Politique
L’annonce de la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon suscite l’ire de la gauche qui évoque une « crise de régime ». Les Républicains doivent encore trancher sur leur soutien ou non au gouvernement.
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« Si nous pensons que nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, la Russie, elle, est en guerre contre nous » : le constat, dressé par Chloé Ridel, a le mérite de la clarté. Face à lui, l’eurodéputée socialiste appelle à répondre fermement sur tous les fronts. Les survols répétés de l’espace aérien par des drones ? « Il faut par principe détruire ces matériels qui survolent notre espace sans y être invités« , tranche-t-elle : « L’enjeu c’est de montrer aux Russes qu’on ne laissera pas violer notre espace aérien« .
À l’autre bord de l’échiquier politique européen, le bulgare Radan Kanev (PPE), abonde tout en nuançant : « On doit les détruire : c’est clair et définitif ; mais c’est la question des moyens techniques [qui se pose] : les moyens dont disposent les ukrainiens pour battre les drones, on ne les a pas« , constate-t-il.
Un manque rendu visible par l’envoi d’avions de chasses de l’OTAN, en Pologne, pour abattre ces aéronefs. Un moyen jugé disproportionné et inadapté, qui a conduit la Commission européenne a esquissé une nouvelle réponse en annonçant le projet d’un « mur anti-drones ». Une réponse qui a suscité des réactions diverses des capitales européennes : sursaut salutaire pour certains pays, l’idée est vue par les autres comme une entorse à l’autonomie des États en matière de défense. Un faux-procès, pour Chloé Ridel : « Si la Commission peut aider à coordonner un mur de drone, c’est quelque chose de positif ; il ne faut pas être idéologue, mais pragmatique, défend-elle. Ce qui empêche une défense du continent européen d’être efficace, c’est le manque de coordination« , argumente l’eurodéputée : « Si on additionne les défenses de tous les pays, on est à 300 milliards, plus que la Chine et la Russie !« .
Une coordination, aussi vue comme nécessaire par Radan Kanev : » Il est important non seulement d’être coordonnés, mais aussi d’avoir une certaine spécialisation des productions, précise l’eurodéputé. Car le risque principal, c’est qu’il y ait le drone français, le drone suédois, le drone bulgare… »
Autre sujet sur la table des dirigeants européens : la flotte fantôme de la Russie. La décision de la France d’arraisonner un navire suspect au large de Saint Nazaire, le 29 septembre, a ouvert un débat sur la riposte européenne face à ces navires, téléguidés par la Russie pour contourner les sanctions contre son économie, en particulier sur le gaz et le pétrole. « Ces navires fantômes représentent non seulement une menace économique mais aussi de sécurité et militaire » prévient Radan Kanev. « Quand il n’y a pas de pavillon, il faut arraisonner » confirme Chloé Ridel, pour qui le Président français Emmanuel Macron a « eu raison » de prendre cette décision : « C’est un navire qui était parti de Saint-Pétersbourg, qui avait fait des arrêts suspects près du Danemark au moment où des drones avaient été lâchés dans l’espace aérien danois, puis s’était avancé dans les côtes françaises…« , justifie-t-elle.
Alors que 30 à 40 % de l’effort de guerre russe est aujourd’hui financé par les revenus de la flotte fantôme, l’eurodéputée appelle ainsi à ne « pas se priver de [prendre de telles mesures d’arraisonnement] car c’est ce qui permet de frapper Poutine au portefeuille« .
Thibault Henocque (LCP – Assemblée nationale)
L’émission à retrouver en intégralité ici.
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