Un voyage de Benalla au Tchad vire à l’imbroglio avec l’Élysée
Déjà empêtré dans la crise des "gilets jaunes", l'Élysée veut couper court à toute nouvelle "affaire Benalla" : mercredi , la présidence a...
Par Jérémy MAROT, Marc PRÉEL
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Déjà empêtré dans la crise des "gilets jaunes", l'Élysée veut couper court à toute nouvelle "affaire Benalla" : mercredi , la présidence a affiché sa distance avec l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron et son mystérieux voyage d'affaires au Tchad début décembre.
Débarqué de l'Élysée cet été, l'intéressé a répliqué en accusant l'entourage du chef de l'État de nuire à sa reconversion professionnelle avec des "propos diffamatoires".
Que faisait M. Benalla au Tchad début décembre et pourquoi a-t-il rencontré le président Idriss Déby avant la visite d'Emmanuel Macron à N'Djamena samedi et dimanche ? Les versions de l'Élysée et de M. Benalla concordent sur ce point : aucune mission officielle ni officieuse pour le chef de l'État.
Dans un communiqué transmis à l'AFP mercredi matin, l'ancien chargé de mission de l'Élysée, âgé de 27 ans, explique qu'il accompagnait "une délégation économique étrangère dans le cadre d'investissements qu'ils vont effectuer sur place", pour un projet industriel de 250 millions d'euros.
"Ça n'a rien à voir avec Emmanuel Macron, rien à voir avec l'Élysée", assure-t-on dans l'entourage de l'ex-responsable de la sécurité d'En Marche, en précisant qu'Alexandre Benalla a "donné un coup de main" à "quelqu'un qu'il connaît depuis 2012".
Il s'agissait de "grands patrons du Moyen-Orient (...) susceptibles de créer 3.000 emplois au Tchad, de construire des usines", a dit l'ex-chargé de mission à l'Express.
Durant sa mission à N'Djamena début décembre, le jeune expert en protection des personnalités a notamment rencontré pendant deux heures le président tchadien Idriss Deby, allié clé de la France dans les opérations antijihadistes au Sahel.
Mis en lumière lundi par le journal Le Monde, ce rendez-vous de haut niveau a soulevé des interrogations, poussant l'Élysée à une clarification. Notamment parce qu'elle a eu lieu trois semaines avant la visite du président Macron à N'Djamena, pour un réveillon de Noël ce week-end auprès des troupes françaises.
- "Je ne me tairai plus" -
"Quelles que soient les démarches qu'entreprend M. Benalla, il n'est pas un émissaire officiel ou officieux de la présidence de la République. S'il se présentait comme tel, il est dans le faux", a assuré l'Élysée à l'AFP mardi soir.
Éléments biographiques d'Alexandre Benalla, ex-collaborateur de l'Elysée mis en examen pour avoir frappé des manifestants lors du 1er mai 2018
AFP
Mais l'ancien chargé de mission n'a pas apprécié, dénonçant des propos "diffamatoires" et "calomnieux", "sous-entendant" qu'il ait pu se "prévaloir d'une fonction, d'un titre, ou d'un pouvoir aux fins de démarchages professionnels".
Selon lui, l'entourage d'Emmanuel Macron veut "saccager" ses vies familiale et professionnelle. Et il menace : "Je ne me tairai plus".
L'ancien collaborateur de l'Élysée a par ailleurs affirmé avoir "tenu informé la plus haute autorité française de l'ensemble de (s)es déplacements à l'étranger, et de leur nature".
La présidence a elle précisé mercredi à l'AFP qu'Alexandre Benalla n'a informé l'Élysée qu'après son voyage, "la semaine dernière". Sollicité, le Quai d'Orsay a précisé que M. Benalla était allé au Tchad sans prévenir "quiconque" au ministère.
Cet imbroglio remet sur le devant de la scène l'homme à l'origine de la plus retentissante affaire de la présidence Macron, accusé d'avoir outrepassé ses fonctions en participant à une interpellation musclée en marge des manifestations du 1er mai à Paris. D'abord dissimulé par l'Élysée, l'incident a conduit à la mise en examen de M. Benalla notamment pour "violences volontaires", et à une tempête politique.
Alexandre Benalla est "un personnage vraiment obscur", "toujours là où il ne faut pas", a jugé le député LFI Eric Coquerel sur LCI.
"Il faut qu'il nous explique très clairement pourquoi il est allé au Tchad, dans quelles conditions, de manière qu'on ne puisse pas supposer qu'il y a un lien entre ce qu'il fait et la démarche de Macron", a aussi estimé le député RN Gilbert Collard, sur LCI.
"Je trouve ça bien que l'Élysée clarifie sa position vis-à-vis de M. Benalla, inquiétant que M. Benalla se mette à menacer l'Elysée", a pour sa part affirmé le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde.
Pour le député de la majorité LREM Jacques Marilossian, le seul enseignement de ce voyage est que "M. Benalla n'a rien à voir avec l'Élysée, point barre".
Une élection cache l’autre, au groupe PS du Sénat, où l’élection sénatoriale de dimanche va vite laisser la place à celle pour la présidence du groupe. Le PS mise pour le scrutin sur une « stabilité, avec l’espoir d’avoir peut-être deux ou trois sièges de plus », affirme Patrick Kanner, dont la présidence est contestée par Eric Kerrouche, « candidat » pour un « renouvellement des pratiques ».
Toutes les composantes de la majorité municipale d’Anne Hidalgo se sont rassemblées sur une liste commune PS-EELV-PCF pour l’élection du 24 septembre. Objectif, ravir un huitième siège sur les 12 en jeu. La droite part elle divisée, avec trois listes. Julien Bargeton tentera de sauver le seul siège Renaissance de la capitale.
Qui sont les 1829 candidats aux sénatoriales 2023 ? La moitié des sièges du Sénat est remise en jeu dimanche, soit au scrutin proportionnel, dans les départements les plus peuplés, ou au scrutin majoritaire, dans ceux qui comptent le moins d’habitants. Retrouvez les noms de tous les candidats, partout en France, avec notre carte.
Le groupe LR n’anticipe pas de grands changements à l’issue du scrutin sénatorial dimanche. « J’attends que la majorité sénatoriale soit confortée », affirme Bruno Retailleau, président du groupe LR. « Nos divisions sont souvent délétères. C’est souvent ce qui nous fait perdre quelques sièges », met en garde le sénateur, qui doit faire face aussi à « l’émergence d’Horizons ».