Il n’y aura pas eu de miracle. Manuel Valls n’a pas réussi à inverser la tendance. Il est largement battu par Benoît Hamon au second tour de la primaire de la Belle alliance populaire. Avec un score qui oscille autour des 40%, c’est même une claque, une lourde défaite qui aura des conséquences bien au-delà de sa propre personne.
Refaisons le film. D’abord, le retrait de François Hollande, pour lequel il n’est pas pour rien, glissent les hollandais sous couvert d’anonymat. Manuel Valls annonce aussitôt sa candidature. Il commence sa campagne avec la volonté de se recentrer. Celui qui avait théorisé les gauches irréconciliables – il parlait alors de Clémentine Autain – veut rassembler cette gauche qui ne croit plus aux socialistes. Fini le premier flic de France et les coups de mentons, voici le Manuel Valls qui veut supprimer le 49.3.
Impression d’une campagne en zigzag
La limite des stratégies de campagne un peu grosse, c’est que ça se voit. Autrement dit, ça ne prend pas. Après un peu de farine puis une claque, la campagne ne s’arrange pas. Quand ça ne veut pas… Après la trêve des confiseurs, Manuel Valls cherche à refaire du Valls, au risque de donner l’impression d’une campagne en zigzag. Il revient sur ses fondamentaux : autorité, laïcité, Etat. Il entend capitaliser sur son expérience à Matignon, en profitant de sa stature d’homme d’Etat, que ses concurrents n’auraient pas.
Ça ne marche pas. Au premier tour, il n’est que second. Sur le papier, c’est mission quasi impossible. Alors dans le camp Valls, on décide de « taper » Benoît Hamon. Au risque d’hypothéquer le rassemblement. Qu’importe, il faut jouer le tout pour le tout. Son concurrent est accusé d’être ambigu vis-à-vis de l’islam radical. « Résonance avec une frange islamo-gauchiste » va jusqu’à dire le député Malek Boutih. Le temps rassembleur du début semble loin. Encore un zig zag. Quant au revenu universel, il est n’est pas réaliste et aura pour conséquence d’augmenter les impôts. Peine perdu, ces attaques n’ont pas fonctionné. Pire, elles ont peut-être renforcé Benoît Hamon.
Manuel Valls appelait à la grande clarification. Il n’imaginait pas qu’elle se ferait à ses dépends
C’est bien deux visions de la gauche qui se sont affrontées. Manuel Valls appelait à la grande clarification. Il n’imaginait pas qu’elle se ferait à ses dépends. Ce dimanche soir, c’est la direction du PS et la ligne social-libérale de l’exécutif qui sont défaits. L’aile gauche a toujours été minoritaire rue de Solférino, se limitant à être une force d’appoint ou d’opposition. C’est aujourd’hui elle qui l’emporte et prend sa revanche. Les équilibres internes au PS se retrouvent bouleversés au point que le résultat de la primaire pourrait bien accélérer la recomposition du paysage politique. La tentation Macron sera forte chez certains. A moins que les vallsistes se découvrent une vocation de frondeur…
La défaite de l’ex-premier ministre, c’est aussi celle des sortants. Après Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, Cécile Duflot, c’est une furieuse envie de renouvellement de la classe politique qui s’exprime. Elle semble puissante et prête à tout renverser sur son passage.