Le premier tour des législatives chez les Français établis hors de France a été marqué par une faible participation et des scores très élevés pour les candidats de la majorité présidentielle.
Par Guillaume Jacquot (Sujet vidéo : Jérôme Rabier)
Temps de lecture :
6 min
Publié le
Mis à jour le
Les quelque 1,3 million de Français inscrits sur les listes électorales consulaires étaient appelés à voter pour le premier tour des élections législatives les 3 et 4 juin et à renouveler leurs 11 députés. Un scrutin avancé d'une semaine par rapport aux départements, en raison des délais d'acheminement de la propagade électorale sous format papier dans ces territoires très vastes.
Dans ces onze circonscriptions, où sont inscrits 2,6% du corps électoral, les candidats de la République en Marche (LREM) ont été placés en tête dans la quasi-totalité d’entre elles, avec dans la plupart des cas de très larges avances sur leurs adversaires, selon les résultats publiés par le ministère des Affaires étrangères.
Effritement de la participation par rapport à 2012
Les chiffres peuvent paraître bas mais ils sont à relativiser par rapport au scrutin antérieur. Comme en 2012, les onze élections chez les Français établis hors de France ont été marquées par une faible participation. À l’échelle des onze circonscriptions, elle atteignait 19,1%, contre 20,7% lors des législatives de 2012. Le recul est particulièrement marqué dans la cinquième circonscription (Espagne et Portugal), avec une baisse de -4,4 points, et dans la huitième (Turquie, Grèce, Chypre, Israël, territoires palestiniens), avec un recul de 4,0 points.
Les modalités de la participation ont toutefois évolué en cinq ans. Début mars, le ministère des Affaires étrangères avait pris la décision de suspendre le vote électronique pour ces législatives, compte tenu du « niveau de menace extrêmement élevé de cyber-attaques ». 717 bureaux de vote sur 450 sites étaient ouverts dans le monde, mais l’étendue des circonscriptions complique les consultations électorales. Quant aux votes par correspondances, ils devaient être réceptionnés les 1er et 2 juin au plus tard.
Le député sortant d’Amérique du Nord Frédéric Lefebvre (LR-UDI), arrivé 2e dans sa circonscription avec 14,53%, a dénoncé sur sa chaîne Youtube un vote « confisqué » et un « sabotage du vote par correspondance » :
« Vous êtes plus de 30 000 à avoir été empêchés de voter par correspondance. Vous vous étiez inscrits nombreux (…) 6 000 d’entre vous ont vu leur vote par correspondance enregistré. »
« Les Français de l’étranger méritent-ils encore des députés », s’est demandé sur son affiche de second le député sortant LR Alain Marsaud, candidat à sa succession dans la 10e circonscription (Afrique de l’Est et du Sud). Ayant réuni 19% des voix sur son nom, le candidat est en danger.
Les candidats LREM en ballotage favorable dans la plupart des cas
Français de l'étranger : résultats du 1er tour
AFP
Les résultats des scrutins des 3 et 4 juin marquent le prolongement de la présidentielle. Auprès de ces électeurs vivant hors de France, Emmanuel Macron avait réuni plus de 40% des suffrages exprimés lors du premier tour de la présidentielle. Ce week-end, tous ses candidats sont arrivés en tête, à l’exception de la neuvième circonscription (Afrique du Nord et de l’Ouest), où aucun candidat n’a été investi par le mouvement.
Dans huit circonscriptions, les candidats LREM ont obtenu plus de 50% des suffrages exprimés et sont en ballotage favorable. Comme aucun n’a obtenu plus de 25% des voix des inscrits, des seconds tours auront lieu dans les 11 circonscriptions. Dans la deuxième circonscription (Amérique latine), avec 43% des voix, la candidate LREM (Paula Forteza) a obtenu 20 points d’avance sur le député sortant Sergio Coronado, soutenu par les écologistes et la France insoumise.
