Union européenne : les élites sont « autistes » pour Philippe Lamberts
Entre « la vague de rejet de l’UE » qui monte chez les citoyens et l’« autisme » des élites, les eurodéputés Pervenche Berès, Philippe Lambert et Frank Engel, invités de l’émission Europe Hebdo, brossent le portrait inquiétant d’une Union européenne à l’avenir incertain.

Union européenne : les élites sont « autistes » pour Philippe Lamberts

Entre « la vague de rejet de l’UE » qui monte chez les citoyens et l’« autisme » des élites, les eurodéputés Pervenche Berès, Philippe Lambert et Frank Engel, invités de l’émission Europe Hebdo, brossent le portrait inquiétant d’une Union européenne à l’avenir incertain.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Dimanche 12 février, Jean-Claude Junker annonce qu’il ne briguera pas de second mandat. Il cède la présidence de la Commission européenne et ne sera donc pas candidat à sa propre succession dans deux ans. Pervenche Bérès, eurodéputée socialiste, y voit une opportunité : « Ça veut dire qu’il se donne d’une certaine manière carte blanche pour faire quelque chose de ces deux ans et demi qu’il lui reste, alors qu’il a dit que c’était la Commission de la dernière chance. » Comme un appel à agir lancé au président de la Commission…

Un optimisme qui tranche avec l’avis pas vraiment tendre de l’eurodéputé vert Philippe Lamberts sur le président de la Commission européenne : « J’ai vu après le referendum britannique un Jean-Claude Juncker venir en plénière [devant le Parlement] sans direction. On voyait qu’il avait perdu la boussole. Il nous a tenu un discours de 40 minutes assez décousu. […] Jean-Claude Juncker ne comprend pas ce qui est en train de se passer. » Et ce qui est en train de se passer, c’est une Europe bloquée qui cherche une voie de salut. Or, pour Frank Engel, eurodéputé luxembourgeois et membre du groupe de droite PPE, le temps de la révolution n’a pas encore sonné et l’équilibre institutionnel n’est pas prêt d’être bouleversé :

« Vous pouvez avoir la Commission la plus déterminée du monde […] avec le meilleur président et, en face un Conseil européen dont la substance politique est réactionnaire au plus haut point, ça n’avance dans aucune direction. »

Pour Frank Egel, la mutation s’inscrit d’abord dans l’abolition du Conseil européen qu’il perçoit comme « l’institution la plus contre-productive qui n’ait jamais existé sur le sol européen ».

Mais qu’en est-il des préoccupations des citoyens concernant l’avenir de l’UE, souvent blâmée et condamnée ? En effet, s’ajoutent aux des égoïsmes nationaux, une désillusion croissante à l’égard des institutions européennes. Philippe Lamberts, eurodéputé belge, atteste ce désenchantement rencontré chez ses concitoyens. Ainsi, Il sent  monter, notamment  dans son électorat « une vague de rejet de l’Union européenne ».

« On commence à se dire que si c’est pour avoir une Union européenne du pouvoir des multinationales qui refusent d’interdire les perturbateurs endocriniens, qui fait des traités de libre-échange favorables aux multinationales  bref, qui pousse l’agenda néo libéral, franchement on n’en veut pas! » 

Pour autant, les élites semblent immunisées contre le tourment populaire et se perdent dans un « somnambulisme » inacceptable. « C’est de l’autisme ! » tonne Philippe Lamberts, qui met en garde : « La colère monte. »

Pour l’anniversaire du Traité de Romme, souhaitons que l’Union se réconcilie avec les citoyens. L’injonction du dialogue est pour cela primordial pour Pervenche Berès qui aspire à « des responsables politiques qui soient capables de dépasser leur intérêt national et donc de faire conjuguer l’intérêt de leur pays avec une vision plus généreuse qui les dépasse et qui serait une vison européenne ». De ce chaos peut naître une Europe plus inclusive et vigilante.

 

 

Retrouvez Europe Hebdo ce jeudi 16 février à 18h30 et vendredi 17 février à 7h.

 

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Union européenne : les élites sont « autistes » pour Philippe Lamberts
2min

Politique

Education nationale : « Je suis malheureux de l’instabilité ministérielle », déclare Jean-Michel Blanquer

Invité de la matinale de Public Sénat, l’ancien ministre de l’Education nationale et auteur de « Civilisation française » (aux éditions Albin Michel) s’est exprimé sur la valse de ministres à l’Education nationale depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022. Selon lui, « il y aurait dû avoir un ou une ministre après moi, pendant 5 ans ».

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
10min

Politique

Budget : comment le Sénat va réduire l’effort demandé aux collectivités de 4,6 à 2 milliards d’euros

La majorité sénatoriale veut revenir sur l’effort demandé par le gouvernement aux collectivités. Le premier ministre a déjà fait des gestes devant les régions et les départements. « Un premier pas », reconnaît le sénateur LR Stéphane Sautarel, mais insuffisant. Pour compenser l’allègement de l’effort sur les collectivités, la majorité sénatoriale entend renforcer les économies sur d’autres ministères, notamment sur la « jeunesse, la recherche ou la culture ».

Le

7min

Politique

Insécurité dans les territoires d’Outre-mer : « Nous, les maires, nous sommes en première ligne pour lutter, mais on n’a pas de moyens pour le faire »

A la veille de l’ouverture du 107e congrès des maires à Paris, des élus des Outre-mer se sont retrouvés à Issy-les-Moulineaux ce lundi 17 novembre. Alors qu’ils font face à une criminalité et une délinquance grandissantes, dans des territoires en proie au narcotrafic, les maires, aux côtés de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, ont plaidé pour un « choc régalien ».

Le

Paris : session of questions to the government at the French National Assembly
6min

Politique

Budget 2026 : quels scénarios dans un calendrier de plus en plus contraint ?

Avec encore plus de 1 500 amendements restant à examiner en une semaine à l’Assemblée sur la partie recettes du projet de loi de finances, le calendrier budgétaire est de plus en plus contraint. Dans une assemblée divisée et avec le renoncement du gouvernement de recourir au 49.3, la possibilité d’une adoption des deux lois de finances avant le 31 décembre 2025 relève presque de la politique-fiction.

Le