Eric Ciotti creer son parti « Union des Droites pour la Republique »

Union des droites pour la République : « Éric Ciotti se comporte comme un petit Napoléon »

A Levens, dans son fief des Alpes Maritimes, Éric Ciotti, toujours président de LR, a lancé devant ses partisans sa propre formation politique baptisée Union des droites pour la République (UDR). Pas de quoi émouvoir les Républicains « canal historique ».
Simon Barbarit

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Une clarification est-elle en train de se dessiner à droite de l’échiquier politique ? Samedi, lors de sa rentrée politique, à Levens dans les Alpes-Maritimes, Éric Ciotti a annoncé la création de sa nouvelle formation politique, l’Union des droites pour la République (UDR). Sans pour autant vouloir démissionner de la présidence de LR, le député des Alpes-Maritimes a estimé que « la marque Les Républicains (était) aujourd’hui dépassée, discréditée par ses défaites, ses contradictions, son manque de courage ». Suite au ralliement surprise d’Éric Ciotti au RN de Jordan Bardella,

Lors des dernières élections législatives, le Bureau politique du parti avait tenté par trois fois, sans succès, d’exclure le président des Républicains. Le 14 octobre une nouvelle audience devra se prononcer pour savoir si Éric Ciotti peut conserver la présidence de LR. « La procédure judiciaire va durer des années. Éric Ciotti va utiliser le droit et les fichiers de nos adhérents, contre nous. Mais ce qui compte c’est la dimension politique de cette affaire. Éric Ciotti s’est mis, de fait, en dehors de notre famille politique », réagit le sénateur LR, Max Brisson.

« Nous avons déjà reçu de nombreuses adhésions »

Dans l’entourage d’Éric Ciotti, on présente la création de ce nouveau parti comme une démarche de rassemblement des électeurs de droite. « Nous appelons tous les adhérents de LR et plus largement tous les sympathisants de droite à nous rejoindre. Nous avons déjà reçu de nombreuses adhésions. Nous savons qu’ils soutiennent la démarche d’Éric Ciotti. Notre stratégie sera payante. Face à l’alliance de gauche, nous avons besoin que des forces complémentaires de droite s’unissent. Que les Français ne soient pas dupes, la droite de Laurent Wauquiez finira à terme par rejoindre le bloc central », estime Théo Michel, candidat LR-RN aux dernières élections législatives dans la première circonscription de la Marne.

« Je n’ai jamais vu ça. Éric Ciotti reste chez nous tout en annonçant la création d’un nouveau parti. Il envoie des mails aux adhérents, et j’en ai reçu un, nous invitant à cotiser pour cette nouvelle formation. C’est un nouveau coup de bluff. Il a conscience qu’il ne peut rester dans un parti en étant ultra-minoritaire, alors il feuilletonne. Et je pense que c’est le RN qui lui a demandé de créer la panique le plus longtemps possible au sein de notre famille », veut croire un sénateur LR.

« Son UDR ne sera jamais qu’un parti croupion du RN »

« L’esprit des Républicains, en tout cas celui que j’ai porté, n’est pas mort. Il se transforme, il se reconstruit, il se réinvente », a martelé Éric Ciotti ce week-end devant ses sympathisants. De quoi interpeller Max Brisson. « Éric Ciotti se comporte comme un petit Napoléon mais il n’a pas tous les pouvoirs. Il ne peut pas à lui seul définir la ligne du parti », rappelle le sénateur des Pyrénées-Atlantiques.

« C’est de la tchatche, de la com’. L’essentiel des militants LR proches de la ligne Ciotti est parti chez Zemmour depuis la dernière présidentielle. Son UDR ne sera jamais qu’un parti croupion du RN », renchérit le sénateur du Nord, Max Brisson.

Vers une refondation de LR

Éric Ciotti n’est toutefois pas le seul à réfléchir à la une refondation de la droite. En juillet dernier, Bruno Retailleau, président du président du groupe LR du Sénat avait lui-même déclaré que « la marque LR » était « morte ». Dans la foulée, son homologue à l’Assemblée, Laurent Wauquiez avait rebaptisé le groupe LR du Palais Bourbon, « Droite républicaine ». Et le Sénat devrait suivre prochainement. Le plus gros groupe au Palais du Luxembourg va changer de nom prochainement. Afin d’éviter la confusion, les sénateurs LR ont été invités à plancher sur une nouvelle épithète lors des journées parlementaires le 11 septembre.

L’appellation La Droite Républicaine » séduit à la chambre haute et pourrait être ajustée pour y adosser le terme « sénatoriale ». Une idée évoquée lors de la réunion de groupe du 18 juillet, comme nous l’indiquions ici.

Reste le chantier plus vaste de la refondation du parti. « Certains de mes collègues prônent la création d’un nouveau parti. Ce serait une erreur. C’est à partir de LR que nous devons reconstruire. Comme l’UMP l’a été à partir du RPR ou le PS à partir de la SFIO. Car les financements publics sont fléchés vers les formations politiques. Et l’argent c’est le nerf de la guerre », plaide Max Brisson.

« Annie Genevard (secrétaire générale de LR) convoquera prochainement un Bureau politique qui organisera un Congrès pour entériner le changement de nom et probablement des statuts », indique par ailleurs Marc-Philippe Daubresse. Max Brisson conclut. « Le changement de nom c’est la fin du cheminement après un travail doctrinal. Il faudra aussi changer les statuts marqués par un juridisme pointilleux et un manque d’efficacité. Ça s’explique car ce sont en réalité les statuts de l’ancien UMP rédigés à l’époque dans le cadre d’une fusion de partis ». L’heure est en effet désormais à la scission.

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