« Une décision publique ne peut pas être fondée sur des critères partisans », se défend Belloubet

« Une décision publique ne peut pas être fondée sur des critères partisans », se défend Belloubet

La ministre de la Justice, auditionnée par la commission des Lois du Sénat, a précisé que la réorganisation des juridictions se ferait sur la base de critères politiques au sens large du terme. Et non des critères électoralistes, comme le laissait entendre une note de son cabinet. Elle concède cependant que ce texte était « inapproprié ».
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, est vite entré dans le vif du sujet. Abordant les questions liées à la refonte de la carte judiciaire, le sénateur LR a déclaré que les révélations du Canard enchaîné, faisant d’une note indiquant les récents scores électoraux de la République dans les juridictions qui pourraient perdre un juge d’instruction, avaient de quoi « interroger ».

Carte judiciaire : Philippe Bas interroge Nicolle Belloubet sur la note relevée par le Canard Enchaîné
02:26

La garde des Sceaux a insisté sur le fait qu’elle n’était pas à l’origine de ce document destiné à Matignon, qui était un mail de « cabinet à cabinet ». « Il n’est, pour moi, absolument pas envisageable, qu’une décision publique, concernant la justice ou concernant d’ailleurs tout autre domaine, puisse être fondée sur des critères partisans. C’est extrêmement clair, et ce serait éthiquement insupportable et ce serait démocratiquement tout à fait inadapté que de prendre des décisions sur la base de critères partisans », a-t-elle insisté.

Selon elle, la mise en œuvre de la réforme de la justice repose « sur des critères absolument objectifs même si ce ne sont pas que ces critères judiciaires ». « Dans la décision qui sera prise, ce ne sera en aucun cas une décision partisane. D’ailleurs, je vois assez mal comment nous pourrions agir ainsi », s’est-elle défendue.

« De la maladresse »

Pour autant, Nicole Belloubet a fait état d’un « petit point de désaccord » avec Philippe Bas. Car la décision doit « prendre en compte un contexte politique, au sens large du terme », d’après elle. « Dans ce sens-là, il me semble qu’une décision publique concernant par exemple l’organisation des juridictions doit effectivement tenir compte d’un certain nombre de contextes qui comportent des éléments politiques. J’entends évidemment une analyse socio-économique du territoire dans lequel sera implanté tel ou tel point d’accès au droit, tel ou tel développement de contentieux. J’entends également des contextes de distance qui peuvent exister, entre deux points où la justice est rendue », a-t-elle développé.

Les explications de la ministre, qui a convoqué l’étymologie du mot politique (issu du grec polis, la cité), n’ont, semble-t-il, pas convaincu les sénateurs. « Dans les notes dont il est question, il n’y a pas d’analyse socio-économique ni d’analyse des distances entre les tribunaux mais bien ces éléments d’ordre électoral », a commenté plus tard Philippe Bas.

Au terme de plusieurs échanges avec les membres de la commission, Nicole Belloubet a néanmoins reconnu que cette note était « inappropriée. « Pour moi, il y a de la maladresse et c’est un texte qui est inapproprié par rapport aux politiques que nous mettons en place ».

Note révélée par le Canard enchaîne : un texte « inapproprié », reconnaît Belloubet
01:19

Dans la même thématique

« Une décision publique ne peut pas être fondée sur des critères partisans », se défend Belloubet
5min

Politique

Budget : « C’est un semblant de justice fiscale, mais en réalité, ce sont les plus pauvres qui vont trinquer », selon le député PS Arthur Delaporte

Invités à débattre du budget 2025 sur Parlement hebdo, le rapporteur LR de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, et le député PS Arthur Delaporte, s’opposent sur le sujet. « Il faudra bien faire des efforts », défend le sénateur LR, quand le socialiste dénonce « un effort incommensurable ».

Le

« Une décision publique ne peut pas être fondée sur des critères partisans », se défend Belloubet
8min

Politique

Budget : « 2024 est une année noire pour les finances publiques », alerte Pierre Moscovici

Auditionné par le Sénat, le président du Haut conseil des finances publiques affirme que les hausses d’impôts prévues dans le budget 2025 ne sont pas de 20 milliards d’euros, comme le dit gouvernement, mais « de 30 milliards d’euros ». Un effort indispensable, insiste Pierre Moscovici : « Le poids de la dette permet-il encore d’agir ? Non. Quand vous avez ce niveau de dette, walou ! »

Le

« Une décision publique ne peut pas être fondée sur des critères partisans », se défend Belloubet
4min

Politique

Propos de Gabriel Attal et de Gérald Darmanin sur le budget : « Certains auraient avantage à se taire ! », tacle Claude Raynal

Ce vendredi, Claude Raynal, sénateur socialiste de la Haute-Garonne et président de la commission des finances du Sénat, était l’invité de la matinale de Public Sénat. Hier soir, le budget pour l’année 2025 a été présenté par le gouvernement. Le sénateur est revenu sur les mesures du projet de loi de finances destinées à faire des économies et a assuré que Gabriel Attal et Gérald Darmanin « auraient avantage à se taire », en évoquant leur opposition à l’augmentation des impôts.

Le