La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
« Une motion de censure semble la seule réponse dont nous disposons pour dire non au gouvernement », avertit Patrick Kanner
Par Romain David
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L’air est électrique à Matignon, comme avant une tempête. Depuis le début de la semaine, le Premier ministre Michel Barnier reçoit les présidents des groupes parlementaires, alors que l’adoption des textes budgétaires par déclenchement du 49.3 semble de plus en plus inévitable, ce qui pourrait entraîner le vote d’une motion de censure, et donc la chute du gouvernement. « Je sais depuis le premier jour qu’il peut y avoir une censure, que s’il y a une alliance de Monsieur Mélenchon aux voix de Marine Le Pen et les voix du PS et des Verts, le gouvernement tombe. Il faudra reprendre les discussions, il y aura une tempête assez grave sur les marchés financiers », a averti le chef du gouvernement mardi soir sur TF1.
Ce mercredi, c’est au tour des chefs de file socialistes d’être reçus par le Premier ministre. « Leur responsabilité est inouïe », a estimé Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement, au sortir du Conseil des ministres. Elle les a appelés à « relever la tête et à se défaire de leurs liens, aujourd’hui, avec La France insoumise ».
« Qu’elle balaye d’abord devant sa porte. Si on en est là aujourd’hui, c’est parce que quelqu’un qu’elle connaît bien, qu’elle soutient, à savoir Monsieur Macron, a dissous de manière irresponsable dans un caprice vengeur d’homme vexé, le 9 juin dernier », a réagi Patrick Kanner, le patron des élus socialistes du Sénat, au micro de Public Sénat.
« Nous ne serons pas les otages de cette situation politique »
« Nous allons écouter le Premier ministre, mais il est hors de question qu’on nous passe le mistigri sur une éventuelle motion de censure », avertit l’élu du Nord. « Monsieur Barnier est monté sur un bateau ivre, avec des rameurs qui rament dans tous les sens. Son socle commun n’a de commun que le nom », épingle Patrick Kanner à propos des nombreux désaccords que la copie budgétaire a fait naître au sein du bloc central, notamment entrer la droite et les macronistes. « Nous ne serons pas les otages de cette situation politique, qui est tout à fait inédite. »
« Ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui, au moment où je vous parle, une motion de censure semble la seule réponse dont nous disposons pour dire non au gouvernement », lâche Patrick Kanner. Reste à savoir si le RN, en capacité de renverser la table, joindra ses voix à celles de la gauche pour faire tomber l’exécutif.
L’hypothèse d’un rapprochement entre les socialistes et les macronistes
Interrogé sur l’après, en cas d’échec du gouvernement Barnier, Patrick Kanner appelle à faire vivre le « front républicain » mis en œuvre aux législatives. « Ce front républicain va plus loin que le Nouveau Front populaire (NFP). Et moi, je souhaite qu’effectivement nous trouvions les moyens et les voies pour éviter une nouvelle censure si censure il y a en décembre », explique le sénateur qui évoque à mi-mot la nécessité d’échanger avec d’autres groupes politiques au-delà des rangs de la gauche, comme les macronistes, une piste déjà évoquée par le député PS Boris Vallaud. « Nous sommes prêts à ce qu’ils viennent discuter avec nous », glisse le sénateur. Une option qui reste fermement rejetée par ses partenaires insoumis.
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