Emmanuel ne veut pas trop de Manuel. Mais Manuel est prêt, malgré tout, à le rejoindre. Ce ne sont pas les feux de l’amour, c’est la campagne présidentielle. Manuel Valls a réuni, pour la troisième fois depuis sa défaite à la primaire, ses soutiens à l’Assemblée nationale.
On sait qu’une partie des vallsistes, et même Manuel Valls, sont tentés par un soutien au candidat d’« En marche ! ». Début mars, il ne fermait pas la porte à un rapprochement, taclant sérieusement au passage la campagne de Benoît Hamon. Nouvelle salve deux semaines après, où on apprenait que l’ex-premier ministre ne parrainerait pas Benoît Hamon. Manuel Valls avait expliqué qu’il fallait préparer les conditions pour créer « une majorité parlementaire » via « des coalitions ».
François Fillon « prend en otage la campagne et sa famille politique » selon Manuel Valls
Alors, Manuel Valls va-t-il se rallier ? Ce mardi soir, Manuel Valls n’a pas apporté la réponse devant ses amis politiques, dont plus de « 80 parlementaires » selon un élu présent. Mais face à la situation avec « une grande incertitude des électeurs », « un FN très haut et surement sous-estimé », à gauche, « l'erreur stratégique du candidat issu de la primaire (Benoît Hamon, ndlr) consistant à courir après Jean-Luc Mélenchon et à mener une campagne agressive » et à droite un François Fillon qui ajoute à cette crise politique « en prenant en otage la campagne et sa famille politique », Manuel Valls entend bien « prendre ses responsabilités », a-t-il affirmé, selon un parlementaire présent sur place.
Manière de laisser la porte ouverte, sans pour autant encore faire le pas. Demain matin, Manuel Valls doit s’exprimer publiquement pour la première fois depuis la primaire sur RMC/BFM-TV. « Ça sera clair et je pense assez net » affirme un participant contacté par publicsenat.fr. Selon L’Obs, Manuel Valls va même annoncer son soutien.
Macron coupe l’herbe sous le pied de Valls
Sauf que la déclaration d’Emmanuel Macron, un peu plus tôt dans l’après-midi, complique les choses. Le candidat a en effet coupé l’herbe sous le pied de Manuel Valls, dont la rumeur d’un ralliement existe depuis quelques jours. « L’agenda caché des politiciens, je m’en méfie », « un soutien vaut une voix, pas une investiture, ni participation à la campagne ou modification du programme », a lancé Emmanuel Macron, qui prévient : les candidats investis le seront « sous étiquette de la majorité présidentielle non les étiquettes anciennes ». Et les députés élus devront « se rattacher politiquement et administrativement à cette sensibilité ». Autrement dit, Emmanuel Macron veut un seul groupe parlementaire de la majorité et veut l’argent. Le rattachement politique des parlementaires est l’une des sources du financement public des partis… Emmanuel Macron assure ne pas « fermer la porte » à Manuel Valls. Mais le candidat veut garder la main : « Il est parfois bon aussi de savoir être le maître des horloges ». A bon entendeur…
Les règles fixées par Emmanuel Macron – qui pêche peut-être ici par une forme d’arrogance de celui qui se voit déjà vainqueur – mettent à mal l’idée de « la plateforme/maison des progressistes » que Manuel Valls a de nouveau évoquée ce mardi soir.
« Nous pensons que les législatives peuvent être découplées des présidentielles »
A la sortie de la réunion des vallsistes, le député PS Gilles Savary ne partageait pas l’analyse d’Emmanuel Macron. « Nous pensons que les législatives peuvent être découplées des présidentielles. On est sur un paysage politique radicalement nouveau, qui est quadripolaire. On imagine mal que les législatives ne soient que la confirmation du raz-de-marée provoqué par le candidat élu à la présidentielle » a-t-il expliqué. Regardez :
Gilles Savary : "Nous pensons que les législatives peuvent être découplées des présidentielles"
« Nous doutons beaucoup qu’il puisse s’assurer une majorité » tout seul, « on a aura besoin de tous à gauche » prévient Gilles Savary. Qu’il le veuille ou non, Emmanuel Macron devra faire avec Manuel Valls et ses soutiens…