La barre à tribord toute ? Gagnante surprise du congrès LR pour l’investiture à la présidentielle, Valérie Pécresse a pu surprendre par certaines des propositions très à droite qu’elle a défendues durant la campagne, notamment sur l’immigration (instauration de quotas), la sécurité (armement des polices municipales) ou encore la justice (territorialisation des peines). Un cran néanmoins en dessous de la ligne identitaire défendue par Éric Ciotti, arrivé en seconde position lors de ce vote interne, et avec qui, désormais, la candidate doit composer pour garantir le rassemblement de sa famille politique. « J’entends dire qu’il y a un virage à droite récent de Valérie Pécresse, ça n’est pas vrai. Elle a toujours été très ferme sur les questions régaliennes », a tenu à rectifier son directeur de campagne, Patrick Stefanini, qui était invité vendredi d’ « Extra Local » sur Public Sénat.
Pas de droit du sang et de « Guantánamo à la française »
« On a gravement sous-estimé sa fermeté », relève ce spécialiste des campagnes électorales, artisan notamment du succès de François Fillon à la primaire de 2016. « Valérie Pécresse n’a pas eu besoin de se droitiser, l’accord avec Éric Ciotti n’a pas été difficile à construire », assure encore Patrick Stefanini. Pourtant, au soir de sa victoire, la présidente de l’Île-de-France avait indiqué qu’elle n’amenderait pas son programme. Avant de promettre, quelques jours plus tard, de « pimenter » son projet en y incluant des propositions du député des Alpes-Maritimes, qui avait fait savoir, face caméra, son mécontentement.
« Il y a de bonnes idées qui ont été émises par tous les candidats », reconnaît Patrick Stefanini. « Mais, pointe-t-il, Valérie Pécresse a dit qu’elle n’était ni pour le retour du droit du sang, ni pour le Guantánamo à la française (pour les djihadistes) ». Deux propositions phares du programme d’Éric Ciotti. Au-delà, « il n’y a pas de différences fondamentales », indique encore cet ancien préfet de Gironde.
Également Interrogé sur la place que pourrait occuper Éric Ciotti au gouvernement, dans l’hypothèse où Valérie Pécresse accéderait à l’investiture suprême, Patrick Stefanini estime que la candidate n’est tenue à rien : « Il n’y a pas de tradition française du shadow cabinet et du ticket », balaye-t-il.
La tentation Zemmour
Un élément a failli rompre l’unité affichée au sein des Républicains durant la campagne : la proximité revendiquée d’Éric Ciotti avec les idées défendues par Éric Zemmour. Si Éric Ciotti a tenu à réaffirmer sa fidélité à sa famille politique dans les minutes qui ont suivi la victoire de Valérie Pécresse, se pose néanmoins la question d’éventuels ponts entre les équipes de la candidate et le polémiste, susceptible de grignoter l’électorat LR sur son aile droite. Il n’a d’ailleurs pas manqué de lancer plusieurs appels aux militants après la défaite d’Éric Ciotti. Sur ce point, Patrick Stefanini tient à marquer la distance : « Je connais Éric Zemmour depuis longtemps, comme journaliste politique au début des années 1990, et ensuite comme polémiste, un exercice dans lequel il a fait preuve d’un certain talent, mais avec des idées et des références historiques qui ne sont pas les nôtres », conclut-il.