Valls : causes et conséquences d’une lourde défaite

Valls : causes et conséquences d’une lourde défaite

C’est une claque. Manuel Valls a largement perdu la primaire. Un résultat qui s’explique par une campagne en zigzag et la volonté de renouvellement. Il bouleverse les équilibres internes au PS, où l’aile gauche était minoritaire. La tentation Macron sera grande chez certains.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Il n’y aura pas eu de miracle. Manuel Valls n’a pas réussi à inverser la tendance. Il est largement battu par Benoît Hamon au second tour de la primaire de la Belle alliance populaire. Avec un score qui oscille autour des 40%, c’est même une claque, une lourde défaite qui aura des conséquences bien au-delà de sa propre personne.

Refaisons le film. D’abord, le retrait de François Hollande, pour lequel il n’est pas pour rien, glissent les hollandais sous couvert d’anonymat. Manuel Valls annonce aussitôt sa candidature. Il commence sa campagne avec la volonté de se recentrer. Celui qui avait théorisé les gauches irréconciliables – il parlait alors de Clémentine Autain – veut rassembler cette gauche qui ne croit plus aux socialistes. Fini le premier flic de France et les coups de mentons, voici le Manuel Valls qui veut supprimer le 49.3.

Impression d’une campagne en zigzag

La limite des stratégies de campagne un peu grosse, c’est que ça se voit. Autrement dit, ça ne prend pas. Après un peu de farine puis une claque, la campagne ne s’arrange pas. Quand ça ne veut pas… Après la trêve des confiseurs, Manuel Valls cherche à refaire du Valls, au risque de donner l’impression d’une campagne en zigzag. Il revient sur ses fondamentaux : autorité, laïcité, Etat. Il entend capitaliser sur son expérience à Matignon, en profitant de sa stature d’homme d’Etat, que ses concurrents n’auraient pas.

Ça ne marche pas. Au premier tour, il n’est que second. Sur le papier, c’est mission quasi impossible. Alors dans le camp Valls, on décide de « taper » Benoît Hamon. Au risque d’hypothéquer le rassemblement. Qu’importe, il faut jouer le tout pour le tout. Son concurrent est accusé d’être ambigu vis-à-vis de l’islam radical. « Résonance avec une frange islamo-gauchiste » va jusqu’à dire le député Malek Boutih. Le temps rassembleur du début semble loin. Encore un zig zag. Quant au revenu universel, il est n’est pas réaliste et aura pour conséquence d’augmenter les impôts. Peine perdu, ces attaques n’ont pas fonctionné. Pire, elles ont peut-être renforcé Benoît Hamon.

Manuel Valls appelait à la grande clarification. Il n’imaginait pas qu’elle se ferait à ses dépends

C’est bien deux visions de la gauche qui se sont affrontées. Manuel Valls appelait à la grande clarification. Il n’imaginait pas qu’elle se ferait à ses dépends. Ce dimanche soir, c’est la direction du PS et la ligne social-libérale de l’exécutif qui sont défaits. L’aile gauche a toujours été minoritaire rue de Solférino, se limitant à être une force d’appoint ou d’opposition. C’est aujourd’hui elle qui l’emporte et prend sa revanche. Les équilibres internes au PS se retrouvent bouleversés au point que le résultat de la primaire pourrait bien accélérer la recomposition du paysage politique. La tentation Macron sera forte chez certains. A moins que les vallsistes se découvrent une vocation de frondeur…

La défaite de l’ex-premier ministre, c’est aussi celle des sortants. Après Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, Cécile Duflot, c’est une furieuse envie de renouvellement de la classe politique qui s’exprime. Elle semble puissante et prête à tout renverser sur son passage.

Dans la même thématique

Paris: Debat reforme des retraites au Senat
11min

Politique

Elections sénatoriales 2023 : EELV espère « renforcer le groupe écologiste de quelques sièges »

Alors qu’un tiers du groupe écologiste est renouvelable, soit 4 sièges sur 12, son président, Guillaume Gontard, n’a pas d’inquiétude pour le conserver. EELV mise notamment sur Paris et la Loire-Atlantique pour gagner deux ou trois sièges. Mais la division à gauche pourrait compliquer les choses. Beaucoup dépend de l’issue des discussions avec le PS.

Le

Paris:Ciotti delivers a speech to presents New Year wishes
7min

Politique

[Info Public Sénat] Immigration : que contient la proposition de loi constitutionnelle des LR ?

Déposée le 25 mai, la proposition de loi constitutionnelle du groupe LR réforme en profondeur les conditions d’accès à la nationalité française et les conditions d’accès au droit l’asile, et permet aux Français de se prononcer sur la politique migratoire par référendum. Elle entend aussi inscrire dans le marbre de la Constitution, le principe d’assimilation et le refus des communautarismes.

Le

Valls : causes et conséquences d’une lourde défaite
4min

Politique

Liens du RN avec la Russie : « Je savais que le rapport de Renaissance serait injuste, pas qu’il serait malhonnête ! », dénonce Jean-Philippe Tanguy

Invité de la matinale de Public Sénat ce jeudi 5 juin, le député RN Jean-Philippe Tanguy rappelle avoir saisi la justice contre sa collègue, la députée Renaissance Constance Le Grip. Il lui reproche d’avoir éventé le contenu d’un rapport d’enquête sur les ingérences étrangères, qui dénonce notamment la proximité du RN et de la Russie.

Le