Une (petite) fête du drapeau RN pour ranimer les militants
Drapeaux, ballons et quelques porte-clefs. On était loin des fêtes Bleu-blanc-rouge de Jean-Marie Le Pen dimanche à Mantes-la-Ville (Yvelines)...
Par Anne RENAUT
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Drapeaux, ballons et quelques porte-clefs. On était loin des fêtes Bleu-blanc-rouge de Jean-Marie Le Pen dimanche à Mantes-la-Ville (Yvelines) où sa fille Marine Le Pen a tenté de ranimer des militants sonnés par l'échec à la présidentielle et un parti mal en point.
"Ni optimiste, ni pessimiste" sur son parti du Rassemblement national (RN), très endetté et visé par plusieurs affaires, Martin, 52 ans, assure que "si on arrête le combat, on est sûr de perdre".
Cet enseignant en maths de Paris insiste sur la "liberté d'expression", qui n'existe pas "dans la Chine communiste ou dans les pays musulmans".
Il ne veut pas "que l'Europe devienne un continent islamique", et défend une Europe aux "racines chrétiennes".
Près de lui, un stand vend quelques objets siglés Rassemblement national et des mugs "j'y étais" pour ceux qui sont venus au congrès de mars. Mais rien à voir avec l'opulente boutique du temps du père, ou l'objet fétiche était la cravate.
Marine Le Pen à la tribune lors de la Fête du drapeau du RN, le 23 septembre 2018 à Mantes-la-Ville
AFP
Les fêtes BBR avaient été lancées en 1981 pour rivaliser avec la fête de l'Huma. Elles ont pris fin en 2006. Depuis, le parti a exclu Jean-Marie Le Pen, cofondateur, en 2015 pour ses propos sur les chambres à gaz, et a changé de nom en juin.
Amaury, 25 ans, est venu d'Orléans pour passer "du bon temps" et se "remémorer les bons souvenirs de la campagne" présidentielle. Il reconnaît que ce "temps sans élection" n'est pas propice au militantisme. "On attendait, mais aujourd'hui on est plein d'espoir pour les européennes".
D'une autre époque, Antoine Baldacchino, ancien parachutiste de l'Algérie française, a connu Jean-Marie Le Pen et milite depuis la création du parti en 1972. Il apprécie "l'ambiance conviviale". Mais il est très en colère contre le récent hommage rendu au militant du FLN Maurice Audin, torturé par l'armée française.
Il veut que le RN sorte "premier" aux européennes "et que les autres ferment leur gueule".
"Un commissariat plutôt qu'une mosquée"
Olivier Besnard, conseiller municipal d'une petite ville du Loir-et-Cher, Mer (6.500 habitants), est venu "voir une ville gérée par le RN", parce qu'il espère gagner aux municipales "dans deux ans".
"On n'a jamais été au pouvoir, mais laissez-nous montrer ce qu'on est capable de faire. Et si on est aussi mauvais que les autres, j'arrête la politique", promet-il.
Aux européennes, il veut mettre "un grand coup de pied dans la fourmilière".
Jean-Luc Boitel, 62 ans, une cocarde tricolore sur son tee-shirt, "n'a pas vu beaucoup de choses changer", y compris avec son ancien parti, le PCF, pour lequel il a milité 30 ans "pour rien".
Marine Le Pen à la tribune lors de la Fête du drapeau du RN, le 23 septembre 2018 à Mantes-la-Ville
AFP
Cet ouvrier retraité de Mantes-la-Ville veut du "changement". "On m'a enlevé 30 euros sur ma retraite et le gasoil a augmenté", dit ce militant qui a adhéré en février 2017. Quand les étrangers "font une connerie, il faut les renvoyer chez eux".
Quand le maire Cyril Nauth lui a demandé de choisir entre la construction d'un commissariat et celle d'une mosquée, il a choisi le commissariat "parce qu'une mosquée ce n'est pas la France".
Jeune militant de la Vienne, Arnaud Fage, 29 ans, ancien militant du PS, attend du RN des "objectifs clairs sur l'immigration massive et la dérégulation", ainsi que "pour la ruralité". Mais il n'est pas déçu par la présidentielle de 2017, parce que le record de 11 millions de voix "c'est une avancée". Pour lui, "le combat continue et se gagne étape par étape".
A la tribune, Marine Le Pen a invité ses militants à "ne pas (se) laisser intimider" par les affaires et à brandir le drapeau français "symbole de liberté, en ces temps de dictature larvée", sans "jamais fléchir, sans jamais faillir". "Marine, présidente", ont scandé ses partisans.
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