Initialement, Cédric O était interrogé par la sénatrice LR Christine Lavarde sur l’opportunité de développer un « Crisis Data Hub ». Cette plateforme de données, dont le croisement serait activable en cas de crise, aurait l’avantage de permettre des réponses très localisées en cas d’évènement majeur. C’est la conclusion d’un rapport de la délégation du Sénat à la prospective. Alors qu’il répondait sur « l’équilibre » trouvé par la CNIL (Commission nationale informatique et libertés) sur les outils numériques développés pendant la crise du covid-19, le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique a progressivement débordé sur le développement des vaccins.
« L’approche qui est systématiquement prise par le risque dans la société française est un problème. Par exemple sur la question des vaccins […] je pense qu’il y a un problème avec le principe de précaution. On a dévoyé le principe de précaution en un principe d’inaction », a expliqué le secrétaire d’Etat, sur le plateau d’Audition publique (Public Sénat, LCP-Assemblée nationale, Le Figaro Live) ce 7 juin 2021. Et d’ajouter : « Le fait qu’il n’y ait pas de vaccin en France, il faut aussi se poser la question sur notre peur d’avoir des accidents, les surcontrôles qu’on met sur le processus de développement des biotechnologiques, etc. »
« Le cadre avec l’HAS et l’ANSM des essais cliniques est beaucoup trop contraignant »
Faisant le lien entre des « opportunités manquées » et une « application dogmatique » de ce principe de précaution, Cédric O a estimé que le cadre était plus rigide en France que chez d’autres partenaires. « Le cadre d’encadrement avec l’HAS [Haute Autorité de santé] et l’ANSM [Agence nationale de sécurité du médicament] des essais cliniques est beaucoup trop contraignant aujourd’hui par rapport à ce que fait la FDA aux Etats-Unis [le gendarme de la santé américain, ndlr], l’autorité anglaise, l’autorité belge ou allemande. »
Le secrétaire d’Etat a notamment affirmé relayer le constat des start-up de biotechnologique. « Pourquoi l’ensemble du secteur des biotechnologies considère qu’il est extrêmement compliqué de faire ces essais cliniques en France ? Pour une surapplication du principe de précaution. Ils le disent tous. » Le départ pour les Etats-Unis de Stéphane Bancel, PDG de Moderna, ou encore du prix Nobel de Chimie 2020, la Française Emmanuelle Charpentier, ne seraient pas étrangers à ce problème, selon lui. « C’est aussi lié au contexte autour du principe de précaution et de la minimisation systématique des risques qu’il y a dans la société française. Et c’est une des raisons majeures qui fait qu’aujourd’hui nous n’avons pas ce vaccin. »
Autre parlementaire face à Cédric O, le député socialiste Gérard Leseul, n’a pas du tout souscrit à cette analyse. « Ce principe de précaution est un bon principe », a expliqué l’élu de Seine-Maritime, cosignataire d’un rapport sur la stratégie vaccinale, né dans le cadre de l’Opecst (Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques). Surpris par les déclarations du ministre, le député a rappelé que l’enthousiasme n’avait pas toujours été de mise avec les vaccins à ARN messager, aujourd’hui plébiscités. « Au mois de novembre, le gouvernement n’était pas extrêmement volontariste à développer ce type de vaccin. »