USA: la « jungle » de la primaire californienne fait trembler les démocrates
Huit Etats américains votaient mardi lors de primaires en vue des élections de novembre mais tous les yeux se tournaient vers la Californie où...

USA: la « jungle » de la primaire californienne fait trembler les démocrates

Huit Etats américains votaient mardi lors de primaires en vue des élections de novembre mais tous les yeux se tournaient vers la Californie où...
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Par Veronique DUPONT

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Huit Etats américains votaient mardi lors de primaires en vue des élections de novembre mais tous les yeux se tournaient vers la Californie où un nouveau système électoral et une pléthore de candidats pourraient contrarier l'espoir démocrate de reconquérir le Congrès.

La sénatrice démocrate Dianne Feinstein à Washington le 16 mai 2018 
La sénatrice démocrate Dianne Feinstein à Washington le 16 mai 2018 
AFP/Archives

Dans ce scrutin surnommé "la jungle", les électeurs du "Golden State", le plus peuplé du pays, devaient choisir entre une vingtaine de candidats pour succéder au gouverneur démocrate Jerry Brown et une trentaine pour succéder à la sénatrice du même bord politique Dianne Feinstein.

Enfin, les 53 sièges californiens à la Chambre des représentants sont aussi en jeu avec ici aussi pléthore de candidats, des démocrates novices en particulier, décidés à contrer le président républicain Donald Trump et ses politiques anti-immigration ou anti-environnementale.

"La Californie est l'un des Etats les plus anti-Trump du pays et il y a toutes les raisons de croire qu'ils vont obtenir de bons résultats mardi", remarque Elaine Kamarck, experte du centre de réflexion Brookings Institute, interrogée par l'AFP.

Dans un bureau de vote du quartier d'Hollywood à Los Angeles, le flot d'électeurs était constant.

Nicholas Aridi, coiffeur retraité de 68 ans, explique voter à chaque scrutin: "D'habitude c'est vide, particulièrement pour les élections de mi-mandat", note-t-il en se réjouissant de voir plus de monde cette fois-ci.

"Je pense que les jeunes sont plus impliqués en politique que jamais depuis la fin des années 60 et la guerre du Vietnam, c'est sain", ajoute-t-il.

Dans ce quartier très progressiste, il est l'un des rares à se revendiquer républicain. Il soutient la politique du président Trump, y compris ses mesures contestées sur l'immigration: "Je suis un immigré venu ici depuis le Liban pour travailler (...) je suis contre l'immigration illégale".

La plupart des électeurs de ce bureau ne décolèrent toutefois pas contre la politique conservatrice de Trump.

Démocrate et très remontée, Lisa Sexton, 49 ans et accompagnée de son bébé, récite toutes les raisons pour lesquelles elle espère que les démocrates vont marquer des points mardi: d'après elle, les républicains "rognent sur les droits des animaux, des femmes, ils veulent pouvoir forer (du pétrole) partout"...

Arthur Aguirre, artiste de 76 ans, admet que d'habitude il "ne vote pas aux primaires mais cette fois je me suis dit qu'il fallait tout faire" pour contrer le président Trump.

"J'ai bon espoir que ça va marcher" et que les démocrates vont gagner des sièges au Parlement, conclut-il.

- Attention au chaos -

Elaine Kamarck avertit toutefois que le nouveau processus électoral à deux tours, qui était destiné à combattre la polarisation politique, a au final "le potentiel de générer du chaos".

Contrairement aux primaires traditionnelles organisées par chaque parti, dans le nouveau mode de scrutin californien les deux candidats qui remportent le plus de voix se hissent au second tour, quelle que soit leur appartenance politique.

Les électeurs peuvent aussi voter pour qui ils souhaitent, même s'ils sont officiellement "encartés" pour une formation donnée.

Dans la primaire pour le poste de gouverneur, l'ex-maire de San Francisco, Gavin Newsom domine les intentions de vote, suivi par l'ex-maire de Los Angeles, Antonio Villaraigosa, qui pourrait toutefois être doublé par un républicain, l'homme d'affaires John Cox soutenu par Donald Trump.

Pour le scrutin sénatorial, Dianne Feinstein, figure historique du parti démocrate, est en tête, suivie de Kevin de Leon, de même couleur politique, mais là aussi l'abondance de candidats pourrait créer des surprises.

Côté Chambre des représentants, les démocrates espèrent voir sept districts républicains qui ont voté Hillary Clinton en 2016 basculer dans leur camp, mais dans cinq à six cas, les candidats progressistes pourraient se voler les voix les uns aux autres et laisser la voie libre à un, voire deux, républicains finalistes.

"Il faut gagner 24 sièges reconquérir la Chambre, si vous en perdez cinq - en particulier dans un bastion démocrate comme la Californie - il faut les trouver ailleurs", note Elaine Kamarck.

Les républicains ne sont pas totalement à l'abri: dans au moins un district, "il y a deux candidats républicains viables. Ils devraient se nuire l'un à l'autre", ajoute Louis DeSipio, professeur de sciences politiques à l'université UC Irvine.

Au final, le plan de reconquête du Congrès par les démocrates pourrait "gagner de l'élan" s'ils ont du succès dans des secteurs jadis traditionnellement républicains comme le comté d'Orange, ou prendre un coup sérieux si les sièges clé de la bataille californienne leur échappent.

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