« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » : retour remarqué de Bruno Le Maire au Sénat

Le ministre de l’Économie, l’un des moins assidus au Sénat lors des questions au gouvernement, a été accueilli avec une clameur ironique ce mercredi lorsqu’il a pris la parole sur la souveraineté industrielle de la France.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« La parole est au ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, M. Bruno Le Maire » : cette invitation, Gérard Larcher a eu peu d’occasions de la prononcer au cours de cette session parlementaire. Lorsque Bruno Le Maire s’avance vers le micro, ce 24 novembre, l’hémicycle du Sénat manifeste bruyamment sa surprise et célèbre faussement la venue du ministre. « Ahhhhhh. » Il faut dire que Bruno Le Maire, prolifique en librairie, a brillé par son absence au cours des derniers mois. Il y a deux semaines, son compteur n’affichait qu’une participation à trois des 36 séances de questions au gouvernement de la session. La présidente de la commission des affaires économiques, Sophie Primas, n’avait pas manqué de lui rappeler de façon piquante lors d’une récente audition.« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé », réplique donc avec humour ce mercredi, Bruno Le Maire, citant Lamartine. Le ministre était interrogé par la sénatrice centriste Valérie Létard sur les garanties que comptait apporter le gouvernement aux industries vertes. En toile de fond : l’avenir du site d’Ascoval.La sénatrice du Nord s’est félicitée de l’accord obtenu par le gouvernement : l’usine sidérurgique de Saint-Saulve a échappé à la délocalisation. Les craintes n’ont toutefois pas disparu avec la reprise du site par le groupe sidérurgiste allemand Saarstahl. Avec la hausse des prix de l’électricité, les hauts fourneaux outre-Rhin, qui carburent au charbon, apparaissent bien plus compétitifs. « Comment expliquer à nos industriels qui jouent le jeu et s’engagent dans la décarbonation que cela se fait au détriment de leur compétitivité », s’est-elle étonnée. « Votre réponse exclusivement budgétaire me semble timide, ponctuelle et sans stratégie de long terme. »« Nous avons empêché la délocalisation d’Ascoval, il n’y aura pas de délocalisation d’Ascoval, ni maintenant, ni plus tard », a assuré Bruno Le Maire. Dans la perspective de la présidence française du Conseil de l’Union européenne au semestre prochain, le ministre promet également que la France tiendra son « choix stratégique » d’une « énergie décarbonée ». L’Hexagone plaidera pour une taxe carbone aux frontières, mais aussi pour une dissociation du prix de l’électricité des prix du gaz. « La France n’a pas à payer l’augmentation des prix du gaz par une augmentation des prix de l’électricité alors qu’elle a des centrales nucléaires qui lui permettent d’avoir des coûts faibles de production électrique », met au point Bruno Le Maire.« Ne plus être uniquement dans une approche curative mais dans l’anticipation c’est la clé de notre souveraineté industrielle », réitère Valérie Létard au cours de sa réplique.

Partager cet article

Dans la même thématique

juppé Ok
9min

Politique

Présidentielle : de 1995 à 2022, que donnaient les sondages plus d’un an avant l’élection ?

Edouard Balladur élu en 1995, DSK en 2012, Alain Juppé en 2017… Et Jordan Bardella en 2027 ? Voici les résultats des élections présidentielles, si l’on était dans un monde parallèle. Celui des sondages, à 18 mois environ du scrutin. Car si les sondages peuvent donner la tendance du moment, ils ne sont pas des prédictions, l’histoire nous l’a monté. Mais parfois, ils ont aussi vu juste, très en amont…

Le

Paris: Questions au gouvernement Senat
4min

Politique

Budget 2026 : quel calendrier pour la reprise des débats ?

Après l’adoption de la loi spéciale pour assurer la continuité de l’Etat, le gouvernement devra reprendre les débats au Parlement, début janvier, pour espérer faire adopter un budget pour l’année 2026. Une opération délicate dans un paysage politique fragmenté et avec un calendrier contraint.

Le