Le gouvernement pourra-t-il se passer d’un recours au 49.3 pour faire adopter sa réforme des retraites ? Les yeux du camp présidentiel sont largement rivés vers les députés Les Républicains, clefs d’un vote positif sur ce texte hautement polémique. Alors que le groupe piloté par Olivier Marleix a été animé de vives frictions lors de l’examen avorté de la réforme en février, reste à savoir si la commission mixte paritaire (CMP) qui se tiendra jeudi pourra accoucher d’une version capable de rassembler l’ensemble des LR. « J’ai bon espoir qu’il y ait un vote, et donc une capacité à faire en sorte que les LR puissent voter largement, même si tout le monde ne la vote pas. On n’est jamais sûr de faire le plein de voix », a commenté ce mardi 14 mars, au micro de Public Sénat, le député Éric Woerth, lui-même ex-LR passé chez les macronistes en marge de la dernière présidentielle.
« Laurent Wauquiez, visiblement, ne veut pas de ce texte »
« Le gros du problème sera chez LR, puisqu’on nous annonce parfois un tiers de députés ne votant pas sur 60 LR, soit une vingtaine. C’est tout à fait considérable », admet cet ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy. « Je vois qu’il y a des agitations : les camarades d’Aurélien Pradié, qui sont très peu nombreux. Après, il y a tout ceux qui veulent soutenir Laurent Wauquiez et qui ne veulent pas voter », pointe notamment Éric Woerth. « Laurent Wauquiez, visiblement, ne veut pas de ce texte. J’ai connu un Laurent Wauquiez plus actif, s’il voulait de ce texte il leur demanderait de le voter. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. »
« On voit bien que cette réforme des retraites devient un terrible alibi pour tous ceux qui veulent prendre le pouvoir chez les Républicains », observe encore le député de l’Oise. Il accuse ainsi certains responsables de son ancienne famille politique de vouloir capitaliser en faisant monter les enchères autour de ce projet de loi. « Ce ne sont que des sujets internes d’ambitions et de projections personnelles vers les élections de 2027, tout cela au détriment d’une réforme que les Républicains auraient fait eux-mêmes s’ils avaient été au pouvoir, peut-être même plus dure. »
« Madame Panot, comme d’autres, est accro des réseaux sociaux »
Par ailleurs, plusieurs membres de la Nupes, notamment le député socialiste Boris Vallaud, ont fait savoir qu’ils souhaitaient que les échanges de la commission mixte paritaire, qui se tiennent traditionnellement à huis clos, soient rendus publics. Lundi soir, sur notre antenne, Mathilde Panot, la présidente du groupe La France insoumise, qui fera partie des membres de cette CMP, a menacé de faire « fuiter » son contenu. « La Nupes est totalement dans la communication », s’agace Éric Woerth. « Eux veulent empêcher les négociations d’aboutir, ce sont des propositions tout à fait inacceptables ! »
« Madame Panot, comme d’autres, est accro des réseaux sociaux, ils veulent sans arrêt y voir leur image. Ils sont d’un égotisme complètement dingue », dénonce l’élu. « Ils en ont fait une culture. Il n’existe pas par leurs idées, qui sont égales à zéro, uniquement par l’image qu’ils ont envie de donner, une image de polémique. »
« Pourquoi cela n’est pas public ? », poursuit Éric Woerth. « Pour la sérénité des débats, cela permet de regarder objectivement les choses, essayer de trouver, parfois dans un débat long, de bons compromis. Tout cela sous la pression des caméras et d’un public donnera la même chose qu’à l’Assemblée », avertit notre invité.