ILLUSTRE ARTICLE ICI EUROPE

Union européenne : quelle réponse face à la guerre hybride de Poutine ?

Sabotages, cyberattaques, désinformation, et désormais survols de drones : la guerre hybride que mène la Russie de Vladimir Poutine aux européens, mélange d'intimidation et de manipulation, a pris une nouvelle ampleur ces dernières semaines. Les survols sauvages de l’espace aérien d’une douzaine de pays de l’UE ont mis à l'épreuve l'unité des 27 et de l'OTAN. Face à cette menace de plus en plus concrète, les européens tentent d’orchestrer une réponse commune. Mais des questions demeurent : analyse et débat avec les eurodéputés Chloé Ridel (S&D, France) et Radan Kanev (PPE, Bulgarie) dans "Ici l'Europe".
Rédaction Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« Si nous pensons que nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, la Russie, elle, est en guerre contre nous » : le constat, dressé par Chloé Ridel, a le mérite de la clarté. Face à lui, l’eurodéputée socialiste appelle à répondre fermement sur tous les fronts. Les survols répétés de l’espace aérien par des drones ? « Il faut par principe détruire ces matériels qui survolent notre espace sans y être invités« , tranche-t-elle : « L’enjeu c’est de montrer aux Russes qu’on ne laissera pas violer notre espace aérien« .

À l’autre bord de l’échiquier politique européen, le bulgare Radan Kanev (PPE), abonde tout en nuançant : « On doit les détruire : c’est clair et définitif ; mais c’est la question des moyens techniques [qui se pose] : les moyens dont disposent les ukrainiens pour battre les drones, on ne les a pas« , constate-t-il.

Mur « anti-drones »

Un manque rendu visible par l’envoi d’avions de chasses de l’OTAN, en Pologne, pour abattre ces aéronefs. Un moyen jugé disproportionné et inadapté, qui a conduit la Commission européenne a esquissé une nouvelle réponse en annonçant le projet d’un « mur anti-drones ». Une réponse qui a suscité des réactions diverses des capitales européennes : sursaut salutaire pour certains pays, l’idée est vue par les autres comme une entorse à l’autonomie des États en matière de défense. Un faux-procès, pour Chloé Ridel : « Si la Commission peut aider à coordonner un mur de drone, c’est quelque chose de positif ; il ne faut pas être idéologue, mais pragmatique, défend-elle. Ce qui empêche une défense du continent européen d’être efficace, c’est le manque de coordination« , argumente l’eurodéputée : « Si on additionne les défenses de tous les pays, on est à 300 milliards, plus que la Chine et la Russie !« .

Une coordination, aussi vue comme nécessaire par Radan Kanev :  » Il est important non seulement d’être coordonnés, mais aussi d’avoir une certaine spécialisation des productions, précise l’eurodéputé. Car le risque principal, c’est qu’il y ait le drone français, le drone suédois, le drone bulgare… »

Flotte fantôme

Autre sujet sur la table des dirigeants européens : la flotte fantôme de la Russie. La décision de la France d’arraisonner un navire suspect au large de Saint Nazaire, le 29 septembre, a ouvert un débat sur la riposte européenne face à ces navires, téléguidés par la Russie pour contourner les sanctions contre son économie, en particulier sur le gaz et le pétrole. « Ces navires fantômes représentent non seulement une menace économique mais aussi de sécurité et militaire » prévient Radan Kanev. « Quand il n’y a pas de pavillon, il faut arraisonner » confirme Chloé Ridel, pour qui le Président français Emmanuel Macron a « eu raison » de prendre cette décision : « C’est un navire qui était parti de Saint-Pétersbourg, qui avait fait des arrêts suspects près du Danemark au moment où des drones avaient été lâchés dans l’espace aérien danois, puis s’était avancé dans les côtes françaises…« , justifie-t-elle.

Alors que 30 à 40 % de l’effort de guerre russe est aujourd’hui financé par les revenus de la flotte fantôme, l’eurodéputée appelle ainsi à ne « pas se priver de [prendre de telles mesures d’arraisonnement] car c’est ce qui permet de frapper Poutine au portefeuille« .

 

Thibault Henocque (LCP – Assemblée nationale)

L’émission à retrouver en intégralité ici.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

FRANCE – NICOLAS SARKOZY LEAVE HOME TO  PRISON
3min

Politique

Affaire Bygmalion : une nouvelle condamnation définitive pour Nicolas Sarkozy 

La Cour de cassation a rejeté, ce mercredi, le pourvoi de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bygmalion. L’ancien chef d’Etat avait été condamné en appel début 2024 sur les dépenses excessives de sa campagne présidentielle perdue de 2012. Après l’affaire Bismuth, il s'agit d'une deuxième condamnation pénale définitive pour l'ancien chef d'Etat en attendant son procès en appel au printemps dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007.

Le

Union européenne : quelle réponse face à la guerre hybride de Poutine ?
3min

Politique

Budget : « Le compte n’y est pas du tout », prévient la maire (PS) de Nantes Johanna Rolland

Dernier jour au Sénat pour l’examen du PLFSS avant un vote solennel sur l’ensemble du texte en fin de journée. Invitée de la matinale de Public Sénat, Johanna Rolland, maire socialiste de Nantes, prévient que son camp ne votera pas le texte actuel assurant que leur objectif reste la suspension de la réforme des retraites qui a été rejetée hier par les sénateurs.

Le

Union européenne : quelle réponse face à la guerre hybride de Poutine ?
4min

Politique

Dans une ambiance tendue, le Sénat rétablit le gel des pensions et des prestations sociales en l’assouplissant

Comme annoncé, le Sénat a rétabli en séance publique le gel des pensions et des prestations sociales prévue dans la version initiale du projet de loi de la Sécurité sociale, avant d’être supprimé à l’Assemblée nationale, au grand dam de la gauche. Les sénateurs ont, toutefois, assoupli ce gel en préservant les bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et les pensions de retraite inférieures à 1 400 euros brut.

Le