à l’Assemblée nationale, et de 5,1 milliards d’euros sur le projet de loi de finances, tel que voté par le Sénat ce lundi.

Le ministre de l’Economie a invité les élus à rectifier le tir à l’occasion de la commission mixte paritaire qui doit se tenir vendredi ; sept sénateurs et sept députés missionnés pour trouver un compromis entre les deux chambres du Parlement sur le budget. « 5,3 % du PIB avec le budget que le Sénat vient de voter, ça ne passe pas ! Vous allez devoir faire des concessions, y compris sur les recettes qui ne sont pas au rendez-vous », a encore martelé Roland Lescure, à l’adresse d’une majorité sénatoriale arc-boutée contre les hausses d’impôts. En regagnant sa place, le ministre a essuyé les sifflets de quelques élus, vraisemblablement agacés par ses remontrances.

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