Les enquêteurs ont interpellé mardi un deuxième suspect après le violent incendie vraisemblablement criminel qui a ravagé une HLM de Schiltigheim, dans la banlieue de Strasbourg, faisant un mort -un enfant de 11 ans- et 11 blessés légers, dans la nuit de lundi à mardi.
"Des éléments d'enquête ont permis le placement en garde à vue dès ce matin d'un deuxième individu", un jeune homme de 22 ans, a indiqué à l'AFP le procureur adjoint de Strasbourg Alexandre Chevrier.
La garde à vue d'un jeune homme de 23 ans, interpellé dans la nuit à proximité des lieux, a en revanche été levée, ce premier suspect ayant été "totalement mis hors de cause".
La piste criminelle "est privilégiée, mais on n'a pas encore pu faire de constatation technique compte tenu de l'état des lieux", a indiqué mardi après-midi à l'AFP Alexandre Chevrier.
"Les services de police travaillent sur les deux hypothèses, accidentelle et criminelle", a ajouté une source proche de l'enquête.
Arrivés vers place peu avant 04H00 du matin, les pompiers ont été confrontés à un incendie "très virulent" qui a embrasé l'immeuble, une maison alsacienne rénovée, abritant des logements sociaux sur deux étages, dans le centre historique de Schiltigheim. Au total, onze blessés légers ont été secourus.
Au plus fort du sinistre, une centaine de pompiers a été mobilisée.
Le jeune garçon de 11 ans a été retrouvé mort au premier étage du bâtiment, d'autres membres de sa familles étant parvenus "à échapper aux flammes en sautant par les fenêtres", selon le parquet.
Arrivé sur place en début de matinée le père de l'enfant décédé a été pris en charge par les secours, en état de choc, a constaté un journaliste de l'AFP.
"La maman souffre de la hanche, un des enfants souffre au niveau de la nuque", a précisé Dominique Schuffenecker, directeur de cabinet du préfet du Bas-Rhin.
- "Absolument inadmissible" -
La maire de Schiltigheim, Danielle Dambach, a expliqué à l'AFP que la plupart des victimes de l'incendie, dont l'enfant décédé, étaient membres d'une famille nombreuse "d'origine centrafricaine", résidant "depuis fort longtemps" dans sa commune, au moins 15 ans.
Une cellule de soutien psychologique a été déployée à la mairie où une centaine de personnes a été prise en charge. "La majorité d'entre elles retrouveront un toit dès ce soir. Une solution d'urgence dans un gymnase est actuellement mise en place en cas de besoin", selon la municipalité.
"A ce stade, on n'exclut ni l'accidentel ni l'intentionnel", a déclaré la maire. L'incendie, a-t-elle toutefois relevé, rappelle celui qui s'était déclaré le 19 août dans un autre bâtiment de la commune, où une association hébergeait des familles d'origine étrangère.
Des tags anti-migrants avaient revendiqué cet incendie quelques jours plus tard sur les murs de la mairie d'un village du Bas-Rhin. "C'est quand même bizarre. Pourquoi d'un coup des communs d'immeubles prennent feu au milieu de la nuit?", s'est interrogée Mme Dambach, appelant à "arrêter cette escalade".
Dans un communiqué, le maire de Strasbourg, Roland Ries, avait jugé mardi matin "absolument inadmissible" l'incendie de Schiltigheim, "vraisemblablement d'origine criminelle" selon lui.
"Depuis plusieurs mois maintenant, j’observe avec consternation un déferlement d'actes malveillants à Strasbourg et dans le Bas-Rhin. Tags racistes et antisémites, incendies criminels, autant de gestes détestables que je condamne avec fermeté", a-t-il affirmé.
Plusieurs associations ont d'ores et déjà annoncé une marche blanche samedi en hommage au jeune garçon tué et "pour dire stop au racisme".
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