La séquence semble close, puisque le gouvernement a promis de mettre la proposition de loi sénatoriale interdisant le port du voile dans les compétitions sportives à l’agenda de l’Assemblée nationale. Il n’en reste pas moins que Gérald Darmanin a mis sa démission dans la balance pour appuyer le texte et que la séquence a laissé des traces au sein du gouvernement entre un pôle Retailleau / Darmanin, et un pôle Borne / Barsacq (voir notre article). « J’attache une grande importance au fait de faire son travail et de ne pas trop se disperser : chaque petite déclaration peut nous détourner de notre objectif », tente de rappeler ce matin Laurent Marcangeli.
« Je vois des déclarations dans la presse qui sont parfois plus dures que ce qu’Édouard Philippe peut dire »
Le ministre de la Fonction publique admet que « chacun communique comme il le veut », mais « fait [sienne] » la doctrine de Jean-Pierre Chevènement : un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne. « Je ne suis pas un grand admirateur de Jean-Pierre Chevènement en tant que Corse, mais à titre personnel, je ferme ma gueule et si jamais je dois démissionner je démissionnerai. Et je n’ai par ailleurs pas de jugement à porter sur la communication de mon ami Gérald Darmanin qui communique comme il l’entend », détaille-t-il. Sur le fond, Laurent Marcangeli est parfaitement aligné avec Gérald Darmanin et Bruno Retailleau, et soutient cette « initiative parlementaire ». « Le gouvernement n’a pas à empêcher le Parlement de légiférer », explique-t-il.
Mais l’ancien président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale appliquera-t-il ces rappels à l’ordre à l’encontre de son propre camp ? Dimanche à Lille, Édouard Philippe a chargé François Bayrou sans cacher ses ambitions pour 2027 (voir notre article). « Si demain Édouard Philippe décide d’être dans l’opposition vous ne me recevrez pas en tant que ministre », admet le ministre de la Fonction publique, qui retourne les critiques aux autres membres du « socle commun » : « Quand je me compare, je me rassure. Je vois des déclarations dans la presse qui sont parfois plus dures que ce qu’Édouard Philippe peut dire. Il ne remet pas en cause l’action de François Bayrou, mais déplore simplement que la situation politique dans laquelle nous nous trouvons rende difficile de poursuivre les grands sujets de transformation dont le pays a besoin. »