Une limitation de l’accès aux archives de l’Elysée jugée conforme à la Constitution
Le Conseil constitutionnel a jugé vendredi conforme à la Constitution une limitation, fixée par la loi, de l'accès aux archives des ancieUs...

Une limitation de l’accès aux archives de l’Elysée jugée conforme à la Constitution

Le Conseil constitutionnel a jugé vendredi conforme à la Constitution une limitation, fixée par la loi, de l'accès aux archives des ancieUs...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le Conseil constitutionnel a jugé vendredi conforme à la Constitution une limitation, fixée par la loi, de l'accès aux archives des ancieUs présidents, Premiers ministres et ministres qui était contestée par un chercheur qui s'était vu refuser la consultation d'archives de l’Élysée sur le Rwanda.

Le requérant, le chercheur François Graner, auteur d'ouvrages sur le Rwanda, reprochait à un article du Code du patrimoine de méconnaître plusieurs droits constitutionnels.

Cet article, objet de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par M. Graner, accorde aux ex-membres de l'exécutif, ou à leurs mandataires, dans les vingt-cinq années suivant leur décès, de garder une maîtrise totale sur la divulgation des documents qu'ils ont versés aux archives et ce, sans véritable recours.

Son avocat, Me Patrice Spinosi avait dénoncé à l'audience des atteintes au "droit d'accès aux archives publiques", au "droit du public de recevoir des informations d'intérêt général" et au "droit à un recours juridictionnel effectif", garantis par la Constitution.

Dans sa décision, le Conseil constitutionnel franchit une étape dans sa jurisprudence en précisant la portée de l'article 15 de la déclaration de 1789 qui donne au citoyen le droit "de demander compte à un agent public de son administration".

Il juge ainsi qu'est garanti "le droit d'accès aux documents d'archives publiques" mais qu'il est toutefois "loisible au législateur d'apporter à ce droit des limitations liées à des exigences constitutionnelles ou justifiées par l'intérêt général, à la condition qu'il n'en résulte pas d'atteintes disproportionnées au regard de l'objectif poursuivi".

En l'espèce, les sages ont jugé que les dispositions contestées "sont justifiées par un motif d'intérêt général et proportionnées à cet objectif", qu'elles "ne portent pas atteinte à l'exercice de la liberté d'expression et de communication".

Le Conseil constitutionnel estime aussi que le texte ne prive pas "la personne à qui est opposé un refus de consultation du droit de contester cette décision", même si, dans les faits, l'administration ne peut s'opposer à ce refus.

"Je ne suis pas certain que la Cour européenne des droits de l'Homme que nous allons saisir accepte qu'un recours formel devant un juge soit suffisant quand il est nécessairement voué à l'échec", a réagi auprès de l'AFP Me Patrice Spinosi pour qui les sages "ont fait prévaloir le besoin de constituer des archives, sur le droit pour des citoyens à pouvoir les consulter".

Avant la mise en place des dispositions contestées, les archives de l'exécutif étaient le plus souvent détruites, avait rappelé à l'audience le représentant du Premier ministre.

La mandataire de François Mitterrand, Dominique Bertinotti, s'est opposée à la communication des archives du président au chercheur François Graner
La mandataire de François Mitterrand, Dominique Bertinotti, s'est opposée à la communication des archives du président au chercheur François Graner
AFP/Archives

"Mais le but de notre action n'était pas d'obtenir tous les documents archivés mais simplement que leur accès soit contrôlé par une autorité indépendante et impartiale", a rappelé l'avocat.

"C'est une déception de voir la plus haute institution de notre pays consacrer cette spécificité française: le pouvoir arbitraire d'une personne privée d'ouvrir ou non des archives d'autorité publiques", a regretté pour sa part François Graner parlant d'une "décision politique".

Le 7 avril 2015, l’Élysée avait annoncé la déclassification des archives de la présidence de la République sur le Rwanda pour la période 1990 à 1995, un geste fort à l'occasion du 21e anniversaire du déclenchement du génocide rwandais, le 7 avril 1994.

François Graner avait alors saisi la direction des archives nationales pour consulter les archives de François Mitterrand. Mais il s'est vu opposer un refus, la mandataire de François Mitterrand, Dominique Bertinotti, ayant émis un avis défavorable à la communication des documents demandés.

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

Une limitation de l’accès aux archives de l’Elysée jugée conforme à la Constitution
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le