Certains s’alarment du faible rythme de la campagne vaccinale et d’autres estiment qu’il ne faudrait pas que la France se retrouve avec un stock inutilisé de vaccins sur les bras. Malgré la commande européenne, si le vaccin russe Spoutnik V était autorisé par l’Agence européenne du médicament, la chancelière allemande Angela Merkel serait prête à le commander pour son pays. Et l’Italie, de son côté, a passé un accord avec Moscou pour le produire sur son territoire à partir de juillet. A l’échelle de la commission européenne, et ce, malgré les retards dans les livraisons, Thierry Breton a toutefois estimé que les Vingt-Sept n’avaient pas besoin du vaccin russe.
C’est également l’avis de Patrick Mignola, le patron des députés MoDem, invité d’Audition publique, sur les chaînes parlementaires en partenariat avec Le Figaro. « Il ne faudrait pas qu’on se retrouve, à un moment, avec trop de doses. On en est loin, mais aujourd’hui on a commandé 200 millions de vaccins pour 66 millions de Français. Il ne faut pas que nous cédions à l’affolement. On est capable aujourd’hui de monter en puissance », a-t-il expliqué. La France s’apprête à déployer 35 centres de vaccination pour les doses que le pays réceptionnera en avril.
« Il ne faut pas qu’on fasse n’importe quoi, c’est de l’argent public »
« Il faut qu’on puisse vacciner tout le monde, qu’on commande le maximum, mais il ne faut pas qu’on fasse n’importe quoi, c’est de l’argent public », a-t-il poursuivi. Le député de Savoie oppose donc un argument comptable, mais pas une raison sanitaire ou politique. « Je ne vois pas de ségrégationnisme anti-slave », déclare-t-il.
Le chemin vers l’immunité collective est encore toutefois loin, conséquence de retards dans les approvisionnements. En avril, la France ne devrait recevoir que 29 millions de doses, loin des 37 sur lesquelles tablait le gouvernement dans ses projections de janvier. Patrick Mignola a néanmoins admis qu’en cas d’accident, il faudrait passer par une diversification des commandes. « Si aujourd’hui ceux qui nous fournissent les vaccins n’étaient pas en capacité de faire – vous avez vu les polémiques autour d’AstraZeneca – évidemment il faudra se tourner vers les autres, mais si vous voulez tous céder à l’affolement et que demain on se mette à commander un milliard de doses pour une population de 50 millions d’habitants, je suis sûr que vous reposeriez la question dans six mois. »