Chacun de ses ouvrages est attendu avec impatience par son public. Peut-être parce qu’ils touchent à l’intime, poussent à l’introspection, montrent la vulnérabilité des êtres humains. Même en cette période trouble, elle ne change pas de crédo : « Il faut aimer les autres, il faut croire encore en l’humanité et se dire qu’il y a des gens extraordinaires sur cette planète », affirme la romancière.
Une fiction du réel
Elle aime par-dessus tout donner « à voir ce qu’on ne veut pas dire et ce que l’on tait », ou ce que l’on cache. Dès son premier roman, Les oubliés du dimanche, elle aborde la douloureuse question de la relégation des personnes âgées dans des mouroirs : « Ça m’est insupportable. (…) Réduire les aidants, les soignants, le nombre de lits. (…) On se fiche des personnes dans ces lits, il faut que ça rapporte beaucoup d’argent. Quand on pense que dans certains Ehpads, des personnes âgées meurent de faim. Dans des sociétés comme les nôtres, ça n’est pas possible ! » s’indigne Valérie Perrin, avant d’enchainer : « On peut juger une société dans sa façon dont elle traite ses personnes âgées. C’est un trésor, les personnes âgées, il faut en prendre soin », alerte-t-elle.
L’abandon la bouleverse
La cause animale tient aussi à cœur à la romancière : « Les animaux, la façon dont on les traite, ça raconte aussi beaucoup de nos sociétés, sur ce sujet je suis assez engagée », confirme-t-elle. Des causes reliées par une attention commune portée au thème de l’abandon : « Il y a souvent le thème de l’abandon et du lien du cœur dans mes romans et je trouvais la métaphore magnifique sur l’animal abandonné qui a une seconde chance, ce qui arrive souvent à mes personnages. (…) C’est très important pour moi et j’ai beaucoup de mal à expliquer pourquoi. J’ai été élevée par des parents aimants mais ça me touche énormément, ça me bouleverse. L’enfant qu’on peut aimer même s’il n’est pas le nôtre. »
« Je ne me sentais pas bien dans la vie d’école » raconte Valérie Perrin
Valérie Perrin est la fille d’un joueur de football semi-professionnel et ouvrier, tandis que sa mère était commerçante. Née dans les Vosges, elle a grandi à Gueugnon, petite ville de Bourgogne : « Je suis très attachée à cette ville, à ses habitants. Il y a eu énormément de communautés étrangères qui sont venues travailler dans cette ville, j’ai grandi avec des copines algériennes, polonaises, italiennes… C’était une véritable richesse », estime-t-elle.
Celle qui a arrêté l’école en Première, sans le bac en poche, est aujourd’hui fière d’écrire des romans : « C’est un message d’espoir énorme, mais je pense que mon époque n’est plus la même, j’ai envie de dire aux enfants : ‘Essayez au moins de passer le bac, parce que même si après, vous arrêtez vos études, vous pourrez les reprendre un jour, c’est quand même le passage obligatoire aujourd’hui’. Moi j’ai arrêté très tôt parce que je ne me sentais pas bien dans cette vie d’école, mais la contrepartie c’est que j’ai énormément lu », nuance-t-elle.
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