Plus de clarté et de transparence. C’est, depuis le début de la crise sanitaire, l’une des principales réclamations du Parlement, qui pointe du doigt une communication gouvernementale jugée trop opaque et un manque d’anticipation dans la gestion de crise. Et depuis son lancement, début janvier, c’est sur l’organisation de la campagne de vaccination que se portent les accusations. « Chaque jour, le gouvernement nous abreuve de prévisions et de chiffres, tandis que les scientifiques et autorités sanitaires alternent propos rassurants et déclarations alarmistes », constate le sénateur Jean-Pierre Decool, auteur d’un rapport sur la pénurie de médicaments, à l’occasion des questions d’actualité au gouvernement. « On ouvre puis on ferme des centres de vaccination, faute de doses, en audition vous annoncez 15 millions de personnes vaccinées avant l’été, puis 70 millions d’ici fin août. […] L’absence de clarté de votre communication déconcerte et navre nos concitoyens. Disposons-nous d’un stock suffisant de doses pour poursuivre la vaccination ? La pénurie empêche-t-elle de mener à bien la campagne de vaccination ? Est-elle causée par des questions logistiques ? », interroge le sénateur, appelant le ministre de la santé à un « effort de transparence autour de ses difficultés pour apaiser un climat anxiogène ».
« Vous avez raison », rétorque Olivier Véran. « Plus que jamais, nous avons besoin de sérénité, de précision et de transparence. J’ai donné au public la liste précise des arrivages mois après mois de vaccins, tout en précisant que ces chiffres correspondent aux commandes passées par l’Union Européenne et la France. J’ai expliqué que nous avions de quoi vacciner 70 millions de personnes d’ici fin août, car nous disposons de plus de 130 millions de doses sur le territoire national fin août si tous les vaccins sont homologués et si les laboratoires respectent leurs engagements, mais il y a déjà des difficultés d’approvisionnement de la part de certains laboratoires », détaille le ministre de la Santé, reconnaissant que des engagements non respectés de la part des laboratoires « poseraient problème ».
Revenant sur son audition par la commission des lois du Sénat, Olivier Véran commente : « J’ai été interrogé sur la nécessité de poursuivre l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 1er juin, et de savoir si tous les publics fragiles seraient vaccinés d’ici là, j’ai répondu que le public fragile peut porter jusqu’à 23 à 30 millions de Français et que nous n’étions pas sûrs d’avoir vacciné ces Français d’ici là. Ce sont des données complexes, qui impliquent des chiffres, je sais que vous le savez », conclut le ministre.