Vaccination obligatoire : « Il faut protéger les Français, y compris malgré eux », estime Hervé Marseille

Vaccination obligatoire : « Il faut protéger les Français, y compris malgré eux », estime Hervé Marseille

Les sénateurs ont jusqu’à mardi 6 juillet pour transmettre au Premier ministre leurs positions sur la vaccination obligatoire des soignants. Cette consultation des parlementaires fait suite à l’accélération de la diffusion du variant indien Delta et de la crainte d’un rebond épidémique à la rentrée. Au Sénat, les discussions commencent dans les différents groupes politiques. Certains présidents nous livrent leurs positions.
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Par Marion Vigreux

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Au groupe Union Centriste, on apprécie tout d’abord la méthode. « Enfin le gouvernement consulte », note le président Hervé Marseille. « On ne va pas s’en plaindre et de toute façon, il ne peut pas passer son temps à prendre des décisions unilatérales, surtout sur un sujet qui concerne autant les Français. »

Les sénateurs centristes ont reçu un questionnaire qu’ils doivent retourner en début de semaine prochaine pour préciser leurs positions sur l’obligation vaccinale des soignants.
S’il n’y a pas d’avis global qui se dessine pour le moment, Hervé Marseille y est lui, à titre personnel, favorable.

« Le covid-19 ne peut pas devenir une maladie nosocomiale supplémentaire, explique-t-il. C’est le monde à l’envers quand on voit des soignants infecter les patients. A partir du moment où vous avez un problème de santé publique grave, il faut protéger les Français, y compris malgré eux. »

Le sénateur des Hauts-de-Seine de préciser que c’est justement en imposant des vaccins que certaines maladies graves, telles que le tétanos ou la tuberculose, ont pu être éradiquées.

Hervé Marseille approuve également la position de la mission d’information du Sénat qui recommande l’élargissement de l’obligation vaccinale aux 24-59 ans. Et pour lui, le pass sanitaire est un outil sur lequel il faut s’appuyer. « Nous devons faciliter la reprise économique, sociale et culturelle de ceux qui ont accepté de se faire vacciner, commente-t-il. D’autant que ce pass permet aussi de faciliter les échanges avec l’Europe. La France ne peut pas rester à la marge sur ce point ».

Les soignants ont déjà des vaccins obligatoires

Du côté des Républicains, le groupe est encore en discussion. Mais son président, Bruno Retailleau, milite depuis le mois de décembre et l’arrivée des premiers vaccins, pour les rendre obligatoires chez les soignants. Devant son groupe, il défendra cette position. Il estime qu’il faut protéger les plus faibles et qu’il n’est pas acceptable que des pensionnaires d’Ehpad soient infectés par des soignants. D’autant que les personnels de santé doivent déjà se soumettre à des vaccins obligatoires, alors pourquoi en serait-il autrement pour le covid-19.
 

Au cabinet de Gérard Larcher, les échanges avec les différents groupes vont bon train et une quasi-unanimité se dessine autour de l’obligation vaccinale des soignants. Comme le confie un proche du président, « Gérard Larcher a toujours dit que la vaccination devrait s’imposer, si nécessaire, si la situation devenait critique. Et il semble que nous nous approchons de ce point critique. Les échanges vont se poursuivre ce week-end car le président veut faire en sorte que la majorité parle d’une seule voix ». Les sénateurs vont d’ailleurs s’appuyer sur les conclusions de la mission d’information pour dégager une position commune.
 

En revanche, sur l’élargissement du pass sanitaire, selon le cabinet du président, il n’y a pas d’avis arrêté. La chambre haute pourrait même laisser le gouvernement face à ses responsabilités en rappelant les limites de la démarche.

J’ai peur que cela crée des tensions supplémentaires

Pour Guillaume Gontard, président du groupe écologiste, cette consultation est beaucoup trop rapide. « On a à peine une semaine pour se décider alors que c’est un sujet sensible qui mériterait un vrai débat ». Le sénateur de l’Isère n’est, pour sa part, pas convaincu de l’intérêt d’une obligation vaccinale, que ce soit pour les soignants ou le grand public. « J’ai peur que cela crée des tensions supplémentaires et des divisions dans le pays. Et puis dans la pratique, comment mettez-vous cela en place ? J’ai de vrais doutes sur l’effet inverse que cela pourrait engendrer ».
 

Guillaume Gontard préférerait que l’exécutif fasse le choix de la pédagogie plutôt que de la contrainte. « 50 % de la population est aujourd’hui vaccinée d’une première dose. Et cela s’est fait sans obligation. Si on explique aux gens l’intérêt pour la nation, le risque du variant Indien, les choses se feront simplement. Il faut juste que le gouvernement ait un message clair, qui ne soit pas parasité par des avis contraires. »

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