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Un « groupe d’opposition, mais d’abord de proposition » : les écologistes veulent peser sur les rapports de force au Sénat

Ce jeudi 3 octobre, quelques heures avant le choix définitif d’affiliation politique des sénateurs, le groupe écologiste, solidarité et territoires organisait sa rentrée au Palais du Luxembourg. L’occasion de détailler les principaux dossiers que les sénateurs et sénatrices écologistes comptent porter au cours de la session parlementaire.
Henri Clavier

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Avant de détailler leurs propositions, les élus écologistes se félicitent de la forte progression enregistrée par le groupe. « Pour l’instant nous sommes 17 », sourit le président du groupe Guillaume Gontard qui enregistre cinq renforts dans son groupe mais qui, quelques minutes avant la clôture de l’inscription des sénateurs au sein de leur groupe politique, espérait encore en compter davantage. Alors que le groupe écologiste au Sénat avait disparu en 2017, ces derniers avaient effectué leur retour dans la Chambre haute en 2020, avec douze sénateurs, forts de leurs succès obtenus aux élections municipales de 2020 (retrouvez ici le portrait des nouveaux entrants).

« Le plus gros groupe écologiste au Sénat »

Directement, Guillaume Gontard a souligné le succès électoral du groupe rappelant que ce « groupe élargi est le plus gros groupe écologiste au Sénat », un résultat que le sénateur de l’Isère perçoit comme le « fruit d’une implantation des écologistes dans les territoires ». Autre motif de satisfaction pour les écologistes, l’élection de la benjamine du Sénat, Mathilde Ollivier, 29 ans, représentante des Français de l’étranger. Pour Guillaume Gontard, ces résultats sont le signe que le groupe « se construit, se renforce, se féminise, se rajeunit et surtout s’inscrit dans la durée » avant d’ajouter que « l’un des objectifs était un groupe quasi paritaire ». Quatre femmes viennent consolider le groupe écologiste et portent le nombre de sénatrices du groupe à sept.

Au coude à coude avec le groupe communiste en termes d’élus (le groupe Communiste devrait en compter 17 ou 18), les écologistes enregistrent la plus forte progression parmi les groupes du Sénat. Alors que le nombre d’élus de gauche augmente au sein de la Chambre haute et tutoie les 100 sénateurs, la percée aurait pu être plus importante en cas d’alliance avec La France Insoumise (LFI) qui n’est toujours pas représentée au Sénat. Si, comme l’avait indiqué Marine Tondelier, les écologistes étaient favorables à des listes communes avec LFI, Guillaume Gontard pointe un « contexte différent au Sénat, où le travail entre les groupes de gauche a toujours existé et fonctionné ».

Inverser le rapport de force au Sénat

Outre la progression de la gauche, Guillaume Gontard s’étonne « qu’on ne parle pas de l’autre grande nouvelle des sénatoriales, le recul de la droite ». En effet, si le groupe LR est toujours le groupe majoritaire, la droite perd une dizaine de sénateurs compte désormais 133 sénateurs dans ses rangs. Une opportunité pour le groupe de peser davantage dans les négociations avec le gouvernement, pour l’heure préemptées par la droite et le centre.

« Le Sénat est devenu une chambre de négociation entre la majorité sénatoriale et le gouvernement », déplore Guillaume Gontard. La large majorité sénatoriale bénéficie, depuis les dernières élections législatives et l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, d’une marge de négociation importante avec le gouvernement. La droite sénatoriale a, par exemple, obtenu l’introduction de l’index senior lors de la réforme des retraites ou le conditionnement du RSA à quinze heures d’activités

Un groupe écologiste prêt à bousculer les équilibres

« Le rapport de force va changer au sein de la droite », annonce le président du groupe qui entend bien saisir cette opportunité pour former des majorités ponctuelles au sein de l’hémicycle. « La taxation des superprofits a aussi été portée par des centristes », rappelle Guillaume Gontard qui définit les écologistes comme un « groupe d’opposition mais d’abord de proposition ». Des propositions qui ne devraient pas tarder à être formulées puisque le sénateur du Rhône, Thomas Dossus, assure qu’ « un travail va être engagé sur le projet de loi de finances pour montrer que l’on peut faire mieux qu’une augmentation de sept milliards pour le budget dédié à la transition écologique ».

Peu satisfait par la planification écologique présentée par Emmanuel Macron le 25 septembre, le contre budget écologiste doit inclure de « nouvelles recettes sur les comportements polluants, avec, par exemple, une fiscalité plus importante sur les billets d’avion », explique Thomas Dossus. « On fera ce travail de démonstration qu’un budget écologiste est possible », conclut Guillaume Gontard. Parmi les autres priorités du groupe, la nouvelle entrante, Anne Souyris, sénatrice de Paris, entend répondre à « la précarité sociale et environnementale ». L’élue de la capitale propose notamment la mise en place d’un revenu universel pour les étudiants et de revenir sur l’autorisation du glyphosate.

Révisions sous tension ?

Enfin, les sénateurs et sénatrices du groupe GEST pourraient se montrer particulièrement investis sur une éventuelle révision de la Constitution. Alors qu’Emmanuel Macron a ouvert la porte à  une forme d’autonomie de la Corse, le sénateur Paulu Santu Parigi estime qu’il s’agit du « moment ou jamais pour s’engouffrer dans cette ouverture et permettre la reconnaissance du peuple corse et d’un pouvoir normatif ».

En parallèle, les écologistes espèrent que le gouvernement tienne sa promesse et inscrive le droit à l’Interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. La sénatrice Mélanie Vogel, représentante des Français de l’étranger, avait été à l’initiative, l’automne dernier, d’une proposition de loi constitutionnelle sur le sujet. Amendé par Philippe Bas, le texte avait finalement été adopté par le Sénat, mais dans des termes différents qu’à l’Assemblée nationale. Si Mélanie Vogel regrette « l’absence d’annonce pour la journée internationale pour le droit à l’avortement [le 28 septembre] », cette dernière estime que « la majorité au Sénat n’a aucune raison d’avoir régressé sur cette question » et se dit prête à faire le jeu de la navette parlementaire si le gouvernement ne présente pas rapidement un projet de loi constitutionnelle.

La révision de la Constitution n’étant pas chose aisée (puisqu’elle nécessite trois cinquièmes des votes du Congrès), l’exécutif pourrait être tenté de regrouper plusieurs sujets au sein d’un même texte. « Il faut des projets séparés. On ne pourrait pas accepter qu’un même projet regroupe des choses qui n’ont rien à voir. Si le gouvernement décidait de mettre les deux projets ensemble, il pourrait également rajouter d’autres éléments. Donc si c’est pour y inclure des choses comme le retour sur l’interdiction du cumul des mandats, évidemment c’est non », tranche Mélanie Vogel.

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