Sylvie Goulard et Richard Ferrand ne feront plus partie du gouvernement demain. Et ces deux départs pourraient en précéder d’autres. Plusieurs enquêtes en cours pourraient transformer ce simple remaniement technique en vrai chambardement.
Un nouveau gouvernement plus remanié que prévu
Sylvie Goulard et Richard Ferrand ne feront plus partie du gouvernement demain. Et ces deux départs pourraient en précéder d’autres. Plusieurs enquêtes en cours pourraient transformer ce simple remaniement technique en vrai chambardement.
« Mon sentiment est que vous retrouverez certainement la totalité des membres du conseil des ministres qui étaient présents ce matin ». Raté. La semaine dernière, lors du point presse hebdomadaire du conseil des ministres, Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement avait balayé l’hypothèse de prochains départs au sein de l’exécutif. Une semaine plus tard, alors que la totalité des ministres engagés dans les législatives ont été élus, une vague(lette ?) de départs est en préparation.
C’est d’abord Richard Ferrand, l’actuel ministre de la Cohésion des Territoires qui va quitter son poste un mois après son arrivée. Empêtré dans une affaire immobilière, le secrétaire général de la République en Marche se voit proposer par Emmanuel Macron un atterrissage en douceur à l’Assemblée nationale, où il devrait prendre la tête du groupe LREM.
Invité de BFM ce mardi matin, le Premier ministre Edouard Philippe, confirme qu’il n’est « pas impossible » que le gouvernement, comprenne de nouveaux membres appartenant aux Républicains (LR).
D’autant qu’il va y avoir de la place puisque nonobstant l’arrivée de nouveaux secrétaires d’Etat, c’est Sylvie Goulard la ministre des Armées qui annonce son départ du gouvernement quelques minutes après l’interview du premier ministre. Visée, comme ses collègues François Bayrou et Marielle de Sarnez, par une enquête préliminaire concernant la légalité d’emplois d’assistants parlementaires MoDem, Sylvie Goulard fait part, dans un communiqué, de son souhait « d’être en mesure de démontrer librement » (s)a bonne foi ». « Le Président de la République a entrepris de restaurer la confiance dans l’action publique, de réformer la France et de relancer l’Europe. Cette entreprise de redressement doit l’emporter sur toute considération personnelle. C’est pourquoi j’ai demandé au Président de la République, en accord avec le Premier ministre, de ne plus faire partie du Gouvernement » ajoute-elle.
De quoi mettre la pression sur les deux autres ministres MoDem. La vice-présidente du parti, Marielle de Sarnez ouvre la porte à un éventuel départ de l’exécutif. « Tout est ouvert pour moi, ma mission au gouvernement ou la présidence du groupe MoDem à l'Assemblée » déclare-t-elle. Quant à François Bayrou, dont Edouard Philippe a réaffirmé qu’il avait « vocation à rester au gouvernement », il a simplement qualifié la décision de la ministre des Armées comme étant « personnelle ». Une interprétation pas vraiment du goût de l’entourage de Sylvie Goulard : « Si les raisons de sa démission étaient 'personnelles', elle l'aurait écrit dans son communiqué (…) « C'est une européenne. Elle s'applique des règles qui peuvent étonner en France mais correspondent aux standards de beaucoup de pays » rapporte un journaliste du Figaro.
Enfin, Muriel Penicaud, la ministre du Travail pourrait, elle aussi, voir son poste menacé. En effet, des perquisitions ont été menées ce matin au siège du groupe publicitaire Havas et de l'agence nationale Business France, dans le cadre d’une enquête préliminaire pour favoritisme, complicité et recel de favoritisme concernant l'organisation d'un déplacement en janvier 2016 à Las Vegas d'Emmanuel Macron, à l’époque ministre de l'Économie. Business France, l'organisme dépendant de Bercy chargé de l'aide au développement international des entreprises françaises, était alors dirigé par l'actuelle ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
D’un petit remaniement technique, on est passé, en l’espace de quelques jours, à un chamboulement. Mercredi, avant 18H le nouvel executif sera connu. Le Conseil des ministres est reporté à jeudi.
A 48 heures de la réunion de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances, le ton est monté d’un cran entre le gouvernement et la droite sénatoriale qui refuse d’endosser la responsabilité d’un niveau de déficit, porté à 5,3 %. Aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, Amélie de Montchalin indique que le gouvernement a choisi « en conscience de travailler avec le Parti socialiste ».
Au Sénat, la majorité de droite le répète à l’envi : elle n’est pas responsable de la copie du budget portant le déficit à plus de 5% du PIB. Et les rappels à l’ordre du ministre de l’Économie lundi n’ont pas plu aux élus de la Chambre haute.
Lors des questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le Premier ministre Sébastien Lecornu a longuement détaillé la stratégie de l’exécutif pour lutter contre la crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a appelé au soutien des vétérinaires menacés, car en charge des « dépeuplements » des bovins affectés.
Le président du groupe LR au Sénat a fait part de la colère de ses troupes lors des questions au gouvernement, après que le ministre de l’Économie a pointé du doigt la responsabilité du Sénat dans la dégradation du projet de loi de finances. Le Premier ministre a indiqué que ses ministres faciliteraient les compromis, à deux jours de la commission mixte paritaire.