« Gérard Larcher veut que la majorité sénatoriale parle d’une même voix », voici ce que nous confiaient ce vendredi les proches du président du Sénat, alors que les discussions allaient bon train au sujet de la vaccination obligatoire des personnels de santé.
Une mesure coercitive que les présidents des groupes Les Républicains et Union Centriste approuvent.
Mais qu’en est-il à gauche de l’échiquier politique au Sénat ?
Pour Patrick Kanner, président du groupe socialiste, « il faut que tout le monde prenne sa part pour lutter contre le virus et prendre sa part, aujourd’hui c’est être vacciné ».
Le groupe rendra sa position officielle demain, mais devrait suivre l’idée d’une responsabilisation des professionnels de santé.
« On sait bien qu’on est arrivés à un tournant, que la 4ème vague doit être absolument maîtrisée et qu’elle serait insupportable à vivre pour tous ceux qui ont fait le choix de se faire vacciner ».
Pour le sénateur du nord, au regard de leurs obligations professionnelles, les soignants ne peuvent pas s’y soustraire. Et cette exigence pourrait d’ailleurs être, selon lui, étendue aux pompiers, aux ambulanciers, à tous ceux qui travaillent auprès des personnes fragiles.
« Il faut bien comprendre qu’au début, la vaccination n’était pas obligatoire, car il n’y avait pas assez de doses. Mais maintenant que les vaccins sont disponibles, je ne vois pas pourquoi certains s’en exonéreraient ».
Quant au sujet de l’extension de cette obligation vaccinale au grand public, cela relève pour lui d’un débat national. « Mais cela passe aussi et surtout par une nécessité d'’amplifier la communication, de rappeler les enjeux de la vaccination. En s’appuyant sur les maires, les présidents de départements et de régions pour que tout le monde se sente concerné et partout », poursuit Patrick Kanner.
Efforts de communication
Ce besoin de changement de communication, le sénateur PS Jean-Luc Fichet, le partage.
« Je ne suis pas prêt à passer le cap de l’obligation pour tous », nous confie-t-il. « C’est donc à nous de faire ce travail de conviction pour pousser le grand public à prendre conscience que ce sont les vaccins qui ont permis d’éradiquer certaines grandes pandémies et que ce sera la même chose si nous nous y mettons tous. »
Et pour que cela fonctionne, le sénateur du Finistère estime qu’il y a deux angles d’attaque.
Le premier, mettre fin à la multitude de points de vue contradictoires que diffusent certains grands médias et qui parasitent le message. Le second, faire tomber le vaccin dans le domaine public.
« Si le vaccin tombe dans le domaine public, tous les discours qui l’accusent d’être un objet de spéculation, sautent. On pourra alors argumenter que tout le monde a le souci de la santé publique et que tous les moyens sont bien mis en œuvre. »
Du côté du groupe communiste, pas de communication. On préfère attendre la réunion collective avant d’évoquer le sujet.
Chez les écologistes, Guillaume Gontard, s’inquiétait vendredi du risque de fracture que pourrait générer une obligation, que ce soit pour les soignants ou le grand public. « J’ai peur que cela crée des tensions supplémentaires et des divisions dans le pays. Et puis dans la pratique, comment mettez-vous cela en place ? J’ai de vrais doutes sur l’effet inverse que cela pourrait engendrer ».
Le sénateur de l’Isère réclame un effort de communication de l’exécutif avec un message clair et pédagogique sur l’intérêt de la vaccination.
Claude Malhuret, président du groupe Les Indépendants, pense également, qu’« il faut renforcer les moyens de communication, mais aussi déployer plus de centres de vaccination, notamment sur les lieux de vacances. Et refaire le point dans un mois. Si cela ne permet pas de juguler l’épidémie, alors oui, il faudra imposer la vaccination à tous ».
Le sénateur de l’Allier souhaite également que les tests PCR de confort, qui permettent, à ses yeux, de contourner la vaccination, ne soient plus remboursés.