Plus vite, plus haut, plus fort. Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, espère que les discussions avec La France insoumise et les autres forces de gauche vont vite passer à la vitesse supérieure, en vue d’un accord pour les élections législatives. « Nous regrettons que ça piétine », s’est permis de souligner ce 28 avril l’ancien candidat à l’élection présidentielle, lors d’une conférence de presse. Sur notre antenne ce matin, il a fait état du même constat. Plus que six semaines avant le premier tour des législatives. La France insoumise prévoit d’ailleurs de donner le coup d’envoi officiel de sa campagne le 7 mai.
Les négociations bilatérales pour constituer une plateforme commune de candidats se sont poursuivies toute la semaine mais n’ont pas encore abouti. Contre toute attente, les discussions entre la France insoumise hier et le Parti socialiste ont fait apparaître de réelles possibilités de convergences (relire notre article). L’ambiance n’était pas la même hier du côté des pourparlers entre le mouvement de Jean-Luc Mélenchon et Europe Écologie-Les Verts, de véritables discordances sont apparues, qu’il s’agisse du programme ou de la répartition des circonscriptions.
« Il faut respecter chaque sensibilité »
Fabien Roussel juge qu’un accord reste « à portée de main ». À condition de respecter un certain nombre de principes. Dans un courrier adressé ce jeudi à la France insoumise – et rendu public – le comité exécutif national du PCF appelle « changer de braquet ». En clair, « entendre réellement » les propositions formulées par les partenaires potentiels de la France insoumise. « Il faut respecter chaque sensibilité. C’est le cœur des discussions, respecter les différences, leur permettre de pouvoir vivre », insiste le député du Nord. Le ton est plutôt diplomatique. « Pour le moment nous discutons toujours », résume-t-il.
Pour la place du Colonel Fabien, le « contrat de législature », autour duquel s’organiserait « une grande coalition de gouvernement », ne doit pas être le fait d’une seule force politique. Peu enthousiaste à l’idée d’un simple ralliement au programme de l’Union populaire, le PCF souhaite au contraire que le programme commun intègre les « autres apports des autres tendances de l’accord ». Indispensable, selon eux, pour faire naître une dynamique. « Un accord respectant chaque force, c’est faire en sorte que chaque militant qui devra être mobilisé dans cette campagne se retrouve dans le programme qu’on va porter ensemble. Chacun doit y retrouver ses petits », résume Fabien Roussel. La solution consisterait à faire fi dans un premier tour des divergences. Et à lister une dizaine de propositions emblématiques à mettre en œuvre dès juillet, comme un Smic à 1 500 euros net, en cas de majorité à l’Assemblée nationale. « Respecter les différences » passerait également par l’assurance pour chacun de disposer d’un groupe en juin.
Les communistes ont également imaginé le nom d’une bannière commune, susceptible de mettre d’accord chaque famille. « Union populaire – gauche et écologistes rassemblés ». La veille, les écologistes se sont fait éconduire par les Insoumis en proposant « Front populaire écologique et social ».
« Nous discutons sur un nombre limité de circonscriptions »
Mais qu’on ne s’y trompe pas, le PCF fait également état de quelques difficultés sur la répartition du nombre de circonscriptions. « Nous discutons sur un nombre limité de circonscriptions, et dans lesquelles nous, nous y retrouvons que nos onze députés sortants », relève Fabien Roussel. La scène rappelle les quelques chiffres exposés la veille par Julien Bayou, numéro 1 d’EELV. Cette fois, pas de tableau Excel projeté sur le mur, mais la même déception sur la part du gâteau. Le Parti communiste ambitionne plutôt de conquérir 16 circonscriptions, soit 5 de plus que l’offre en cours. Quant à la taille globale du gâteau, Fabien Roussel s’étonne que le cadre de négociation se limite à 165 circonscriptions gagnables par la gauche.
Pour rappel, une majorité absolue à l’Assemblée nationale se remporte à partir du 289e siège. « Il faut partir sur 289 de conquête et qu’on ait tous la possibilité d’en conquérir », implore Fabien Roussel. « Nous pouvons trouver les moyens d’être complémentaires partout. » Le secrétaire national rappelle au passage que les candidatures doivent être construites « au plus près du terrain » et « tenir compte des réalités locales ». Une petite allusion à peine dissimulée à l’implantation des communistes et des écologistes, qui s’estiment mal servis par les Insoumis dans certains points de la carte électorale. « Je peux comprendre le sentiment des Verts qui ne se sentent pas respectés dans les grandes villes », lâche-t-il.
Bref, après la multiplication des entrevues de parti à parti, Fabien Roussel aimerait à présent que les quatre formations politiques se retrouvent ensemble, en plénière. « Je ne vais pas dire autour d’un bon plat et d’une bonne table », plaisante l’ancien candidat, chantre de la bonne alimentation. À trois jours de la Fête du Travail, le numéro 1 du PCF réitère son vœu de voir les quatre formations défiler côte à côte le 1er mai.