Bataille d’affiches dans la 9e circonscription
Dans la neuvième circonscription (Afrique du Nord et de l’Ouest), deux candidats qui revendiquent l’étiquette présidentielle, mais qui n’ont pas obtenu officiellement l’investiture LREM, sont qualifiés au second tour : la sénatrice de Paris Leila Aïchi (20,29%), suivie de près par M’Jid El Guerrab (18,93%). Avec 27 candidats en lice, cette circonscription comportait le plus grand nombre de candidats.
« Je propose donc d'engager une nouvelle campagne sur de nouvelles bases, projet contre projet. La seule différence avec ma compétitrice c'est que j'ai officiellement le soutien de mon parti (par la voix de sa présidente Madame Barbaroux dans un courriel aux électeurs daté de vendredi 2 juin 2017) et surtout, pour ce second tour, j'ai obtenu le droit d'utiliser officiellement le logo... »
Le candidat menace sa « compétitrice » d’un recours juridique en cas d’ « utilisation abusive du logo de La République En Marche » pour le second tour.
Dans son communiqué publié la veille, Leila Aïchi, bien qu’ayant perdu l’investiture LREM, se présente toujours comme « candidate La République en Marche » et « la candidate d’Emmanuel Macron ». L’actuelle sénatrice de Paris (MoDem siégeant au groupe écologiste) dénonce une campagne pour le premier tour « émaillée par de nombreuses manœuvres politiciennes ».
De nombreux députés sortants en danger
Le deuxième tour semble en revanche très ouvert dans la huitième (Grèce, Chypre, Turquie, Israël et territoires palestiniens) où les deux finalistes sont au coude-à-coude : Florence Drory (LREM) est arrivée en tête, avec 36,7% des voix, contre 35,5% pour Meyer Habib, le député sortant (LR-UDI).
À l’image de Frédéric Lefebvre, de nombreux députés sortants sont menacés. Résigné, Thierry Mariani ne semble plus croire à sa réélection dans la grande circonscription de l’Asie. Distancé nettement au premier tour par la candidate LREM Anne Genetet (54,11%), qui a réalisé un score trois fois supérieur, l’ancien ministre des Transports a actualisé sa biographie sur Twitter en inscrivant « bientôt libre ! » sur sa localisation.
L’ancienne secrétaire d’État Axelle Lemaire est également en grande difficulté en Europe du Nord (33 circonscription). Avec 9,83% des voix au premier tour, très loin devant les 57,8% d’Alexandre Holroyd (LREM), la socialiste obtient le score le plus faible parmi les 22 candidats qualifiés chez les Français de l’étranger. Dimanche, elle a déclaré sur Twitter qu’elle ne communiquerait pas les résultats :
Le second tour des élections législatives pour les Français établis hors de France se tiendra les 17 et 18 juin.
Invité de la matinale de Public Sénat, le vice-Président du Rassemblement national et député du Nord Sébastien Chenu a réagi à l’échec d’une nouvelle motion de censure déposée par les Insoumis contre François Bayrou, lundi 10 février. Pour le parlementaire, faire tomber le gouvernement n’a pas d’intérêt tant qu’Emmanuel Macron ne peut pas dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale.
En clôture de la première journée du sommet sur l’intelligence artificielle, le président de la République a affirmé que la France était « de retour dans la course » à l’innovation. Energie décarbonée, formations d’excellence… Emmanuel Macron appelle les investisseurs à privilégier la France, face aux Etats-Unis.
Les sénateurs des différents partis du bloc central estiment nécessaire d’engager une réflexion sur la possibilité d’une candidature commune pour la prochaine présidentielle, afin de limiter le risque d’éparpillement. En revanche, le principe d’une primaire qui irait de Renaissance aux LR, telle qu’évoquée par Gérald Darmanin ce week-end, rebute de nombreux élus, échaudés par ce mécanisme et ses précédents.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la députée Ensemble pour la République et ancienne porte-parole du gouvernement Barnier, Maud Bregeon appelle, comme Gérald Darmanin, à une « candidature unique de la droite et du centre » lors de la prochaine élection présidentielle, pour faire face à un Rassemblement national « de plus en plus puissant et de plus en plus structuré ».